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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0011
LES VILAINS MASQUES
Je grouillais tranquillement dans les ... quand il m’arriva d’être envoyé dans la vie, où j’entrai par la porte
limbes... ordinaire. Oh! les deux vilains masques qui m’accueillirent à l’arrivée!
Ils me remirent à un personnage gro-
tesque qui semblait en baudruche et
qui, alternativement m’étouffait entre
ses deux ballons ou s’escrimait avec ses
mains de beurre claquantes sur les miens.
Puis de sombres pantins reçurent la
mission de me tourmenter.
Vers ma quatorzième année, ce fut la
cuisinière de ma maman qui prit mon...
cœur, sans façon. (Je crois devoir signa-
ler le fait à la Société pour le sauve-
tage de l’enfance, bien qu’il remonte à
une quarantaine d’années.)
Plus tard, je fus victime d’un mas-
que qui n’avait pas la trouille pour
trouver des motifs, sacré nom!...
A mon retour du régiment, on voulut
me marier, mais je fus mis en fuite par
la perspective de ce que deviendrait,
dans vingt ans, ma douce fiancée.
Cependant j'avais un cœur : une jeune
blanchisseuse prit l’habitude de m’apporter
mon linge le vendredi tcomme pour les
inahométans). Je ne compris pas tout
do suite la petite masque que c'était!
Je la remplaçai par une modiste qui
ne valait pas davantage ; enfin, dégoûté,
je fis comme Hercule et je suivis la
Vertu, qui me sembla plus belle.
A ce moment plusieurs héritages
m’échurent. C’était le moment d’etre
heureux, mais hélas! on ne peut pas
vivre tout seul : je fus la proie d’une
valetaille effrenée. Hou! les vilains mas-
ques qui entourèrent mon lit, quand je
tombai mortellement malade!
Enfin je sortis de la vie par la porte
ordinaire. Ouf! Ce n’est pas trop tôt
que je puisse me reposer sous les
pommiers, dans le paradis du bon Dieu,
en écoutant chanter les anges!
Dessins de Louis Mori.v.
Je grouillais tranquillement dans les ... quand il m’arriva d’être envoyé dans la vie, où j’entrai par la porte
limbes... ordinaire. Oh! les deux vilains masques qui m’accueillirent à l’arrivée!
Ils me remirent à un personnage gro-
tesque qui semblait en baudruche et
qui, alternativement m’étouffait entre
ses deux ballons ou s’escrimait avec ses
mains de beurre claquantes sur les miens.
Puis de sombres pantins reçurent la
mission de me tourmenter.
Vers ma quatorzième année, ce fut la
cuisinière de ma maman qui prit mon...
cœur, sans façon. (Je crois devoir signa-
ler le fait à la Société pour le sauve-
tage de l’enfance, bien qu’il remonte à
une quarantaine d’années.)
Plus tard, je fus victime d’un mas-
que qui n’avait pas la trouille pour
trouver des motifs, sacré nom!...
A mon retour du régiment, on voulut
me marier, mais je fus mis en fuite par
la perspective de ce que deviendrait,
dans vingt ans, ma douce fiancée.
Cependant j'avais un cœur : une jeune
blanchisseuse prit l’habitude de m’apporter
mon linge le vendredi tcomme pour les
inahométans). Je ne compris pas tout
do suite la petite masque que c'était!
Je la remplaçai par une modiste qui
ne valait pas davantage ; enfin, dégoûté,
je fis comme Hercule et je suivis la
Vertu, qui me sembla plus belle.
A ce moment plusieurs héritages
m’échurent. C’était le moment d’etre
heureux, mais hélas! on ne peut pas
vivre tout seul : je fus la proie d’une
valetaille effrenée. Hou! les vilains mas-
ques qui entourèrent mon lit, quand je
tombai mortellement malade!
Enfin je sortis de la vie par la porte
ordinaire. Ouf! Ce n’est pas trop tôt
que je puisse me reposer sous les
pommiers, dans le paradis du bon Dieu,
en écoutant chanter les anges!
Dessins de Louis Mori.v.