LE PROGRAMME DU CONCOURS DE ROME
« Le jeune boète Sophogle, à gause de sa peauté, fut le gorypliée des
atolescents adhéniens, la lyre en main, le gorps nu et barfumé,.. »
— Bougre ! c’est un suchet de sgulpture gréco-allemande !
r
« Attendu que la demoiselle Toutain prétend, sans du reste
en apporter la preuve, que la fourniture dont le prix lui est
actuellement réclamé, lui a été faite à don, devra payer les
1.500 francs demandés par le couturier. «
Donc, Mlle Toutain devra payer son couturier, sans doute
sur ses appointements d’artiste — oui, monsieur Bérenger— mais
peut-être pourra-t-elle obtenir une réduction, dans le genre de
celle obtenue par le chevalier Flôrio. Le grand couturier de la
place Vendôme (toujours lui) qui, comme son prédécesseur l’as-
tronome, ne se contenterait pas de montrer la lune pour deux
sous, réclamait le solde d’une facture de 435,000 francs, soit
263.000 francs, pour fournitures faites à une belle princesse
russe.
— Il y eut un moment, disait Baron dans Décoré, où je lui
dis : « Ali ! princesse, princesse, si vous devez également quel-
que chose à la lingère, dites-le moi. »
C’est ce qu’on appelle le moment psychologique. Le chevalier
Florio avait, sans doute, passé par ces moments psychologiques;
mais, quand même, il trouva la « douloureuse » un peu salée.
Sur le compte, figuraient des robes de bal de 2,000 à 5,000 fr.
des chemises de nuit à 650 francs qui ont dû en voir de dures
(mais, pour ce prix-là, on a droit à de la bonne marchandise) ;
des pantalons à 550 francs, fendus comme il convient, des bas
à 190 francs, ce qui ne met le bas qu’à 85 francs, l’un dans
l’autre ; 1,000 francs de mitaines. Et des déshabillés du soir
(parbleu!), et des sauts de lit du matin (quelles cavalcades!), des
loups — la princesse russe avait vu le loup — des éventails,
des mouchoirs, que sais-je? Vive la Russie, madame ! Les com-
mandes en quelques jours se succédaient avec une foudroyante
rapidité. En moyenne 22,000 francs par mois. Bref le chevalier
Florio a obtenu que la note de 263,000 francs fût réduite a
90.000 francs. On a beau être galant homme, chevalier, et Ita-
lien, et porter un nom qui fleure le printemps, on ne tient pas
à passer pour une poire d’automne? et je suis bien sûr que,
même avec cette réduction du cinquième, le couturier y gagne
encore un joli chopin. Dans ces conditions Mlle Toutain ne devrait
plus que trois cents francs.
Ma mère, ma mère,
On peut toujours essayer...
*
* *
Un professeur tortionnaire, soucieux de la coquetterie fémi-
nine, vient d’inventer un moyen de planter des cils sur le bord
des paupières.
C’est imiter quelqu’un que de planter des choux
LES POTINS DE PARIS
Par SNOB
MUe Blanche Toutain qui, lors de la dernière fête donnée
à Maisons-Laffitte, joua avec un naturel si parfait « la Belle
et la Bête », vient de perdre un procès qui intéressait toutes
les comédiennes.
« Ma cliente, disait Me Mairéaux-Delavigne, devant la
7e chambre, refuse de solder les 1.500 francs qui lui sont récla-
més, parce qu’elle payait le couturier en réclame, c’est-à-dire en
portant les robes sur la scène. »
A ce compte-là, jamais une artiste ne.devrait payer un cos-
tume de théâtre, et, après la centième comme la réclame aurait
été de longue durée, c’est la couturière qui redevrait de l'ar-
gent. Seulement, pour que cette réclame soit effective, il fau-
drait glisser quelques mots dans le texte:
— Ah! chérie, dirait l’amoureux, au moment de sa plus fou-
gueuse déclaration, comme vous êtes bien habillée! Votre robe
m’inspire! Cest tout un poème!
— Elle vient de chez Machin, rue de la Paix, répondrait la
chérie, et figurez-vous qu’il la laisse à neuf cents francs!
— C’est merveilleux! dirait l’amoureux. J’y enverrai ma mère.
Puis, la scène d’amour continuerait, tandis que, dans la salle,
les spectatrices noteraient le prix et l’adresse sur leur carnet.
Ceci expliquerait comment certaines théàtreuses qui gagnent
cent cinquante francs par mois — sans les amendes — peuvent
arborer, dans une pièce, trois robes de douze cents francs sans
en être gênées le moins du monde.
Autrefois, on suspectait leur vertu, et l’on disait: «Faut-il
qu’elle ait couché pour nous montrer de telles élégances! »
Et les matrones regardaient leur mari avec cette méfiance
qui est la mère de la sûreté. A la Comédie-Française seule,
^Administration paye les costumes modernes, pareeque la vertu
d’artistes comme Mlles Sorel, Devoyod ou Robinne ne doit
pas être plus soupçonnée que celle de la femme de César
(nous n’avons plus de César, mais nous avons encore des minis-
tres). Partout ailleurs, lorsqu’une comédienne demande au direc-
teur comment elle pourra solder les costumes fastueux néces-
saires au personnage, celui-ci répond, d'un air engageant :
— Ma petite chatte, vous ne touchez que cinq francs par soi-
rée, c’est vrai; mais vous avez les avant-scènes.
Le président Firmin Poncet n’a pas admis le vertueux système
de réclame - paiement, préconisé par Mlle Blanche Toutain.
LE VALET DE PIED
— Mais, chère amie, par le temps qui court, ces renseignements sont
ilutôt satisfaisants : on dit qu’il pourrait très bien vous chaparder vos
lijoux, mais qu’il est incapable de me serrer la vis.
« Le jeune boète Sophogle, à gause de sa peauté, fut le gorypliée des
atolescents adhéniens, la lyre en main, le gorps nu et barfumé,.. »
— Bougre ! c’est un suchet de sgulpture gréco-allemande !
r
« Attendu que la demoiselle Toutain prétend, sans du reste
en apporter la preuve, que la fourniture dont le prix lui est
actuellement réclamé, lui a été faite à don, devra payer les
1.500 francs demandés par le couturier. «
Donc, Mlle Toutain devra payer son couturier, sans doute
sur ses appointements d’artiste — oui, monsieur Bérenger— mais
peut-être pourra-t-elle obtenir une réduction, dans le genre de
celle obtenue par le chevalier Flôrio. Le grand couturier de la
place Vendôme (toujours lui) qui, comme son prédécesseur l’as-
tronome, ne se contenterait pas de montrer la lune pour deux
sous, réclamait le solde d’une facture de 435,000 francs, soit
263.000 francs, pour fournitures faites à une belle princesse
russe.
— Il y eut un moment, disait Baron dans Décoré, où je lui
dis : « Ali ! princesse, princesse, si vous devez également quel-
que chose à la lingère, dites-le moi. »
C’est ce qu’on appelle le moment psychologique. Le chevalier
Florio avait, sans doute, passé par ces moments psychologiques;
mais, quand même, il trouva la « douloureuse » un peu salée.
Sur le compte, figuraient des robes de bal de 2,000 à 5,000 fr.
des chemises de nuit à 650 francs qui ont dû en voir de dures
(mais, pour ce prix-là, on a droit à de la bonne marchandise) ;
des pantalons à 550 francs, fendus comme il convient, des bas
à 190 francs, ce qui ne met le bas qu’à 85 francs, l’un dans
l’autre ; 1,000 francs de mitaines. Et des déshabillés du soir
(parbleu!), et des sauts de lit du matin (quelles cavalcades!), des
loups — la princesse russe avait vu le loup — des éventails,
des mouchoirs, que sais-je? Vive la Russie, madame ! Les com-
mandes en quelques jours se succédaient avec une foudroyante
rapidité. En moyenne 22,000 francs par mois. Bref le chevalier
Florio a obtenu que la note de 263,000 francs fût réduite a
90.000 francs. On a beau être galant homme, chevalier, et Ita-
lien, et porter un nom qui fleure le printemps, on ne tient pas
à passer pour une poire d’automne? et je suis bien sûr que,
même avec cette réduction du cinquième, le couturier y gagne
encore un joli chopin. Dans ces conditions Mlle Toutain ne devrait
plus que trois cents francs.
Ma mère, ma mère,
On peut toujours essayer...
*
* *
Un professeur tortionnaire, soucieux de la coquetterie fémi-
nine, vient d’inventer un moyen de planter des cils sur le bord
des paupières.
C’est imiter quelqu’un que de planter des choux
LES POTINS DE PARIS
Par SNOB
MUe Blanche Toutain qui, lors de la dernière fête donnée
à Maisons-Laffitte, joua avec un naturel si parfait « la Belle
et la Bête », vient de perdre un procès qui intéressait toutes
les comédiennes.
« Ma cliente, disait Me Mairéaux-Delavigne, devant la
7e chambre, refuse de solder les 1.500 francs qui lui sont récla-
més, parce qu’elle payait le couturier en réclame, c’est-à-dire en
portant les robes sur la scène. »
A ce compte-là, jamais une artiste ne.devrait payer un cos-
tume de théâtre, et, après la centième comme la réclame aurait
été de longue durée, c’est la couturière qui redevrait de l'ar-
gent. Seulement, pour que cette réclame soit effective, il fau-
drait glisser quelques mots dans le texte:
— Ah! chérie, dirait l’amoureux, au moment de sa plus fou-
gueuse déclaration, comme vous êtes bien habillée! Votre robe
m’inspire! Cest tout un poème!
— Elle vient de chez Machin, rue de la Paix, répondrait la
chérie, et figurez-vous qu’il la laisse à neuf cents francs!
— C’est merveilleux! dirait l’amoureux. J’y enverrai ma mère.
Puis, la scène d’amour continuerait, tandis que, dans la salle,
les spectatrices noteraient le prix et l’adresse sur leur carnet.
Ceci expliquerait comment certaines théàtreuses qui gagnent
cent cinquante francs par mois — sans les amendes — peuvent
arborer, dans une pièce, trois robes de douze cents francs sans
en être gênées le moins du monde.
Autrefois, on suspectait leur vertu, et l’on disait: «Faut-il
qu’elle ait couché pour nous montrer de telles élégances! »
Et les matrones regardaient leur mari avec cette méfiance
qui est la mère de la sûreté. A la Comédie-Française seule,
^Administration paye les costumes modernes, pareeque la vertu
d’artistes comme Mlles Sorel, Devoyod ou Robinne ne doit
pas être plus soupçonnée que celle de la femme de César
(nous n’avons plus de César, mais nous avons encore des minis-
tres). Partout ailleurs, lorsqu’une comédienne demande au direc-
teur comment elle pourra solder les costumes fastueux néces-
saires au personnage, celui-ci répond, d'un air engageant :
— Ma petite chatte, vous ne touchez que cinq francs par soi-
rée, c’est vrai; mais vous avez les avant-scènes.
Le président Firmin Poncet n’a pas admis le vertueux système
de réclame - paiement, préconisé par Mlle Blanche Toutain.
LE VALET DE PIED
— Mais, chère amie, par le temps qui court, ces renseignements sont
ilutôt satisfaisants : on dit qu’il pourrait très bien vous chaparder vos
lijoux, mais qu’il est incapable de me serrer la vis.