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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0008

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ON DIT QU’UNE DAME DE LETTRES POSE SA CANDIDATURE A L’ACADÉMIE

— Auquel des six fauteuils vacants 9

—■ A quatre au moins... eu égard au bagage considérable que j’ai
derrière moi.

A BATONS ROMPUS

Je manquerais à tous mes devoirs de chroniqueur si je ne com"
mençais par verser un pleur sur cette malheureuse année 1908
qui meurt après 366 jours seulement d’existence. Déplorable
fragilité des choses humaines !

Aussi bien, la défunte sera peu regrettée, encore qu’elle ne
laisse pas d’héritage, sinon quelques scandales (mais nous com-
mençons à nous blaser là dessus). Elle fut morose et déplora-
blement humide ; ses pluies presque incessantes n’ont pu plaire
qu’aux seuls partisans du système d’éloquence hydraulique cher
au maréchal de Mac-Mahon, qui ont pu rééditer quasi quotidien-
nement une exclamation classique et particulièrement propre à
faire sympathiser les personnes qui se la renvoient, attendu que
les « Que d’eau! » entretiennent l’amitié.

1908 ainsi congrument expédiée, il sied maintenant que je
salue à son aurore la jeune 1909 et que j’adresse à mes lecteurs
des vœux dépourvus de toute arrière-pensée maligne (honni
souhait qui mal y pense !) Je souhaite donc à chacun d'eux une
santé aussi inaltérable que les photographies de la maison (case
à louer), et de gagner tous les groslots des innombrables loteries
en cours d’exploitation : on voit que je fais bien les choses.

Je veux croire qu’ils n’hésiteront pas à formuler en ma faveur
un souhait identique, et, à ce propos, je fais remarquer à la Pro-
vidence qu’elle a là un excellent moyen d’acquérir un fort
regain de popularité, en même temps que des droits impres-
criptibles à ma reconnaissance : en effet, comme je ne possède
aucun billet d’aucune tombola, il y aurait incontestablement
miracle si, au tirage, quelque sac de deux ou même de cinq cent
mille balles tombait dans ma profonde. C’est ça qui clouerait le
bec aux suppôts de l’athéisme !

*

* *

Bien que leur nombre diminue, les expéditeurs de cartes de
visite forment encore une majorité imposante. Etrange manie
que la leur : je vous demande un peu quelle joie je puis res-
sentir en recevant, sur du carton blanc, soit le nom de types que
je vois tous les jours, soit celui de certaines personnes entre-
vues jadis, et si formellement oubliées !

Chacun proclame cette mode inepte, et pourtant, du 15 dé-
cembre au 15 janvier, plusieurs millions de Français promènent
une langue qui se dessèche sur le derrière d’innombrables
timbres à cinq centimes et confectionnent d’une main fébrile des

formules de politesse; le soir, quand, abruti par cette morne
besogne, on souhaiterait quelque repos, il faut décacheter les
envois de gens, qui, en vertu des mêmes us, et en maugréant
pareillement contre une si sotte coutume, ont tenu à vous
envoyer « leurs meilleurs vœux » ou « leur plus cordial sou-
venir ».

Parfois, pourtant, un peu de gaité vient éclaircir cette besogne
maussade ; telle carte imprévue fait sourire : celle-ci, par
exemple, à moi adressée par un brave Pandore, je ne sais plus
quand, je ne sais plus où, au cours de quelque villégiature :

AIMÉ BOGHAERT
gendarme à cheval et sa dame.

Et cette autre, charmante de vanité naïve :

O. D’HUBOY

voisin de campagne de M. le Ministre de l’Intérieur.

Un autre daim, reprenant avec sérieux une qualité jadis
inventée par le regretté Paul Masson, ce roi des fumistes, s’in-
titule : auditeur au Collège de France. Si celui-là ne fait pas un
riche mariage...

Pour finir, reproduisons le texte que nous envoie, sur bristol
glacé, notre confrère belge Rhamsés II (je crois que c’est un
pseudonyme) :

RHAMSÈS II
Président de la Ligue
pour la suppression des cartes de visite.

Etterbeek (Brabant).

*

* *

Quelques prédictions à présent.

.Si mes calculs sont exacts, l’année 1909 se composera d’une
douzaine de mois, comprenant trente ou trente et un jours
chacun, à l’exception d’un seul (je crois pouvoir affirmer que ce
sera le mois de février) qui ne comptera guère que vingt-huit fois
vingt-quatre heures. Elle débutera par une période froide, pro-
bablement accompagnée de neige et de gel, à laquelle succédera
une période plus tempérée où les (leurs et les feuilles L-ront leur
apparition; puis viendra une saison chaude, suivie elle-même
d’une dernière saison, correspondant aux mois automnaux, qui
sera particulièrement belle, si elle n’est pas pluvieuse; le mois
de décembre ramènerait la froidure.

La vigne réussira mal dans la Picardie, la Normandie, la
Bretagne et les Flandres. Peu de houblon dans les Alpes-Mari-
times. La récolte des figues sera à peu près nulle dans la Cham-
pagne pouilleuse. Ni le Bordelais ni la Bourgogne ne pourront
fournir de cidre pour l’exportation. La pêche à la sardine sera

trente et un décembre

La voilà bien, la femme X (drame ou vaudeville ?) avec ses 365 re-
présentations.
 
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