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https://doi.org/10.11588/diglit.25441#0013
Ils étaient donc mariés du matin.
Le soir, après la classique promenade en tapissière, les invi-
tés, parents, amis et camarades, s’étaient empilés dans la bouti-
que de la mère Bolide. On mangeait, on buvait, on chantait,
l’exiguïté de la salle ne permettant pas autre chose, à la pros-
périté des nouveaux mariés.
Assise dans un coin de la pièce, Marguerite sentait les yeux
de son mari fixés sur elle, avec une curiosité mal réprimée. Il
était évident que le jeune homme déshabillait sa femme avant
l’heure permise du berger. Et quand sonnèrent les douze coups
libérateurs, Oscar ne put retenir une exclamation d’allégresse,
perdue d’ailleurs dans le tumulte général, en voyant la mère
Bolide entraîner la jeune mariée.
Comme au bon vieux temps, la mère Bolide couchait sa fille
en lui murmurant, entre deux baisers, les suprêmes recomman-
dations. Quand elle fut étendue, frissonnante, dans le grand lit
qu’on ne borde pas, Marguerite dit tout bas :
— J’ai froid aux pieds.
Et la mère Bolide plaça un fer bien chaud dans le fond du lit.
— Eh ! le gendre, ne brusquez rien. La petite ne se doute pas
de la chose, pauvre innocente!
Et la brave femme tira la porte derrière Oscar qui entrait.
Enfin, il était dans la place. Avec la décision un peu brutale
qui lui réussissait auprès de toutes, il se pencha vers Marguerite
et, sur les yeux de vierge folle qui l’avaient si totalement conquis,
il posa ses lèvres. Tout de suite, impétueux et violent, le désir
monta. Les recommandations de la mère Bolide se présentèrent
à son esprit.
Allons donc, des ménagements avec les femmes, il faut les
épater, voilà tout.
En un tour de main il se déshabilla et se glissa près de sa
femme. Comme, saisi par la fraîcheur des draps, il ne pouvait
réprimer un frisson, il entendit avec une stupéfaction pro-
fonde Marguerite qui disait :
— Voulez-vous le fer? Ça vous réchauffera. Chlok.
POUR MAIGRIR...
— Et monsieur qui me disait qu'il ne ferait qu’entrer et sortir!
Dessin de Larry.
Depuis qu’elle a réussi au théâtre, Odette ne sort plus qu’en
voiture.
Dès le matin, son auto s’arrête devant sa porte et l’attend.
Elle traverse le trottoir d’un pas hésitant et s’installe dans sa
limousine, épuisée.
Cette jolie blonde aux yeux un peu sots a trop bon appétit;
elle mange à sa faim ; et elle engraisse.
— ???...
—■ Qu’est-ce que tu veux! M. Taupin
prends mes documents où je peux.
m’a commandé des barques de pêche en Bretagne
Dessin de Maréchal.
Si dès trente ans, l’embonpoint l’envahit, elle est perdue.
Elle ne pourra plus jouer dans toutes les pièces son éternel
rôle de coquette nonchalante : vous jugez son émoi.
— Manque d’exercice ! dit le docteur.
— Oh! docteur, je n’ai pas un instant de loisirs! et elle dé-
taille l’emploi de sa journée.
Il faut bien faire une ordonnance: chaque matin, un spécialiste
aux larges paumes viendra la masser savam-
ment pour tenter de faire fondre tout ça.
Il ne saurait y parvenir ; quelque effort
qu’il fasse, l’inexorable bascule n’enregis-
tre aucun déficit : mieux! l'aiguille chaque
semaine marque une légère augmentation.
Odette est navrée !
Elle a beau serrer son corset à s’en faire
ressortir les yeux, le seul résultat obtenu,
ce sont des malaises et des étourdissements ;
les digestions sont lourdes, elle a des gaz,
une torpeur l’envahit.
Le médecin conseille un régime sec
quelle mouille un peu trop. Il faudra em-
ployer les grands moyens.
— Chère madame, il faut marcher, vous
m’entendez, marcher beaucoup... au moins
deux heures par jour... ou je ne réponds
de rien.
Odette devient rouge et baisse ses yeux
un peu sots :
— Oh ! docteur!
— Il faut marcher... comprenez-vous!
Alors Odette doucement avec une petite
moue et une gêne de faire de tels aveux,
Odette lève des yeux sots, sans doute, mais
navrés et candides et répond à mi-voix :
— Votre remède n’est pas fameux, doc-
teur... il ne vaut rien, autant dire : je mar-
che régulièrement deux fois par jour depuis
mon adolescence... et vous voyez le résul-
Je tat...
Sky.
Le soir, après la classique promenade en tapissière, les invi-
tés, parents, amis et camarades, s’étaient empilés dans la bouti-
que de la mère Bolide. On mangeait, on buvait, on chantait,
l’exiguïté de la salle ne permettant pas autre chose, à la pros-
périté des nouveaux mariés.
Assise dans un coin de la pièce, Marguerite sentait les yeux
de son mari fixés sur elle, avec une curiosité mal réprimée. Il
était évident que le jeune homme déshabillait sa femme avant
l’heure permise du berger. Et quand sonnèrent les douze coups
libérateurs, Oscar ne put retenir une exclamation d’allégresse,
perdue d’ailleurs dans le tumulte général, en voyant la mère
Bolide entraîner la jeune mariée.
Comme au bon vieux temps, la mère Bolide couchait sa fille
en lui murmurant, entre deux baisers, les suprêmes recomman-
dations. Quand elle fut étendue, frissonnante, dans le grand lit
qu’on ne borde pas, Marguerite dit tout bas :
— J’ai froid aux pieds.
Et la mère Bolide plaça un fer bien chaud dans le fond du lit.
— Eh ! le gendre, ne brusquez rien. La petite ne se doute pas
de la chose, pauvre innocente!
Et la brave femme tira la porte derrière Oscar qui entrait.
Enfin, il était dans la place. Avec la décision un peu brutale
qui lui réussissait auprès de toutes, il se pencha vers Marguerite
et, sur les yeux de vierge folle qui l’avaient si totalement conquis,
il posa ses lèvres. Tout de suite, impétueux et violent, le désir
monta. Les recommandations de la mère Bolide se présentèrent
à son esprit.
Allons donc, des ménagements avec les femmes, il faut les
épater, voilà tout.
En un tour de main il se déshabilla et se glissa près de sa
femme. Comme, saisi par la fraîcheur des draps, il ne pouvait
réprimer un frisson, il entendit avec une stupéfaction pro-
fonde Marguerite qui disait :
— Voulez-vous le fer? Ça vous réchauffera. Chlok.
POUR MAIGRIR...
— Et monsieur qui me disait qu'il ne ferait qu’entrer et sortir!
Dessin de Larry.
Depuis qu’elle a réussi au théâtre, Odette ne sort plus qu’en
voiture.
Dès le matin, son auto s’arrête devant sa porte et l’attend.
Elle traverse le trottoir d’un pas hésitant et s’installe dans sa
limousine, épuisée.
Cette jolie blonde aux yeux un peu sots a trop bon appétit;
elle mange à sa faim ; et elle engraisse.
— ???...
—■ Qu’est-ce que tu veux! M. Taupin
prends mes documents où je peux.
m’a commandé des barques de pêche en Bretagne
Dessin de Maréchal.
Si dès trente ans, l’embonpoint l’envahit, elle est perdue.
Elle ne pourra plus jouer dans toutes les pièces son éternel
rôle de coquette nonchalante : vous jugez son émoi.
— Manque d’exercice ! dit le docteur.
— Oh! docteur, je n’ai pas un instant de loisirs! et elle dé-
taille l’emploi de sa journée.
Il faut bien faire une ordonnance: chaque matin, un spécialiste
aux larges paumes viendra la masser savam-
ment pour tenter de faire fondre tout ça.
Il ne saurait y parvenir ; quelque effort
qu’il fasse, l’inexorable bascule n’enregis-
tre aucun déficit : mieux! l'aiguille chaque
semaine marque une légère augmentation.
Odette est navrée !
Elle a beau serrer son corset à s’en faire
ressortir les yeux, le seul résultat obtenu,
ce sont des malaises et des étourdissements ;
les digestions sont lourdes, elle a des gaz,
une torpeur l’envahit.
Le médecin conseille un régime sec
quelle mouille un peu trop. Il faudra em-
ployer les grands moyens.
— Chère madame, il faut marcher, vous
m’entendez, marcher beaucoup... au moins
deux heures par jour... ou je ne réponds
de rien.
Odette devient rouge et baisse ses yeux
un peu sots :
— Oh ! docteur!
— Il faut marcher... comprenez-vous!
Alors Odette doucement avec une petite
moue et une gêne de faire de tels aveux,
Odette lève des yeux sots, sans doute, mais
navrés et candides et répond à mi-voix :
— Votre remède n’est pas fameux, doc-
teur... il ne vaut rien, autant dire : je mar-
che régulièrement deux fois par jour depuis
mon adolescence... et vous voyez le résul-
Je tat...
Sky.