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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0826

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— Si j’échangeais mes chaussures contre celles-ci, pour la nuit de Noël?...

Dessin de Ray

COMMENT ON RACONTE L’HISTOIRE

Quand on a l’âme écossaise et qu’on possède une famille ou
des relations nombreuses, il n’est pas mauvais de choisir une
villégiature riche en souvenirs historiques, ou parée, tout au
moins, de quelques curiosités naturelles, telles que gaves, cratè-
res, cascades, trous du Diable, etc. Autrement, on ne sait com-
ment exterminer le temps de ses hôtes. Discussions, tergiversa-
tions : on a un mal terrible à franchir le laps qui sépare le
déjeuner du dîner.

C'est pourquoi je m’étais fixé, il y a quelques années, à Roche-
fort, dans les Ardennes belges. J’avais sous la main la fameuse
Grotte de Han, et je ne manquais pas d’y mener mes invités. Je
lie puis m’empêcher de rire quand je vois le foin énorme que
f<>nt les Américains avec leurs buildings de 30 étages. Hé! ce
n est pas malin d’attirer l’attention quand on crève le ciel ! La
Grotte de Han, pour sa part, ne fait pas tant de manières. Elle
règne modestement sous un sol que boisent à peine quelques
vagues bouleaux. Durant un tas formidable de siècles, on n’a pas
entendu parler d’elle. Et pourtant, elle offre à l’épatement du
touriste des merveilles assez ébouriffantes : des chambres de
250 mètres de long sur 56 mètres de haut, voilà ce que les Amé-
ricains ne nous construiront pas de sitôt!

Cette grotte, qui fourmille de stalactites aux formes fantasti-
ques, est agrémentée d’une petite rivière souterraine. On ima-
gine mal, en effet, un tel local dépourvu d’eau. Cette rivière se-
rait assez sympathique à cause de la note moderne quelle met
dans le paysage préhistorique, si elle ne se prêtait honteusement

à l’exploitation de l'étranger. Les promeneurs naïfs sont insi-
dieusement incités à y naviguer moyennant un supplément
de 2 francs — afin d’entendre, escorté de tous ses échos, le coup
de canon que tire dans le lointain un guide avisé. Inutile de
vous dire que j’évitais ce débours superfétatoire à mes amis. Du
roc cù nous nous tenions, nous percevions fort convenablement,
et sans le secours d’aucun bateau, cette détonation, assez peu
émouvante, d’ailleurs.

Plus tard, je suis venu à Haramont, petit village du Valois,
coquettement enchâssé dans la forêt de Villers-Cotterets. C'est
la patrie d’Ange Pitou. On y montre, sous le nom de Pierre-
Clouyse, un respectable monolithe dont le bon vieux père Dumas
a beaucoup parlé, et le long duquel il est bien porté de se lais-
ser glisser sur le derrière. C’est amusant, surtout quand il y a
des dames. Néanmoins, j’ai fini par abandonner cette résidence,
car, depuis que je me fais habiller à Londres, je ne suis plus
d’humeur à user mes fonds de culottes sur des blocs de grés in-
clinés.

Maintenant, c’est à Blois que flotte mon pavillon. Par exem-
ple, voilà une ville plaisante! Pas une de ses pierres qui ne soit
digne d’une étiquette! Elle est farcie de curiosités. Quand vous
avez vu toutes ses vieilles maisons et ses églises, il vous reste
encore un pain considérable sur la planche.

Les hôtes de marque, on les conduit en break jusqu’à Che-
nonceaux. Aux autres, on conte que Chenonceaux ne vaut pas
la peine d’être vu et on leur réserve le château de Blois, lequel,
à parler franc, serait très déplacé dans une musette. Je le con-
nais maintenant sur toutes les coutures. Telle partie remonte
au xnie; telle autre est du xve. Je sais même le nombre des vo-
lumes qui peuplent sa bibliothèque.

Cela ne m’a pas empêché, l’été dernier, de connivence avec
le gardien qui nous conduisait, de mettre dedans, toute une ho-
norable tribu de Parisiens.

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— Maintenant, je sais, Méfie, pourquoi le petit Jésus apporte tant de
joujoux au fils du patron.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il a une grande cheminée. Dessin de Dépaquit.
 
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