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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0807
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Un seul directeur.

Un seul musicien à l’orchestre, un seu. chanteur, une seule danseuse...
voilà le vrai moyen d’éviter tout conflit et de réaliser de sérieuses écono-
mies.

A BATONS ROMPUS

Jeme demande pourquoi ses contemporains et la postérité ont
tant blagué « Monsieur » Ingres pour ce qu’il se considérait
surtout comme un excellent violoniste. Personne n’échappe à
cette innocente manie qui consiste à vouloir briller hors de son
« emploi ». Un de mes amis, le meilleur de tous mes amis, un
brave garçon qui gagne sa vie tant bien que mal à débiter des
chroniques et des romans, étiquetés « rigolos », n’a d’estime que
pour un lourd bouquin d’histoire, qu’il pondit à grand labeur,
Le Mariage de Louis XV, de vente malaisée, et, d’ailleurs, sou-
verain contre les insomnies...

Pour ne prendre, entre mille, qu’un exemple plus fameux,
rappelez-vous Waldeck-Rousseau, que les attaques de ses ad-
versaires et les félicitations de ses amis, àlaChambre, laissaient
insensible, mais de qui la glace fondait, dans l'intimité, quand
un roublard célébrait son talent d’aquarelliste ou son habileté
de pêcheur à la ligne!

Au surplus — de même que dans une expérience de physique
bien connue — les « violons d’Ingres » font vibrer chez le public
la corde sensible. On les plaisante un peu, mais on les applau-
dit avec ferveur : les acclamations soulevées, naguère, lors de
sa belle création de Marc-Antoine dans le Jules César de MM.
William Shakespeare et Louis de Grammont, par le tragédien
de Max, il les a retrouvées, plus nourries encore, si possible,
dans l’amusante revue de Sacha Guitry, où il parodie, avec une
outrance impitoyable et, du reste, très drôle, Mlle Lucienne
B réval.

Si, demain, il prenait fantaisie à MmR Bartet de se produire
sur la scène d’un music-hall dans un répertoire de « gommeuse »,
la foule assiégerait jour et nuit le bureau de location. Baron et
Augustine Leriche, s’attaquant à Phèdre, obtiendraient vingt
rappels (approximativement), et, mieux que le tapageur Foyer,
une sensationnelle reprise de Chatnpignol malgré lui, avec Mou-
net-Sully dans le rôle de Champignol, arrondirait ia part des
sociétaires de la Comédie-Française.

Ce goût du public pour les talents fourvoyés est si vif que, pour
pallier le dommage causé à l’Opéra par le départ — qui a
failli se produire — du parfait musicien qu’est André Messager,
il aurait suffi peut-être queM. Clemenceau remplaçât au pupitre
du chef d’orchestre, durant les représentations du Crépuscule

des Dieux, le directeur démissionnaire. Evidemment, l’exécution
de l’œuvre aurait pu en souffrir quelque peu; mais vous auriez
vu quelle recette !... Et puis les rares personnes, qui vont à
l’Opéra, non par snobisme, mais par amour de la musique,
auraient toujours eu, du moins, la joie pure d’entendre Brün-
nhild-Grandjean — qui les eût consolées de bien des choses.

*

* *

Le don que la \ lupart des hommes de ce temps se flattent de
posséder — de préférence, bien entendu, aux qualités qui les
font vivre — est le flair: non pas le flair de l’artilleur (on n’est
plus si militariste 1) mais celui du policier. Il n’est homme, ni
femme, qui ne se croie une manière de Sherlock Holmes (je fais
exception, cela va de soi, pour les policiers de carrière, qui, eux,
n’ont aucune prétention professionnelle et de qui, à la vérité,
la modestie paraît correspondre à une juste appréciation de leur
valeur .

Ainsi, vous avez peut-être entendu parler de la mort, dans des
circonstances assez mystérieuses, d’un peintre — son nom m’é-
chappe — qui demeurait, je crois, à Vaugirard? Le nombre
d’hypothèses et de raisonnements sagacement déduits que j’ai
entendu émettre, au sujet de ce décès suspect, dans les salles
de rédaction, au café, dans le Métro, et jusque dans mon entou-
rage immédiat, est stupéfiant. Chacun a sa version et développe
son thème!

Les plus enragés de ces détectives-amateurs sont, assurément,
les gens de lettres. Cependant, par une juste compensation, un
grand nombre de fonctionnaires de la Préfecture de Police
s’essaient à la littérature. Un personnage, que j’ai juré de ne
pas nommer — il approche de très près M. Hamard — m’a con-
fié ce grand secret, que je me reprocherais de ne point trahir:

— Nous songeons à fonder un journal...

— Bah? Un journal corporatif, je pense?

— Mais non! un journal pour tout le monde, un grand jour-
nal, et quotidien... Nos rédacteurs seraient fournis par le per-
sonnel des commissariats. Puisque les journaleux se chargent
de notre besogne, il serait piquant — c’est un grand coup que
nous allons frapper — que nous assumassions la leur.

— Frappe, et assume!

— Et puis, nous avons une idée originale...

— Vous ne vous fichez pas de moi?

— Quand je dis « nous avons », je cherre un peu. L’idée est
originale, mais elle émane, je crois, de Tristan Bernard, qui la
lança jadis — il y a si longtemps qu’il ne doit plus s’en souve-
nir — et ne l’exploita point. Nous, nous l’exploiterons: « Pour-
quoi, a dit votre confrère à la barbe d’ébène, l’information ayant

LE VÉRITABLE PORTRAIT DE « TANTE I.ILY »

La Providence des lionnes pauvres qui se paient, pour vingt-neuf francs
quatre-vingt-quinze, des robes de cent louis.
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