LA RECETTE... CULINAIRE
(Suite et fin des variations humoristieo-te'tralogiques
sur la boustijaille à VOpéra.)
— Ce soir on a fait le maximum.
— . ?
— Au buffet. .
A BATONS ROMPUS
Les femmes, décidément, semblent résolues à envahir toutes
les professions : elles ne se contentent plus de défendre, à la
barre, le veuf et l’orpheline, de s’adonner à la morticulture, de
conduire des sapins et tacots. On a signalé récemment une
femme affiche use, une aviatrice, une peintre en bâtiment. Et,
maintenant voici les femmes scaphandriers!
Elles sont trois, comme les Grâces : elles ont subi, avec suc-
cès, leurs examens à Londres, à Tilbury-Docks. Deux d’entre
elles sont d’anciennes infirmières, qui abandonnent le lit des
malades pour celui de la Tamise, et les bols de tisane pour la
« grande tasse ». La troisième appartenait déjà, par alliance du
moins, à la corporation : Mms Mitchell est, en effet, épouse et
belle-fille de scaphandriers. Quand on a un mari et un beau-
père sous l’eau, il est naturel qu’on désire leur tenir compa-
gnie.
Je ne pense point qu’en élisant une telle profession, ces
dames aient obéi à la coquetterie habituelle à leur sexe ; le cos-
tume des plongeurs se prête mal aux enjolivements avantageux,
et les plus galants des poètes, en voyant une scaphandrière re-
paraître à la surface, ne songeront certes pas à la comparer à
Vénus sortant de l’onde. A quel mobile ont donc cédé ces Né-
réides vingtième siècle? Thétis the question.
En tout cas, cette initiative est respectable : sous leur pesant
harnachement, chaussées de bottes aux semelles de plomb de
vingt kilos, ces plongeuses ne sauraient être considérées comme
des femmes légères,
*
Si l’on écoutait la doctoresse Pelletier, nous en verrions bien
d’autres ! Equitable, cette théoricienne expose qu’en réclamant
pour les femmes les droits dont jouissent les hommes, elle en-
tend aussi leur imposer les mêmes devoirs, et notamment le
devoir militaire. La femme, si l’on en croit Mme Pelletier, sera
donc soldat.
J’ai beaucoup de mal à prendre cette proposition au sérieux;
malgré tous mes efforts, je n’arriverai jamais à mettre dans le
même sac mes préoccupations féminines, voire féministes, et le
souci de la défense nationale. Auprès d’une jolie femme, fût-elle
pantalonnée de rouge, ce n’est jamais à la trouée des Vosges que
je penserai, mais plutôt à persuader cette pioupiou de retirer son
falzar garance !
Je ne conçois la femme-soldat qu’au music-hall : j’ai souvenir
d’une scène de revue où j’admirai, travestie, une sacrée petite
caporal préposée aux cuisines, dont j’eusse bienfait mon « ordi-
naire », et un amour de sergent-fourrier, dont les baguettes me
furent tout de suite sympathiques.
Mais transporter des planches sur le terrain de manœuvres
ces militaires de fantaisie, non, et non! La nature, d’ailleurs, a
créé la femme pour recevoir des coups, et non pour en donner.
En outre, le métier des armes exige de celui qui l’exerce une
abnégation constante, dont n’est point capable une fille d’Eve,
puisque les moins intéressées d’entre elles ne peuvent se dis-
penser de se rappeler, au moins une fois par mois, qu’elles
ont un service spécial. (Ou, si ce rappel ne vient pas, il leur
faut tout de suite une permission de neuf mois, peu compatible
avec les nécessités du service!)
Je ne crois pas, au surplus, que, même, parmi les plus belli-
queuses suffragettes, la doctoresse Pelletier trouve beaucoup
d’adhérentes à son curieux projet. Les femmes désirent moins
entrer dans l’armée que... le contraire. Elles se moquent du
camp-dira-t-on, aiment mieux coucher dans leur lit que sur les
positions de l’ennemi, rêvent de corps-à-corps où la baïonnette
du fusil modèle 86 (modifié en 93) n’a rien à faire, et, fort insou-
cieuses de la hiérarchie, préfèrent le vigoureux hommage d’un
jeune sous-lieutenant au bâton de maréchal.
*
* *
A la Sorbonne, la « session de novembre » bat son plein, celle
où les aspirants bacheliers, recalés en juillet, tentent de se repê-
cher. Les pauvres potaches tâchent d’éblouir la Faculté par
l'étalage des leurs. Des professeurs, oublieux de leurs propres
poutres ophtalmiques cherchent, dans les yeux en pleurs des
cancredidats, la paille humide des bachots.
Combien, dans ces heures d’angoisse, les infortunés rhétori-
ciens déplorent les jours de flâne consacrés à lire la Guerre
des dieux, qui passait de main en main, ce pourquoi on appelait
le volume : le Parny mutuel!
Comme ils déplorent, maintenant, d’avoir, pendant leur année
scolaire-, éphèbes imprudents au front précocement pâli par les
veilles, émietté tant d’heures dans les brasseries de femmes sans
pouvoir échapper à l’inéluctable verseuse — cette Hébé de Da-
moclès!
Uniquement adonnés à 1 étude des péripatéticiennes qui ne
font que songer à mâle, iis ontcru, trop longtemps, que l’éduca-
(Petite chanson d'homme Siouæ, composée par un rigolo du Mississipi.)
Quoi qu’a le taffetas gommé?
— Le brillant!
Qui que le Taft a dégommé?
—- Le Bryanl
(Suite et fin des variations humoristieo-te'tralogiques
sur la boustijaille à VOpéra.)
— Ce soir on a fait le maximum.
— . ?
— Au buffet. .
A BATONS ROMPUS
Les femmes, décidément, semblent résolues à envahir toutes
les professions : elles ne se contentent plus de défendre, à la
barre, le veuf et l’orpheline, de s’adonner à la morticulture, de
conduire des sapins et tacots. On a signalé récemment une
femme affiche use, une aviatrice, une peintre en bâtiment. Et,
maintenant voici les femmes scaphandriers!
Elles sont trois, comme les Grâces : elles ont subi, avec suc-
cès, leurs examens à Londres, à Tilbury-Docks. Deux d’entre
elles sont d’anciennes infirmières, qui abandonnent le lit des
malades pour celui de la Tamise, et les bols de tisane pour la
« grande tasse ». La troisième appartenait déjà, par alliance du
moins, à la corporation : Mms Mitchell est, en effet, épouse et
belle-fille de scaphandriers. Quand on a un mari et un beau-
père sous l’eau, il est naturel qu’on désire leur tenir compa-
gnie.
Je ne pense point qu’en élisant une telle profession, ces
dames aient obéi à la coquetterie habituelle à leur sexe ; le cos-
tume des plongeurs se prête mal aux enjolivements avantageux,
et les plus galants des poètes, en voyant une scaphandrière re-
paraître à la surface, ne songeront certes pas à la comparer à
Vénus sortant de l’onde. A quel mobile ont donc cédé ces Né-
réides vingtième siècle? Thétis the question.
En tout cas, cette initiative est respectable : sous leur pesant
harnachement, chaussées de bottes aux semelles de plomb de
vingt kilos, ces plongeuses ne sauraient être considérées comme
des femmes légères,
*
Si l’on écoutait la doctoresse Pelletier, nous en verrions bien
d’autres ! Equitable, cette théoricienne expose qu’en réclamant
pour les femmes les droits dont jouissent les hommes, elle en-
tend aussi leur imposer les mêmes devoirs, et notamment le
devoir militaire. La femme, si l’on en croit Mme Pelletier, sera
donc soldat.
J’ai beaucoup de mal à prendre cette proposition au sérieux;
malgré tous mes efforts, je n’arriverai jamais à mettre dans le
même sac mes préoccupations féminines, voire féministes, et le
souci de la défense nationale. Auprès d’une jolie femme, fût-elle
pantalonnée de rouge, ce n’est jamais à la trouée des Vosges que
je penserai, mais plutôt à persuader cette pioupiou de retirer son
falzar garance !
Je ne conçois la femme-soldat qu’au music-hall : j’ai souvenir
d’une scène de revue où j’admirai, travestie, une sacrée petite
caporal préposée aux cuisines, dont j’eusse bienfait mon « ordi-
naire », et un amour de sergent-fourrier, dont les baguettes me
furent tout de suite sympathiques.
Mais transporter des planches sur le terrain de manœuvres
ces militaires de fantaisie, non, et non! La nature, d’ailleurs, a
créé la femme pour recevoir des coups, et non pour en donner.
En outre, le métier des armes exige de celui qui l’exerce une
abnégation constante, dont n’est point capable une fille d’Eve,
puisque les moins intéressées d’entre elles ne peuvent se dis-
penser de se rappeler, au moins une fois par mois, qu’elles
ont un service spécial. (Ou, si ce rappel ne vient pas, il leur
faut tout de suite une permission de neuf mois, peu compatible
avec les nécessités du service!)
Je ne crois pas, au surplus, que, même, parmi les plus belli-
queuses suffragettes, la doctoresse Pelletier trouve beaucoup
d’adhérentes à son curieux projet. Les femmes désirent moins
entrer dans l’armée que... le contraire. Elles se moquent du
camp-dira-t-on, aiment mieux coucher dans leur lit que sur les
positions de l’ennemi, rêvent de corps-à-corps où la baïonnette
du fusil modèle 86 (modifié en 93) n’a rien à faire, et, fort insou-
cieuses de la hiérarchie, préfèrent le vigoureux hommage d’un
jeune sous-lieutenant au bâton de maréchal.
*
* *
A la Sorbonne, la « session de novembre » bat son plein, celle
où les aspirants bacheliers, recalés en juillet, tentent de se repê-
cher. Les pauvres potaches tâchent d’éblouir la Faculté par
l'étalage des leurs. Des professeurs, oublieux de leurs propres
poutres ophtalmiques cherchent, dans les yeux en pleurs des
cancredidats, la paille humide des bachots.
Combien, dans ces heures d’angoisse, les infortunés rhétori-
ciens déplorent les jours de flâne consacrés à lire la Guerre
des dieux, qui passait de main en main, ce pourquoi on appelait
le volume : le Parny mutuel!
Comme ils déplorent, maintenant, d’avoir, pendant leur année
scolaire-, éphèbes imprudents au front précocement pâli par les
veilles, émietté tant d’heures dans les brasseries de femmes sans
pouvoir échapper à l’inéluctable verseuse — cette Hébé de Da-
moclès!
Uniquement adonnés à 1 étude des péripatéticiennes qui ne
font que songer à mâle, iis ontcru, trop longtemps, que l’éduca-
(Petite chanson d'homme Siouæ, composée par un rigolo du Mississipi.)
Quoi qu’a le taffetas gommé?
— Le brillant!
Qui que le Taft a dégommé?
—- Le Bryanl