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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0535
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LA COLÈRE DU COLONEL

— Ah! foutez-nous la paix, Q. E. B. T! Puisque vous êtes antimili-
tariste, ne gueulez donc pas tout le temps: « discipline, mot d’ordre», et
ne demandez pas à votre mouvement gréviste d’être général.

LES POTINS DE PARIS

par SNOB

Impressions d’un ami qui revient de l’Exposition de Londres :

« L’Exposition, très ordinaire, est bâtie dans le style simili-car-
ton-pierre qui caractérise l’architecture en toc de la plupart des
exhibitions. Autour de l’Exposition, un petit canal dont on fait
le tour dans des canots automobiles, avec la sensation d’évoluer
dans un bidet. Les policemen, jadis si corrects, dans leur tunique
sanglée par le ceinturon portant le bâton noir, symbole de puis-
sance, ont, eux aussi, été atteints par le relâchement général, et
arborent, maintenant, dans le service, un petit veston de cham-
bre, large, à poches, sans aucun bâton ni ceinturon. Le veston,
que nos pères eussent appelé un saute-en-barque, est aussi
décolleté que les anciens complets de Libert, L'Amant d'Amanda,
et est aussi peu militaire que possible.

« Mais, par exemple, ce qui reste superbe de tenue, c’est l’ar-
mée, et l’attitude des sentinelles qui montent la garde devant
Buckingham-Palace, raides, immobiles, l’arme au pied, ne res-
semble guère au laisser-aller de nos petits pioupious en faction
devant l’Elysée, se servant de leur fusil comme d’un support,
et causant, le cas échéant, avec le concierge du palais. La tenue
de ville est toujours très soignée, mais on a remplacé la calotte,
avec jugulaire sub-nasale, par une casquette prussienne et lie
de vin, qui est fort laide.

« Au théâtre, il y a une certaine Maud Allan qui danse, les
jambes et les pieds nus, et que nous avons vue jadis, aux Varié-
tés, dans Salomé, non sans un certain talent expressif. Elle con-
tinue. Isadora Duncan danse aussi les pieds nus, les Anglais
aiment ça. Et puis, dans tous les music-halls, la soirée se ter-
mine par l’apparition, sur le cinématographe, du portrait gigan-
tesque d’Edouard VII, et l’orchestre joue God save the king,
tandis que tous les assistants, les plus élégants comme les plus
humbles, se lèvent et saluent. Pendant ce temps, dans lesrevues,
chez nous, on représente M. Fallières, en gros homme très
commun, et on lui fait danser « la craquette »...

Je suis obligé de m’arrêter. Les électriciens, comme repré-
sailles des événements survenus à Draveil-Vigneux, viennent
d’interrompre le courant, pour un quart d’heure.

*

* *

. Repassons vite la Manche, et rentrons dans notre doux

pays, pour y retrouver Paris aux bains de mer. Beaucoup de
monde à Dieppe où Le Gallo et Mme Lucy Jousset jouent une
revue locale assez amusante. Puis, nous avons découvert sur le
programme, le nom de Jeanne Ugalde; informations prises,

c'est la petite-fille de la fameuse Delphine et la fille de la non
moins fameuse Marguerite. Brune, alerte, très jeune, avec des
yeux de velours, elle personnifie le trottin de Dieppe, et l’An-
glaise au tennis, avec un charme indiscutable, et un aplomb qui
nous conquiert.Nous la reverrons cet hiver aux Variétés, et la
dynastie des Ugalde continuera à triompher. Le Gallo est tou-
jours amusant, mais, dame! il lui faut chanter sous l’œil de
M. Pierre Monteux,l’éminent chef d’orchestre, et il est visible
que ça gène sa fantaisie. Lucy Jousset, serpentine, onduleuse,
élégante, est très en progrès comme voix. Mais où a-t-on été
chercher les six danseuses anglaises étiques qui agitent, avec
frénésie, des tibias et des péronés qui rappellent un jeu de jon-
chets, en montrant de longues dents aussi bleues que la mer?

Dans tous les hôtels de la rue Aguado, il n’y a que des
Anglais; on ne parle qu’anglais; c’est l’invasion; mais tout ce
monde-là, pour dîner, se met en grande toilette, smoking, cra-
vate blanche et robe décolletée; tandis que nos compatriotes
gardent volontiers le complet et les souliers blancs de la
journée.

A Trouville, on observe mieux la tenue, et les diners dans les
villas de Deauville obligent à arborer l’habit noir. Malgré le
vent, la rue de Paris est toujours très animée de onze heures
et demie à midi; mais on n’a plus la boutique de cette bonne
grosse Mme Doucet, pour aller potiner. On potinait beaucoup
mais on n’achetait rien, rien, rien. Dans les vitrines, de belles
robes de dentelle et des chapeaux plus grands que jamais. A
travers les groupes pressés, circule le comte Boni de Castellane,
toujours cambré, toujours piaffant, et accompagn-é de ses deux
fils. Il entre avec eux chez le pâtissier. C’est un bon papa.

Au Grand-Hôtel Machin, les foules demeurent béantes d’ad-
miration devant le merveilleux chef d’orchestre tzigane et
devant son orchestre endiablé qui tantôt joue des pas redoublés
à vous donner envie de sauter en l’air, avec une grande
joie de vivre, tantôt exécute la marche de Ragotzky, pleine
de cliquetis d’épés, de hourras, de tonnerre et d’éclairs,
dans une chevauchée irrésistible, avec des broderies qui scin-
tillent et'des lames qui brillent, et des aigrettes qui ondulent
sur les hauts talpaks de fourrures! Et, de temps en temps,
comme contraste, une valse bleue, lente, éveillant des idées de
baisers effleurés et d’amours raffinés.

Nouvel arrêt de lumière. Les électriciens, pour répondre aux
événements de Villeneuve-Saint-Georges, nous coupent le cou-
rant pendant dix minutes.

*

* *

... Entre deux courses, sur la pelouse de Deauville, on cause
beaucoup de « la Crapaudine ». « La Crapaudine » est un tout
petit chalet, situé près de Trouville, à Blonville-sur-Mer. Des
gens qui passaient par là s’y sont arrêtés en auto, et ont vu là,
parfaitement heureux, dans la maisonnette normande endormie
dans la verdure, M. et Mme Léopold Wolfling, ou, si vous pré-

LE TOUT-PUISSANT MAITRE DE LA LUMIÈRE

— Mon gros, ne regarde donc pas le portrait du citoyen Pataud en to,
couchant; t’es capable de rester éteint toute la nuit
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