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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0312

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ENCORE LES SACRES P. T. T.

— Les postiers sont intolérables ! ils ne m’envoient que les — On m’avait suspendu ; mais, avec les copains, j’ai fait un tel raffut qu’on m’a

lettres dans lesquelles on m’engueule... changé ma suspension pour une suspension de salle à manger.

A BATONS ROMPUS

La dernière pensée de Chéron.

Notre brillant sous-ministre de la guerre a décidé que, doré’
navant les W.-C. des casernes devront être pourvus de papier
hygiénique.

Loin de nous la pensée de chercher, en de semblables lieux,
matière — hum ! — matière à plaisanteries; rien n’est plus
sérieux que tout ce qui concerne le bien-être du soldat. Faisons
toutefois remarquer que la mesure prise par le bienfaiteur
barbu de nos pioupious, mesure excellente en principe, n’aura
de bons résultats que si « des gradés tiennent la main à son
application », ainsi que s’exprime fortement la circulaire 696.696.

En effet, selon la remarque si judicieuse du général inspecteur
Laurent Garidou, le caractère du soldat le pousse impérieuse-
ment à attribuer aux objets un emploi auquel ils ne sont pas
destinés.

(Personnellement, j’ai pu constater qu’au 5e d’artillerie mon
voisin de lit avait une fâcheuse propension à m’emprunter ma
brosse à dents pour l’utiliser, préalablement recouverte de
tripoli, à l’astiquage de ses boutons de dolman. Tout me porte à
croire que cette pratique, essentiellement blâmable, ne doit pas
être spéciale aux régiments de la garnison de Besançon.)

Je reprends le rapport de l’inspecteur d’armées. Avec un peu
de mélancolie, cet officier général constate : « Dès qu’on eut
doté le petit équipement d’une paire de mouchoirs, le soldat
s’empressa d’en faire des chaussettes russes; en revanche, il se
moucha dans son couvre-nuque ; les chaussettes qu’on lui a
offertes récemment se sont, dès le lendemain, transformées en
blagues à tabac .. »

Quant au papier hygiénique dont on vient de doter les cabi-
nets régimentaires, nul doute que la fantaisie du troubade ne
lui donne bientôt une affectation imprévue de M. Chéron:

« Avant qu’il soit longtemps, ce papier mince, souple, léger,
découpé en rectangles propices, obtiendra un succès certain
dans la fabrication des cigarettes ! »

Empressons-nous d’ajouter que ces observations teintées de
scepticisme n’enlèvent rien au considérable mérite de M. Chéron,
si bien vu de toute l’armée que dernièrement, au Val-de-Gràce,
comme le professeur d’anatomie demandait à un élève : « Quelle
est la partie du système nerveux qui préside aux fonctions de la
vie végétative? » l’interpellé répondit étourdiment: « Le ché-
ron », alors qu’il pensait au « grand sympathique ! »

Une navrante statistique, établie par les soins du service de
la Sûreté, vient de démontrer une fois de plus qu’en ce triste
temps il est bien difficile de gagner sa vie.

Toutes les carrières sont encombrées ; pour une place de maître
d’études dans un collège de sous-préfecture, trois cent dix-neuf
jeunes gens se présentent, bardés de tous les parchemins imagi-
nables, et c’est par milliers que se comptent les candidats au
moindre poste d’aspirant-garçon-de-bureau suppléant au Minis-
tère de l’Instruction publique.

Encore tous ces postulants sont-ils pistonnés par d’influents
protecteurs ; une seule profession restait, ressource suprême de
tous ceux qui, malchance ou défaut de recommandations,
échouaient ailleurs, et précieuse en ceci qu’on la pouvait adopter
sans études préalables, sans même l’appui d’un conseiller muni-
cipal : celle d’assassin.

On en conviendra, c’était un utile réconfort, pour qui entre-
prenait quelque métier, de pouvoir se dire : « Après tout, si je
ne réussis pas là, j’en serai quitte pour dégringoler un pante
calé, et, ensuite, j’irai tranquillement vivre à la campagne avec
ses économies. »

Hélas ! jeunes gens qui caressiez ce doux espoir, déchantez !
Le métier d’assassin, si séduisant, j’en conviens, au premier
aboixl, surtout pour les amateurs d’émotions fortes, le métier
d’assassin ne nourrit pas son homme. La statistique, la navrante
statistique dont je parlais tout à l’heure, démontré, en effet, que
le « rapport » moyen des assassinats commis durant les qua-
rante dernières années est de... 140 francs (cent quarante) par
« macchabée », pas un sou de plus !

Cent quarante francs! et il y a des risques tels qu’en somme
le jeu n'en vaut pas la chandelle. Cent quarante francs pour
supprimer l’existence d’un de ses semblables et, par surcroît,
compromettre la sienne propre ! C’est vraiment à vous dégoûter
de tout.

N’est-il pas navrant de songer que des hommes notoires
comme Troppmann, comme Campi, ont tué... pour la peau, c’est
le cas de le dire; que les regrettés Georges, Voty et Franck ne
récoltèrent que treize sous chacun; que l’infortuné Kœnig ne
trouva sur sa victime que quinze centimes; que Gamahut, peu
veinard, bien que mieux partagé que les précédents, dut se
contenter de 7 fr. 25 ?

En vérité, je vous le dis, si l’on ne remédie au plus tôt à cette
situation déplorable, il faut s’attendre à une grève générale des
criminels et, par suite, à la disparition, dans les journaux, de
la rubrique « Faits divers », où nombre de bons Français ont
 
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