la nouvelle bonne. '■— Je tiens à prévenir madame que l’ancienne bonne avait mis la saucière dans les cabinets.
Dessin de Falké.
MARIAGE D’AMOUR
Ce matin-là, quinze décembre, Oscar épousait sa petite blan-
chisseuse.
Un gaillard, le marié. Ses camarades racontaient, les uns avec
une pointe d’amertume, les autres avec une ombre d'envie, qu’il
n’avait pas rencontré de rebelles et tous s’étonnaient un peu de
le voir faire une fin. C’était pourtant irrévocable : l’irrésistible
avait trouvé son maître.
Un joli maître, par parenthèse. Des cheveux blonds enca-
drant un profil de Madone et des yeux de vierge folle, d’une
ignorance si malicieuse, d’une candeur si interrogative, que le
jeune homme s’était senti tout bouleversé à leur premier regard.
Insensiblement il avait pris l’habitude de s’arrêter, au sortir
de l’atelier, devant la boutique de la mère Bolide, histoire, disait-
il, de s’assurer si son linge serait prêt pour le prochain diman-
che. Mais de toutes les ouvrières qui, les bras nus, la gorge
libre, allongeaient le fer sur le linge éblouissant, il ne regardait
que Marguerite, la fille de la patronne.
Un jour qu’elle glaçait une chemise devant le jeune homme
attentif comme un apprenti, la jeune fille lui dit gentiment :
— Je vous tiens par le cou.
Oscar partit comme un fou, fuyant la tentation délicieuse et
impossible, car il savait que sur le chapitre de la bagatelle, la
mère Bolide n’entendait point raillerie; mais, dès ce jour-là, ses
faux-cols, ses manchettes, toutes les pièces de son modeste trous-
seau devinrent les attributs de sa religion amoureuse et il rêva,
pour son propre compte, de ces gestes délicieux :
— Je vous tiens par le cou.
Un dimanche, n’y tenant plus, Oscar prit un grand parti. Il
entra chez la mère Bolide et plus ému qu’il ne voulait le paraî-
tre, sollicita la main de M1Ie Marguerite. La jeune fille consultée
répondit que, malgré sa réputation de coureur de femmes
— et peut-être à cause — le jeune homme lui agréait.
— Hé! les gas! v’ià Nénette qui fait de 1 aviation ;
Dessin de Schusi.er.
Dessin de Falké.
MARIAGE D’AMOUR
Ce matin-là, quinze décembre, Oscar épousait sa petite blan-
chisseuse.
Un gaillard, le marié. Ses camarades racontaient, les uns avec
une pointe d’amertume, les autres avec une ombre d'envie, qu’il
n’avait pas rencontré de rebelles et tous s’étonnaient un peu de
le voir faire une fin. C’était pourtant irrévocable : l’irrésistible
avait trouvé son maître.
Un joli maître, par parenthèse. Des cheveux blonds enca-
drant un profil de Madone et des yeux de vierge folle, d’une
ignorance si malicieuse, d’une candeur si interrogative, que le
jeune homme s’était senti tout bouleversé à leur premier regard.
Insensiblement il avait pris l’habitude de s’arrêter, au sortir
de l’atelier, devant la boutique de la mère Bolide, histoire, disait-
il, de s’assurer si son linge serait prêt pour le prochain diman-
che. Mais de toutes les ouvrières qui, les bras nus, la gorge
libre, allongeaient le fer sur le linge éblouissant, il ne regardait
que Marguerite, la fille de la patronne.
Un jour qu’elle glaçait une chemise devant le jeune homme
attentif comme un apprenti, la jeune fille lui dit gentiment :
— Je vous tiens par le cou.
Oscar partit comme un fou, fuyant la tentation délicieuse et
impossible, car il savait que sur le chapitre de la bagatelle, la
mère Bolide n’entendait point raillerie; mais, dès ce jour-là, ses
faux-cols, ses manchettes, toutes les pièces de son modeste trous-
seau devinrent les attributs de sa religion amoureuse et il rêva,
pour son propre compte, de ces gestes délicieux :
— Je vous tiens par le cou.
Un dimanche, n’y tenant plus, Oscar prit un grand parti. Il
entra chez la mère Bolide et plus ému qu’il ne voulait le paraî-
tre, sollicita la main de M1Ie Marguerite. La jeune fille consultée
répondit que, malgré sa réputation de coureur de femmes
— et peut-être à cause — le jeune homme lui agréait.
— Hé! les gas! v’ià Nénette qui fait de 1 aviation ;
Dessin de Schusi.er.