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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0822

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— Couvrez-vous, lui dit le président, vieux gentilhomme Dre*
ton.

Et M. Souliêres répondit en souriant :

-— Que ces demoiselles me donnent d’abord l’exemple...

*

'M

Un procès vient d’être intenté au manager d’une de ces mai-
sons discrètes, confortables et bien chauffées où des couples mys-
térieux peuvent aller s’isoler pendant l’après-midi, à l’heure
coupable des adultères.

Que reprochait-on à cet organisateur de rendez-vous plus ou
moins bourgeois? D’expédier, sous simple bande, des prospectus
trop aguichants... Voici, d’ailleurs, le texte de l’assignation :

« Attendu que ces circulaires ne laissent aucun doute sur la
nature et le but du dit hôtel... »

« Que l’envoi de pareilles circulaires est, à l’égard des destina-
taires, une véritable injure, puisqu’il les suppose capables de fré-
quenter de tels établissements. »

Or, cette circulaire, je l’ai reçue, comme tout le monde. La
voici, sauf l’adresse, dans sa teneur intégrale. C’est un curieux
document sur la vie parisienne d’aujourd’hui :

PA1ÜS-OPÉRA (IXe Arrb)

DEUX ENTRÉES

Rue
Rue

PIED-A-TERRE

Somptueusement meublé

CHAMBRES IDÉALES

AVEC

Cabinet de toilette et eau chaude
sur lacabo et meuble intime

1.1 XE, CONFORT ET HYGIÈNE COMBINÉS
ASCENSEUR

Chauffeur central-Éclairage électrique

Téléphonie privée

La maison, d’aspect bour-
geois, sans enseigne apparente,
*vec ses deux entrées, est d’un
aménagement intérieur très
étudié, évitant les rencontres.

Située dans l’arrondissement
de l’Opéra, à deux pas des
grands boulevards et au mi-
lieu de rues s’entrecroisant et
peu fréquentées, elle est la
maison du genre la mieux
comprise, la plus pais ble et la
plus discrète du Paris-Central.

LES gosses assassins

—• Voyez-vous ces moucherons! Ça veut faire son Troppmann et ça
massacre des demi-douzaines de personnes au lieu d'aller à la classe ! Je
vais aller chercher monsieur Deiblcr pour vous tirer les oreilles...

Salle de bains. Douches

Prix des chambres : 4 et 8 fr.

CONSOMMATIONS DE MARQUES

Déjeuners et dîners sur commande

Station <lo voitures à la porte

LE RIRE DE LA SEMAINE

La scène se passe dans un cercle tout ce qu’il y a de plus vi-
cieux. Une centaine de personnes des deux sexes, et même du
troisième, contemplent avec un vif intérêt une demi-douzaine de
jeunes femmes qui, vêtues d'un simple rayon de projecteur élec-
trique, s’immobilisent sur la scène en des poses extrêmement
esthétiques. Dans les coulisses, d’autres « artistes » attendent
leur tour... Elles sont un peu plus habillées : l’une a un manchon;
l’autre des souliers de satin ; la troisième des chichis ; la quatrième
a un grain de beauté; la cinquième une couche de blanc gras;
quant à la sixième et dernière, elle lit Fantasio, ce qui lui cache
toujours quelque chose... Nous sommes au Cercle des Etudes
orientales, ainsi nommé parce qu’il ne manque ni de houris ni
de chats.

Soudain, apparaît M. Soulicres, chef de la brigade des jeux, flan-
qué d’un certain nombre d’inspecteurs. Ou lui a dit que les mem-
bres du cercle se livraient aux jeux du hasard autant qu’à ceux
de l’amour. Il s’élance et ordonne :

— Je saisis tout, les enjeux et les cartes!...

Et, au milieu du tohu-bohu général, une des figurantes, qui est
nue comme un discours d’arrondissementier, s’exclame :

— Les cartes? je n’ai pas la mienne sur moi!

*

* *

Innombrables sont les tripots où l’on tripote des dames de
cœur en costume plus que sommaire... Sous prétexte de nu esthé-
tique, de tableaux artistiques, d évocations athéniennes, des im-
pi'esarii font payer très cher, à des marcheurs jeunes et vieux,
— sans parler des marcheuses — la vue de jeunes modèles qui
ne sont pas des modèles de vertu... Chose étrange, c’est sous le
couvert de la loi sur lés associations que ces entreprises se sont
créées et prospèrent en dépit des irruptions, d’ailleurs prévues, de
la police-. Celle-ci ne peut que saisir le matériel, que les tribu-
naux se voient obligés de restituer. Quant aux figurantes, elles
reprennent la pose après le départ de M. Souliêres : la séance
continue! Il est vrai que cet excellent magistrat, que l’expérience
a rendu sceptique, se tire d’affaire avec esprit. L'autre soir, il
troubla une petite fête organisée dans un cercle élyséen où une
bonne douzaine de nymphes se livraient à des ébats captivants
devant un public très aristocratique.

Vous voyez, rien n’y manque... Remarquez qu’il s’agit d’une

— Par pi lié pour les cors de troupe, on va débarrasser nos militaires
des « souliers de repos » qu’on leur avait donnés. Ces « souliers de repos»,
dit le rapport, les fatiguaient horriblement.
 
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