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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0811

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CONTES D’APOTHICAIRE

!(

QUESTION D’HABITUDE

C’est au café de la Tripe-Alliance qu’on les fait vraiment à la
mode de Caen.

Je m’y trouvais l’autre soir avec mon ami Schoop, et après le
dîner nous fîmes venir de ce cognac de derrière les fagots qu’on
ne trouve que là :

— C’est autre chose que le pétrole de la mère Salgirl, me dit-
il, en faisant claquer sa langue.

Comme je ne connais pas la mère Salgirl, j’eus dans les yeux
deux points d’interrogation.

— Voilà, expliqua-t-il ; Mme Salgirl a été durant dix mois
ma voisine à Houstor-Leib (Ohio) où tu sais que mon père m’avait
envoyé. Quand je dis qu’elle était ma voisine, il me faut préci-
ser : c’était ma voisine de cave. J’avais dans ce temps-là un
petit kummel qui n’était pas dans une passoire, et la mère
Salgirl se piquait le nez avec un certain cognac comme je n’en
ai jamais bu... Nous nous faisions des politesses quand nous nous
rencontrions, la lanterne à la main, dans l’escalier de la cave: je
lui offrais de mon kummel et elle me rendait de son cognac.

« J’eus bientôt des scrupules. Une femme qui boit de si bon co-
gnac — età cetâge-là— ça n’est pas convenable, n’est-ce pas?...

Que fis-je donc?... Je fis une fausse clé qui ine permit d’ou-
vrir le cellier de la mère Salgirl, et, six semaines durant, je me
fis du bien de son cognac. Mais elle s’aperçut qu’on la volait, la
sacrée vieille, et pour l’avoir désormais en sûreté elle fit clan-
destinement monter son tonneau à son appartement ! Un jour
en me rendant à sa cave je fus fort surpris de n’y trouver qu’une
barrique de pétrole. J’avais une soif terrible et j’y goûtai par
habitude... et surtout pour embêter la mère Salgirl qui croyait
avoir joué un vilain tour à son voleur! Ça avait un drôle de goût
vraiment...

» Et tu me croiras si tu veux, mon vieux frère, mais je te jure
que j’ai mis au moins huit jours à m’y habituer!... »

Snell-Berthelin.

— Vous n’entendez donc pas? Voilà dix fois que je vous appelle, garçon...

— C’te bonne blague, j’ suis marié. Dessin, de Quint.

Je vous en prie, cher monsieur, couvrez-vous donc!

l’age d’or

Dessin de Larry.
 
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