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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0695
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ENTRACTE A L OPERA (APRES UNE HEURE CINQUANTE-NEUF DE « CREPUSCULE DES DIEUX »)
C’est embêtant de se mettre à table quand on a déjà une indigestion...

A BATONS ROMPUS

On annonce l’inauguration prochaine du monument élevé à
Péan. Ceci me remet en mémoire le débat tragi-comique qui
arma ce chirurgien fameux, vers la fin de sa carrière, contre un
de ses collègues.

O Muse, redis-moi la grande colère de l’illustre Péan, dit « le
Rempart de la Forcipressure » et l’ire inextinguible du docteur
Verneuil, surnommé « le Tombeur de la Pince hémostatique ».

Cette lutte au scalpel amusa infiniment la galerie. En voici
l’origine : Péan affirmait avoir inventé, sinon la poudre, la
méthode qui consiste à pincer les vaisseaux — exprimons, en
passant, nos condoléances à l’infortuné M. Thomson — à pincer
les vaisseaux, disons-nous, au lieu de les fermer par des liga-
tures au cours des opérations chirurgicales. Mais son concur-
rent (rien n’était sacré pour ce sapeur de réputations! préten-
dait que ce mode d’hémostase remontait aux plus- lointaines
origines de la chirurgie, c’est-à-dire, sans doute, à l’autopsie
pratiquée sur Abel par Ca'in.

Là-dessus, Péan, dont on méconnaissait la gloire, vit rouge —
une fois de plus —- et se fâcha de la même couleur. Il lança à
son contradicteur un défi retentissant, le conviant à une manière
de combat vraiment singulier : ce texte belliqueux se trouve
dans la collection du Bulletin Médical, savante publication
accoutumée à enregistrer des « communications » d’un tout
autre ordre.

Péan commence par déclarer qu’il pourrait se dispenser de
répondre à un adversaire qui « a donné en tant de circonstances
des preuves manifestes de sa mauvaise foi ». Mais, « à cause de
la situation scientifique de son contradicteur », il se résout « à
s’atteler à une besogne devenue indispensable aussi bien que
répugnante ». Et il ajoute : « Jamais le mot, si souvent cite, ne
se trouva mieux en situation : Il est des morts qu'il faut qu’on
tue. »

Même des morts! Cet excès de zèle professionnel ne vous
paraît-il pas sublime? Macabre aussi, peut-être?

Quoi qu’il en soit, le grand Péan fit bien de « sortir de son
habituelle réserve » : sa lettre surpasse en comique les plus
plaisantes inventions antimédicales de Molière.

- Que le lecteur se rassure! poursuivait le Maître. Il n’aura
pas à rougir de nous lire; nous ne prétendons pas l’égayer,
mais l’instruire. La langue que nous emploierons sera la langue
claire et correcte de nos pères, qui vaut bien, à notre avis, le
langage des chevaliers du crochet ou l’argot des beaux mes-
sieurs de la barrière. Nous resterons aussi éloignés des basses
trivialités que des néologismes audacieux. »

Et tout de suite, après ce préambule rassurant, on voit, dans
une langue indiscutablement claire — et correcte, donc! — le
docteur Verneuil comparé à l’un de ces « chefs de bande qui
distribuent le butin de ceux qui ont pillé entre compagnons ».

Puis, le pauvre Verneuil est vingt fois pris « en flagrant délit
d’ignorance » : fl confond la forcipressure de nécessité et la
forcipressure procédé de choix. Il ne sait pas la différence qu’il
y a entre les chirurgiens aplatisseurs et les chirurgiens com-
presseurs. (Si c’est, dieux, permis!) Son érudition est mal digé-
rée. Il a dépouillé ses plus illustres confrères. Il est au ban de
la profession, etc..

C’était, vous le voyez, une belle polémique!

Et l’irascible Péan aboutissait à cette conclusion terrifiante :
il provoquait dédaigneusement son confrère à un match profes-
sionnel devant une assemblée nombreuse, « comprenant le plus
grand nombre possible de chirurgiens » — le scalpel au peuple,
quoi !

Et voici les conditions de ce-grand tournoi médical : « Je vous
propose le choix entre les opérations suivantes... (ici, je coupe
— moi aussi — la description de trois épouvantables charcute-
ries, ablations de tumeurs énormes, etc., etc.). Libre à vous
d’utiliser tout l’arsenal instrumental de vos cent ancêtres. Je
n’aurai, pour ma part, recours qu’à mes multiples variétés de
pinces. Prenant en pitié votre embarras, je vous accorde, à la
rigueur, le droit de vous servir de mes pinces hémostatiques. »

Ainsi, le grand morticole rendait des points, sûr de vaincre :
Io, Péan !

Le match n’eut pas lieu : ni 1 Auto, niles Sports n’existaient
à cette époque, et nul spécialiste ne se rencontra pour assurer
l’organisation de cette épreuve sensationnelle. C’est égal, je
n’aurais pas voulu être malade dans le service de ces deux
joueurs !

*

* *

Et, d’ailleurs, il ne saurait être question de rire; une grave
nouvelle se répand : la dernière comète, exactement la troisième
en date de cette année, a subitement perdu sa queue !

C’est M. Bigourdan, de l’Observatoire de Paris, qui a constaté
cette disparition, et cette queue absente cause autant d’émoi
dans le Landerneau scientifique que .jadis, dans Athènes, l’appen-
dice caudal manquant au chien d’Alcibiade. >

Ce phénomène sans précédent déconcerte tout le monde.
La queue a-t-elle été volée? A-t-elle simplement été arrachée
par accident, prise dans quelque engrenage de la mécanique
céleste? Mystère. L’enquête se poursuit dans les ténèbres ; on
a seulement pu établir que, le 15 septembre dernier, la comete
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