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C’est à moi que tu veux faire croire que tu vas voir ta mère malade?... Veux-tu que je te le dise, moi, où tu vas?.*..
Pas la peine... je le sais... Dessin de Hémard.
LE BILLARD
Le Billard est à coup sûr, lin des plus tristes personnages
qu’il nous soit donné d’étudier.
Ne fréquentant qu’un monde interlope et louche, il est le chef
écouté de la basse pègre. Il dirige, dit-on, quatre bandes.
Le vagabondage spécial est son fait. Cyniquement, il ne
craint point, du reste, d’arborer un habit vert. Répugnante fan-
faronnade !
Il terrorise trois petites billes qu'il a lâchement subornées.
L’une d’elles porte un tablier rouge. Les deux autres sont
vêtues de blanc. Ces malheureuses sont obligées', jour et nuit
de rouler — que l’on nous passe l’expression — sous l’œil
brutal de leur maître. Celui-ci les fait marcher à grands coups
de trique.
Est-ce une façon de traiter trois malheureuses? s’écrient
parfois quelques braves cœurs révoltés par la sauvagerie du
Billard.
— Que voulez-vous? répond ceiui-ci, imperturbable. C’est
mon procédé.
Le Billard est d’un physique plutôt disgracieux. Il est court
sur jambes et plat comme une punaise. Il produit pourtant un
certain effet.
Quelques naïfs le prennent peut-être pour un académicien à
cause de son costume vert.
Mais la plupart des gens, mieux renseignés, n’ignorent point
quelle e>t l’écœurante profession qu’exerce le Billard. On
s'accorde si bien à lui reconnaître la qualité de poisson que l’on
qualilie sa. progéniture de fret.
Les frets de Billard croissent même très vue et, fait étrange,
ils poussent deux fois plus vite la nuit que le jour.
Le Billard ne recule pas devant un crime. Et quand on lit
dans les journaux quelques-unes de ces séries à la rouge qui
font dresser les cheveux sur la tète, on peut être sûr d’avance
que le Billard n’y est pas demeuré étranger.
Le Billard passe sa vie dans les estaminets et les brasseries
mal famés. Querelleur et grossier, il se bat journellement, et
reçoit même souvent un mauvais coup.
Mais il est si impopulaire qu’on ne poursuit jamais ses meur-
triers. C’est tout au plus si l’on inflige dix francs d'amende à la
personne qui a crevé le Billard.
Messac.
,r- Vite, Baptiste, mon corsage!...
Dessin de Malatf.rrf,,
C’est à moi que tu veux faire croire que tu vas voir ta mère malade?... Veux-tu que je te le dise, moi, où tu vas?.*..
Pas la peine... je le sais... Dessin de Hémard.
LE BILLARD
Le Billard est à coup sûr, lin des plus tristes personnages
qu’il nous soit donné d’étudier.
Ne fréquentant qu’un monde interlope et louche, il est le chef
écouté de la basse pègre. Il dirige, dit-on, quatre bandes.
Le vagabondage spécial est son fait. Cyniquement, il ne
craint point, du reste, d’arborer un habit vert. Répugnante fan-
faronnade !
Il terrorise trois petites billes qu'il a lâchement subornées.
L’une d’elles porte un tablier rouge. Les deux autres sont
vêtues de blanc. Ces malheureuses sont obligées', jour et nuit
de rouler — que l’on nous passe l’expression — sous l’œil
brutal de leur maître. Celui-ci les fait marcher à grands coups
de trique.
Est-ce une façon de traiter trois malheureuses? s’écrient
parfois quelques braves cœurs révoltés par la sauvagerie du
Billard.
— Que voulez-vous? répond ceiui-ci, imperturbable. C’est
mon procédé.
Le Billard est d’un physique plutôt disgracieux. Il est court
sur jambes et plat comme une punaise. Il produit pourtant un
certain effet.
Quelques naïfs le prennent peut-être pour un académicien à
cause de son costume vert.
Mais la plupart des gens, mieux renseignés, n’ignorent point
quelle e>t l’écœurante profession qu’exerce le Billard. On
s'accorde si bien à lui reconnaître la qualité de poisson que l’on
qualilie sa. progéniture de fret.
Les frets de Billard croissent même très vue et, fait étrange,
ils poussent deux fois plus vite la nuit que le jour.
Le Billard ne recule pas devant un crime. Et quand on lit
dans les journaux quelques-unes de ces séries à la rouge qui
font dresser les cheveux sur la tète, on peut être sûr d’avance
que le Billard n’y est pas demeuré étranger.
Le Billard passe sa vie dans les estaminets et les brasseries
mal famés. Querelleur et grossier, il se bat journellement, et
reçoit même souvent un mauvais coup.
Mais il est si impopulaire qu’on ne poursuit jamais ses meur-
triers. C’est tout au plus si l’on inflige dix francs d'amende à la
personne qui a crevé le Billard.
Messac.
,r- Vite, Baptiste, mon corsage!...
Dessin de Malatf.rrf,,