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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0615
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L. . t\A

ÉPILOGUE ü'

— Tu penses â mon petit cadeau, dis, bébé?

— Chut! La question ne sera pas posée!

LES POTINS DE PARIS

Par SNOB

A Fontarabie. Dans une rue étroite, tortueuse, dont les vieil-
les maisons rapprochées laissent à peine apercevoir une bande
de ciel radieux, une population grouillante, à tous les balcons
drapés de rouge et de jaune, aux couleurs espagnoles, huchée
sur les bornes, massée en haie sur les trottoirs qui montent
vers la cathédrale gothique et la tour de Charlemagne.

Et, dans ce décor d’un romantisme si spécial, défile lentement,
au milieu des vivats, un cortège bizarre. D’abord, des sapeurs
coiffés d’immenses bonnets, en peau de mouton blanc; de fausses
moustaches et de fausses barbes sont collées à la jugulaire
comme sur un masque japonais; le costume est complété par un
tablier en cuir brun, et une hache rouillée portée fièrement sur
l’épaule droite.

Après, un tambour-major, très grand, très vieux, très sec,
ridé comme une pomme cuite, et le chef surmonté d’un colback
à torsades datant, sans doute, du premier Empire. Il manie, non
sans habileté, une canne à pomme d’or. Derrière lui, des musi-
ciens en béret rouge font rage. Puis, j’aperçois, à cheval, très
grave, l’air embêté, un officier en bicorne, épée à la main, délé-
gué, sans doute, pour représenter l’armée; puis, également à
cheval, un brun, trop joli, avec une touffe de cheveux frisés sor-
tant de sous le béret blanc, une petite moustache en virgule, et
un torse bombé dans un dolman de drap blanc à brandebourgs
d'or; et derrière ces deux officiers, une troupe hétéroclite de
braves guypuzquais, avec des galons cousus sur de vieux ves-
tons, des fusils à pierre, mais surtout des figures glabres, tannées,
presque nègres, d’une extraordinaire énergie, sous le béret bleu
enfoncé jusqu’aux yeux. Devant chaque compagnie, il y a, non
pas des officiers, mais de jeunes cantinières, très jolies, bien
coiffées, gantées de blanc, et revêtues d’un coquet costume
d’opéra-comique, la jambe nerveuse et guêtrée, apparaissant
sous la jupe courte. On les acclame et elles envoient des bai-
sers à la foule.

Cette troupe escorte le clergé; des prêtres pansus, aux yeux
libertins, regardent les belles dames des balcons, un moine,
à barbe noire, très pâle et très beau, un Goya; des enfants de
chœur qui se bousculent en riant. Toutes les cinq minutes, la
troupe exécute en l’air de terribles feux de salve, à blanc; les
détonations se mêlent au bruit des cloches, et l’odeur de la
poudre remplace celle de l’encens; tandis que d’immenses éten-
dards aux couleurs éclatantes font flotter leurs plis soyeux à
côté des bannières sacrées agitées par le vent.

C’est véritablement superbe; je demande des renseignements
à un grand Espagnol, un voisin de trottoir; il m’explique, dans

UN PROCÈS

— Chou blanc! j’ai dû leur tirer un coup de fusil « symbolique ».

un baragouin franco-espagnol,que c’est la fête de la « bravade»,
en souvenir d’une victoire remportée sur les Français, en 1807.

Et comme je me refroidis un peu à cette nouvelle, il ajoute
bien vite :

— Longtemps..: bien longtemps... Maintenant, amis.

Et, en souriant, bonhomme, le visage éclairé par deux yeux
de chat, pailletés d’or, il m’offre une cigarette avec une fierté
d’hidalgo.

*

* *

Repassons bien vite la Bidassoa, sur ce pont frontière gardé,
d’un côté par des gendarmes espagnols, renfrognés, coiffés du
petit tricorne, sanglés dans une tunique à plastron, ceinturonnés
de buffleteries diverses, et, de l’autre côté, par des douaniers fran-
çais, l’air jovial, le képi en arrière, très à leur aise dans une
espèce de large vareuse. Trois quarts d’heure d’auto, et nous
voici revenus à Biarritz, le Paris de septembre.

Au Casino Municipal, on joue de grands opéras, avec des
artistes... de l’Opéra; au Casino Bellevue, on joue au bac, et de
minuit à quatre heures du matin. C’est le rendez-vous élégant
de ce demi-monde que l’Europe nous envie. De fort belles filles,
ma foi, cfevêtues' dans ces robes en étoffe souple qui plaquent de
partout, sur ces seins, sur ce ventre, sur ces hanches d’éphèbe
et donnent à toute silhouette féminine l’apparence de la nudité.
Il y avait une certaine demoiselle ainsi moulée dans une espèce
de fourreau rose pâle, orné, çà et là, de broderies noires, et,
lorsqu’elle se penchait sur la table de jeu, pour y jeter quelques
louis, on aurait juré une créature nue, avec quelques tatouages
artistiques et... bien placés.

Maintenant, expliquez-moi comment, aujourd’hui, toutes les
femmes sontgrandes, minces et serpentines. Elles sont arrivées
à recréer une fée magique, invraisemblable, surnaturelle, qui
s’éloigne de plus en plus du type vulgaire de l’humanité inventé
parla nature. Et des colliers de perles! Et des pendentifs en
diamants! Et des sacs d’or en mailles légères, incrustés de
pierreries. Et, sur la tête, des monuments invraisemblables,
recouverts de cinquante louis de plumes. Qui paye tout cela?

Le jeu? Mais elles ont toutes des mines navrées et proclament
leur ruine.

L’amour, alors? Mais les hommes sont tellement absorbés par
les émotions des bancos, des abattages et du tirage à cinq, qu’ils
ne regardent pas les admirables personnes qui pontent la lorte
somme à leur côté, ou s’appuient sur leur dos rebondi, pour ris-
quer leur mise, en les effleurant de leurs poitrines poudrederizées.

On ;i rendu l’honneur aux croupiers, c’est-à-dire qu’on leur a
rendu l’habit, ce frac dédaigné parles croque-morts. A Aix-les-
Bains, un moment, on avait trouvé que l’habit permettait trop
de poches d’intérieur, sans compter les deux goussets du gilet
ouvert — trop ouvert! Et on les avait obligés à endosser une

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