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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0831

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M. Max Dearly.

M,le Ève Lavallière. M. Alfred Capus. M. Prince. M. Guy.

L’Ange déchu aux Variétés ou M. Capus, moraliste, entre les « gentils ».

LE RIRE AU THÉÂTRE

« C’quc je m’amuse à l’Odéon, disait une tragédienne assez
bouffe à la ville, tout le monde s’y engueule! » Ce propos que je
réédite date du règne de Ginisty, bien entendu, car sous Antoine
on se contente de gueuler, seule façon d’ètre classique, et très
wagnérien, au second Théâtre Français, sur les scènes musicales.
Actuellement, le théâtre m’amuse, moi, non par les spectacles
qu’il nous offre, mais par les procès qu’il nous réserve. Je finirai
par n’aller plus dans la salle et ne fréquenter que les coulisses.

Sous le bras je me prends et je m'y conduis. Amateurs de chi-
chis, suivez-moi.

Nous sommes en pleine Renaissance que la Petite Chocolatière
remplit effectivement chaque soir. La pièce de Gavault, reconnue
de première qualité, s’améliore en franchissant — bientôt — le
cap de la centième. Voici le bureau directorial de Tarride où sa
pensionnaire, grande sociétaire de la maison, reçoit comme chez
elle. On annonce Mrae Berthe Bady : des yeux, un sourire, un
manchon, le tout fourré. Trois bonjours. Trois temps. On parle
ensuite de celui de dehors qui prend quelque chose pour le
rhume d’Henry Bataille, très grippé. L’auteur néanmoins tra-
vaille à la Vierge folle, son nouvel ouvrage, promis à la Renais-
sance. On parle de la distribution : Juliette Harcourt, André Cal-
mettes, Armand Bour seront engagés spécialement. Marthe
Régnier et Berthe Bady auront les deux principaux rôles de
femmes. Tout va pour le mieux : on choisit une date — accep-
tée d’accord — puis un projet d’affiche.

— Ma femme doit y figurer en tète, déclare Tarride, elle est
plus vieille que vous au théâtre, et...

— Ah! non, répond Berthe Bady; nous avons le même âge,
ensuite Bataille a écrit ses pièces pour moi, la vedette me re-
vient...

La discussion continue. Enfin Tarride, qui a suivi chez Alfred
Capus des cours de Tout s’arrange et d’espèrentout, se lasse de
voir la suprématie de Marthe Régnier mise en balance. Il rega-
gne le plateau.

— Au revoir, chère amie, dit Régnier à Bady, cette question
d’emploi et mesure de lettres n’a pas d’importance; nous la ré-
glerons la prochaine fois.

Et l’on se quitte, bonnes gens comme devant, semblait-il.

Je me borne à reproduire, sans garantie d’absolue exactitude,
la version fournie à la Renaissance sur la polémique avec Henry
Bataille.

La-dessus, interwiews contradictoires, considérations oiseuses
sur la vedette, sur l’affiche — à fiche le camp —• sommation,
puis consommation de papier timbré. Les adversaires voient
bleu. Entre temps la Vierge folle a suivi le trottoir, est entrée
au Gymnase qui va devenir lé théâtre de Mme Bady. M. Alphonse
Franck, au lendemain de la Rampe, éteinte bien qu’à plein feu,

accueillit avec transport la pièce de Bataille; si Pierre et Thé-
rèse de Marcel Prévost ne marchait pas, l’avisé directeur au-
rait avec la Vierge folle une lampe neuve.

Tarride, lancé dans la procédure, accuse avec une adresse dis-
cutable, un intérêt inappréciable, Henry Bataille d’avoir promis,
lors de la reprise du Scandale, de faire à la Renaissance une
ristourne de droits d’auteur. Cette ristourne est interdite par la
Société, une amende prévue contre les deux délinquants. I.’af-
faire se corse.

Bataille, qui réellement porte un nom de guerre, n’a pas à ses
trousses Deval, le directeur de l’Athénée, car celui-ci s’est mis
à celles de MUe Lantelme. Mais cette poursuite contre la jolie de
nos jolies actrices est occasionnée par une pièce de Bataille,
Manon, fille galante. L’artiste avait promis de jouer Manon,
elle ne veut plus pour des raisons qui la regardent. Les raisons ne
doivent pas s’embêter. Et le docteur Deval fait appel aux ordon-
nances de Thémis pour (style de droit, commun, le style —) l’in-
terprète défaillante, s’entendre condamner à des dommages-in-
térêts. Et Mlle Lantelme, à qui le Vaudeville promet de beaux
rôles, passe d’un théâtre à l’autre, avec une admirable facilité
de dédit. Son mari, le très parisien M. Alfred Edwards, n’est-il
pas là avec sa fortune pour le moindre coup de tête sous le plus
grand chapeau de son exquise moitié, lui qui donnait l’autre
jour à une ouvreuse — reconnue fausse — douze mille francs de
pourboire.

Ce Mécène, d’ailleurs, sait choisir. On lui présentait ces jours-ci
un vague imprésario, désireux de monter une pièce au titre plus
vague encore.

— Je vais d’abord vous fournir un titre, dit le sollicité, que
penseriez-vous de : Comme les porte-Jeuilles?

L’impresario n’eut, de M. Alfred Edwards, que son esprit. Tout
le monde ne possède pas cette autre fortune.

*

* *

Mais j’ai assez embouché le trombone des coulisses, passons
un peu dans la salle, pour une autre chanson, avec ce refrain
enthousiaste :

Aux Variétés. Un Ange triomphe.

La rime sera difficile à trouver, aussi point ne la cherchè-je, et
le vers de neuf pieds n’est pas courant, alors qu’il devrait voler.
Pas de poesie. Ma prose très simple vous dit: On joue, chez Sa-
muel, du meilleur Capus. Cet auteur est déjà officier de la Légion
d’honneur, sur son mérite. Un Ange, avec Lavallière, lui vau-
drait la cravate de commandeur. Brasseur, qu’une aphonie enleva
à son rôle et à notre plaisir, fut doublé par Prince. — Ce n’est
pas du doublé — Max Dearly, Guy, Marie Magnier, ont de l’esprit,
de la finesse, comme le texte de l’auteur, et tous jouent divine-
ment Un Ange.

Aux Variétés, voyez Lavallière.

Le Médecin de Service.

LIQUEUR

BENEDICTINE
 
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