DISCRET ÉLOGE d’üN ENFANT SUBLIME
Des Carpezogratins (1) il connaît les systèmes !
Il chante clair bien mieux que ses parents eux-mêmes ;
Il en sait ! Il en sait, d’un bout à l’autre bout,
Cent fois plus que son père — et son père sait tout!
LE RIRE DE LA SEMAINE
On n’arrive que par les femmes, même quand on est mort...
Voyez le roi des Belges ; je parle de feu Léopold. S’il s’était con-
tenté d’être bon époux, bon père et bon garde civique, il eût été
oublié aussitôt enterré et les journaux ne lui eussent consacré
que d’ennuyeux articles biographiques. Heureusement, la baronne
Vaughan étaitlà. Grâce à Caroline, Léopold a eu, pendant quinze
jours, la première page des journaux du monde entier. Ma parole,
cela vaut bien un bel héritage... Toute publicité se paie, aujour-
d’hui.
Je vous déclare d’ailleurs tout net que mes sympathies vont à
la baronne. De quel droit des moralistes à la manque lui repro-
chent-ils d’avoir séduit, à l’âge de seize ans, un innocent qui en
avait soixante-dix?
Il est à remarquer que ce sont les femmes qui la jugent le plus
sévèrement.
— Cette créature ! disent-elles avec une sorte de colère...
Et pourquoi? J’ai compris leur sévérité pour Mme Steinheil,
qui fut notre Vaughan à nous... Mais Caroline est un ange de
vertu si on la compare à la Meg qui faisait le métro. Le métro,
c'est Léopold qui l’a fait, — avec les capitaux français, d’ailleurs.
Caroline a été le modèle des « petites amies » et, si Félix Faure
en avait eu une pareille, il serait peut-être encore en vie.
Les femmes sont toujours peu tendres pour celles qui réussis-
sent brillamment par des qualités qui sont bien de leur sexe.
Elles tolèrent la gloire d’une savante qu’elles ne peuvent songer
à concurrencer, mais elles ont horreur des succès d’une femme
qui se contente d’être très séduisante.
On pardonne aisément à celles qui ont beaucoup aimé, mais
on est sans indulgence pour celles qui ont été beaucoup aimées.
*
îjî &
Il est certain que l’historien des amours de Léopold II pourra
(1) Les Carpezogratins sont des philosophes particulièrement silen-
cieux.
écrire de gros tomes sur ce grand homme. La chronique scanda-
leuse est inépuisablement riche en anecdotes sur le Béarnais
bruxellois. Il semble d’ailleurs que ces rois et ces princes consti-
tutionnels soient doués par la nature d’une constitution plutôt...
expansive.
Ua princesse Louise a raconté que son mari, le prince de
Cobourg, exigeait d’elle à chaque instant le service conjugal : il
n’attendait même pas que la porte fût fermée et les domestiques
pouvaient assister à des scènes dont la vue est tarifée très cher
dans les maisons d’illusion. Faut-il rappeler la fin de l’archiduc
Rodolphe, celle du prince Baudoin de Belgique qui fut tué par
un mari jaloux, etc., etc.? Tous ces gaillards couronnés passent
leur temps à trousser des jupes : cotillons de midinettes et robes
damassées de duchesses, tout leur est bon, et ils ont toujours le
sceptre à la main.
C’est peut-être l’occasion de rappeler cette anecdote un peu
scabreuse. Une simple lingère du palais fut remarquée par un
monarque dont nous tairons le nom pour des raisons d’ordre di-
plomatique : elle reçut l’ordre de se rendre auprès du souve-
rain.
— Oh! minauda-t-elle, suis-je digne de l’honneur que me fait
Votre Majesté en m'élevant jusqu’à elle?...
Ce à quoi, la majesté répondit :
— Si cela te gêne, ma petite, tu pourras t’arrêter à mi-chemin.
On a raconté beaucoup de galantes histoires sur feu Léopold.
En voici quelques-unes :
Avant sa liaison avec la baronne de Vaughan, le roi barbu,
bu, bu, qui s’avance, se rendait fréquemment chez une célèbre
demi-mondaine qui s’illustra au bal des Quat’z-arts et perdit son
collier d’une façon sensationnelle.
C’est d’elle que Léopold disait :
— Un d’Orléans peut bien avoir comme maîtresse une d’Alen-
çon !
Un jour, le protocole lui fit conseiller de faire <■ certaines vi-
sites » avec plus de discrétion, les potins allant bon train.
— Parfait! répondit le roi... Mais on ne m’a jamais indiqué la
petite porte de l’Elysée.
Des Carpezogratins (1) il connaît les systèmes !
Il chante clair bien mieux que ses parents eux-mêmes ;
Il en sait ! Il en sait, d’un bout à l’autre bout,
Cent fois plus que son père — et son père sait tout!
LE RIRE DE LA SEMAINE
On n’arrive que par les femmes, même quand on est mort...
Voyez le roi des Belges ; je parle de feu Léopold. S’il s’était con-
tenté d’être bon époux, bon père et bon garde civique, il eût été
oublié aussitôt enterré et les journaux ne lui eussent consacré
que d’ennuyeux articles biographiques. Heureusement, la baronne
Vaughan étaitlà. Grâce à Caroline, Léopold a eu, pendant quinze
jours, la première page des journaux du monde entier. Ma parole,
cela vaut bien un bel héritage... Toute publicité se paie, aujour-
d’hui.
Je vous déclare d’ailleurs tout net que mes sympathies vont à
la baronne. De quel droit des moralistes à la manque lui repro-
chent-ils d’avoir séduit, à l’âge de seize ans, un innocent qui en
avait soixante-dix?
Il est à remarquer que ce sont les femmes qui la jugent le plus
sévèrement.
— Cette créature ! disent-elles avec une sorte de colère...
Et pourquoi? J’ai compris leur sévérité pour Mme Steinheil,
qui fut notre Vaughan à nous... Mais Caroline est un ange de
vertu si on la compare à la Meg qui faisait le métro. Le métro,
c'est Léopold qui l’a fait, — avec les capitaux français, d’ailleurs.
Caroline a été le modèle des « petites amies » et, si Félix Faure
en avait eu une pareille, il serait peut-être encore en vie.
Les femmes sont toujours peu tendres pour celles qui réussis-
sent brillamment par des qualités qui sont bien de leur sexe.
Elles tolèrent la gloire d’une savante qu’elles ne peuvent songer
à concurrencer, mais elles ont horreur des succès d’une femme
qui se contente d’être très séduisante.
On pardonne aisément à celles qui ont beaucoup aimé, mais
on est sans indulgence pour celles qui ont été beaucoup aimées.
*
îjî &
Il est certain que l’historien des amours de Léopold II pourra
(1) Les Carpezogratins sont des philosophes particulièrement silen-
cieux.
écrire de gros tomes sur ce grand homme. La chronique scanda-
leuse est inépuisablement riche en anecdotes sur le Béarnais
bruxellois. Il semble d’ailleurs que ces rois et ces princes consti-
tutionnels soient doués par la nature d’une constitution plutôt...
expansive.
Ua princesse Louise a raconté que son mari, le prince de
Cobourg, exigeait d’elle à chaque instant le service conjugal : il
n’attendait même pas que la porte fût fermée et les domestiques
pouvaient assister à des scènes dont la vue est tarifée très cher
dans les maisons d’illusion. Faut-il rappeler la fin de l’archiduc
Rodolphe, celle du prince Baudoin de Belgique qui fut tué par
un mari jaloux, etc., etc.? Tous ces gaillards couronnés passent
leur temps à trousser des jupes : cotillons de midinettes et robes
damassées de duchesses, tout leur est bon, et ils ont toujours le
sceptre à la main.
C’est peut-être l’occasion de rappeler cette anecdote un peu
scabreuse. Une simple lingère du palais fut remarquée par un
monarque dont nous tairons le nom pour des raisons d’ordre di-
plomatique : elle reçut l’ordre de se rendre auprès du souve-
rain.
— Oh! minauda-t-elle, suis-je digne de l’honneur que me fait
Votre Majesté en m'élevant jusqu’à elle?...
Ce à quoi, la majesté répondit :
— Si cela te gêne, ma petite, tu pourras t’arrêter à mi-chemin.
On a raconté beaucoup de galantes histoires sur feu Léopold.
En voici quelques-unes :
Avant sa liaison avec la baronne de Vaughan, le roi barbu,
bu, bu, qui s’avance, se rendait fréquemment chez une célèbre
demi-mondaine qui s’illustra au bal des Quat’z-arts et perdit son
collier d’une façon sensationnelle.
C’est d’elle que Léopold disait :
— Un d’Orléans peut bien avoir comme maîtresse une d’Alen-
çon !
Un jour, le protocole lui fit conseiller de faire <■ certaines vi-
sites » avec plus de discrétion, les potins allant bon train.
— Parfait! répondit le roi... Mais on ne m’a jamais indiqué la
petite porte de l’Elysée.