LES « PROPOS D’UN ANCIEN CHEF d’ÊTAT »
Par prudence il ne fait plus aux journalistes que des confidences Hu-
moristiques :
« Un jour le roi de Pénurie m’a tapé de deux thunes... Une autre lois,
le souverain de Valachie me prit à part pour me demander en sec: et où
étaient les water-closets. »
LE RIRE DE LA SEMAINE
C’est effrayant ce qu’on rencontre de petites femmes qui vous
disent :
— Si le duc d’Orléans est venu à Paris? J'te crois... même qu’il
a réveillonné avec moi! Tu sais, il est beau garçon! Et d’un
généreux!...
— Ce n’est cependant pas dans la tradition de la famille!
Mais il n’importe. Elles sont dix, vingt, cinquante qui se van-
tent d’avoir attiré à Paris le futur roy de France. Et, comme
elles donnent toutes les détails les plus circonstanciés sur les
qualités... amoureuses du descendant d’Henri IV, on ne peut
s’empêcher d’éprouver une véritable admiration pour un gaillard
de cette trempe. Ventre de biche! quel tempérament!
Que le duc d'Orléans se soit dit : « Paris vaut bien une messe
de minuit », c’est possible et même, probable. Mais il n’est cer-
tainement pas venu sur les bords de la Seine le 25 décembre der-
nier; il n’est allé ni dans tel music-hall qui s’en est vanté, ni
chez telle demi-mondaine qui le fait dire, ni chez le duc de
Lesparre, qui le laisse dire. En revanche, nul n’ignore, dans les
« milieux bien informés », que le duc vient assez fréquemment
à Paris : le galant prétendant aime les Parisiennes, et il veut, à
1 occasion, qu’elles lui soient servies sur canapé dans la ville qui
les vit naître ou s’épanouir. Il a même fait le voyage, naguère,
pour une chanteuse anglaise (Paris vaut bien une miss), sur la-
quelle il prit brillamment la revanche d’Azincourt. Inutile de
dire que ces escapades se font avec l’assentiment du gouverne-
ment.
— Soyez tranquille, déclare le prince, quand je vais à Paris,
ce n’est pas pour un coup d'Etat!
— Mais, lui disaitje ne sais plus quelle vieille baderne royaliste,
si jamais Votre Altesse rencontrait un fâcheux?
— Quel fâcheux? Où est-on plus tranquille qu’à Paris?
— Un républicain exalté, par exemple?
— Non, il n’y a qu’un personnage que je ne rencontrerais pas
sans éprouver quelque embarras...
— Qui donc? M. Arthur Meyer?
— Non, le prince Victor!
On a annoncé l'apparition d'un nouveau quotidien, dont le
besoin se faisait vivement sentir.
Son nom : L'Bistro. Son programme : « Tout pour les bistros,
toutparles bistros. » Il est évident que si tous les marchands de
vins de France et de Navarre s y abonnent, le directeur fera
une bonne affaire. Seulement, voilà, je me demande s’il est heu-
reux d’avoir donné ce nom un peu méprisant de L’Bistro à un
journal destiné aux citoyens les plus susceptibles et, d’ailleurs,
les plus importants de notre athénienne république.
Il n’y a pas de raison pour que, demain, si je fonde un organe
pour les coiffeurs, je ne l’intitule L1 Merlan. De même, La Vache
défendra les intérêts corporatifs des gardiens de la paix.
Je suppose- que la rédaction de L'Bistro sera à la hauteur de
sa mission civilisatrice. Nous lirons, sous la signature de M. Ca-
mille Peiletan, ancien ministre de la marine, de savantes études
sur l’amer; la chronique mondaine sera signée « Prince Citron » ;
les dépêches du Maroc seront toutes expédiées de Mazagran;
Terrasse se chargera de la critique musicale; les illustrations
seront gravées sur zinc et toutes les informations seront, comme
les liqueurs, di fantaisie.
Ce journal est pittoresque, moins cependant que Y Organe offi-
ciel des maisons d,e conoersalion, qui parut il y a quelques an-
nées et qui était le moniteur des salons où les messieurs gardent
leur canne, mais où les daines restent entièrement découvertes.
Cette extraordinaire feuille de chou — c’était plutôt une feuille
de vigne — exposait gravement toutes sortes de questions inté-
ressxnt M. et Mrae Tellier. On y lisait des articles fort documen-
tés sur la question du peignoir ; Est-il obligatoire, ou faut-il
tolérer les déshabillés de fantaisie? La négresse ne discrédite-t-
elle pas un « établissement riche »? A quoi reconnait-on un
mineur? A quoi faut-il attribuer la pénurie de vraies blondes?
Ces articles étaient écrits dans un style très pur, plus pur en
tout cas que leurs sujets. On m’a dit qu’un homme de lettres,
aujourd’hui député, y a publié ses premières pages : mais n’est-
ce pas presque toujours dans ces maisons-là qu’on fait ses pre-
mières armes ?
Les annonces n’étaient pas moins curieuses. Exemple :
av demande sous-maîtresse au courant dans ville importante
ILl du Sud-Ouest. Référence1; exigées. Clientèle correcte. Per-
sonnel stylé. Ecrire à...
Un audacieux bandit déguisé en religieuse
terrorise le bois des Combes.
(Journal du Puy.)
— Ob ! ia ! ia !... C’est pas une bonne sœur, c’est un caroie.
Par prudence il ne fait plus aux journalistes que des confidences Hu-
moristiques :
« Un jour le roi de Pénurie m’a tapé de deux thunes... Une autre lois,
le souverain de Valachie me prit à part pour me demander en sec: et où
étaient les water-closets. »
LE RIRE DE LA SEMAINE
C’est effrayant ce qu’on rencontre de petites femmes qui vous
disent :
— Si le duc d’Orléans est venu à Paris? J'te crois... même qu’il
a réveillonné avec moi! Tu sais, il est beau garçon! Et d’un
généreux!...
— Ce n’est cependant pas dans la tradition de la famille!
Mais il n’importe. Elles sont dix, vingt, cinquante qui se van-
tent d’avoir attiré à Paris le futur roy de France. Et, comme
elles donnent toutes les détails les plus circonstanciés sur les
qualités... amoureuses du descendant d’Henri IV, on ne peut
s’empêcher d’éprouver une véritable admiration pour un gaillard
de cette trempe. Ventre de biche! quel tempérament!
Que le duc d'Orléans se soit dit : « Paris vaut bien une messe
de minuit », c’est possible et même, probable. Mais il n’est cer-
tainement pas venu sur les bords de la Seine le 25 décembre der-
nier; il n’est allé ni dans tel music-hall qui s’en est vanté, ni
chez telle demi-mondaine qui le fait dire, ni chez le duc de
Lesparre, qui le laisse dire. En revanche, nul n’ignore, dans les
« milieux bien informés », que le duc vient assez fréquemment
à Paris : le galant prétendant aime les Parisiennes, et il veut, à
1 occasion, qu’elles lui soient servies sur canapé dans la ville qui
les vit naître ou s’épanouir. Il a même fait le voyage, naguère,
pour une chanteuse anglaise (Paris vaut bien une miss), sur la-
quelle il prit brillamment la revanche d’Azincourt. Inutile de
dire que ces escapades se font avec l’assentiment du gouverne-
ment.
— Soyez tranquille, déclare le prince, quand je vais à Paris,
ce n’est pas pour un coup d'Etat!
— Mais, lui disaitje ne sais plus quelle vieille baderne royaliste,
si jamais Votre Altesse rencontrait un fâcheux?
— Quel fâcheux? Où est-on plus tranquille qu’à Paris?
— Un républicain exalté, par exemple?
— Non, il n’y a qu’un personnage que je ne rencontrerais pas
sans éprouver quelque embarras...
— Qui donc? M. Arthur Meyer?
— Non, le prince Victor!
On a annoncé l'apparition d'un nouveau quotidien, dont le
besoin se faisait vivement sentir.
Son nom : L'Bistro. Son programme : « Tout pour les bistros,
toutparles bistros. » Il est évident que si tous les marchands de
vins de France et de Navarre s y abonnent, le directeur fera
une bonne affaire. Seulement, voilà, je me demande s’il est heu-
reux d’avoir donné ce nom un peu méprisant de L’Bistro à un
journal destiné aux citoyens les plus susceptibles et, d’ailleurs,
les plus importants de notre athénienne république.
Il n’y a pas de raison pour que, demain, si je fonde un organe
pour les coiffeurs, je ne l’intitule L1 Merlan. De même, La Vache
défendra les intérêts corporatifs des gardiens de la paix.
Je suppose- que la rédaction de L'Bistro sera à la hauteur de
sa mission civilisatrice. Nous lirons, sous la signature de M. Ca-
mille Peiletan, ancien ministre de la marine, de savantes études
sur l’amer; la chronique mondaine sera signée « Prince Citron » ;
les dépêches du Maroc seront toutes expédiées de Mazagran;
Terrasse se chargera de la critique musicale; les illustrations
seront gravées sur zinc et toutes les informations seront, comme
les liqueurs, di fantaisie.
Ce journal est pittoresque, moins cependant que Y Organe offi-
ciel des maisons d,e conoersalion, qui parut il y a quelques an-
nées et qui était le moniteur des salons où les messieurs gardent
leur canne, mais où les daines restent entièrement découvertes.
Cette extraordinaire feuille de chou — c’était plutôt une feuille
de vigne — exposait gravement toutes sortes de questions inté-
ressxnt M. et Mrae Tellier. On y lisait des articles fort documen-
tés sur la question du peignoir ; Est-il obligatoire, ou faut-il
tolérer les déshabillés de fantaisie? La négresse ne discrédite-t-
elle pas un « établissement riche »? A quoi reconnait-on un
mineur? A quoi faut-il attribuer la pénurie de vraies blondes?
Ces articles étaient écrits dans un style très pur, plus pur en
tout cas que leurs sujets. On m’a dit qu’un homme de lettres,
aujourd’hui député, y a publié ses premières pages : mais n’est-
ce pas presque toujours dans ces maisons-là qu’on fait ses pre-
mières armes ?
Les annonces n’étaient pas moins curieuses. Exemple :
av demande sous-maîtresse au courant dans ville importante
ILl du Sud-Ouest. Référence1; exigées. Clientèle correcte. Per-
sonnel stylé. Ecrire à...
Un audacieux bandit déguisé en religieuse
terrorise le bois des Combes.
(Journal du Puy.)
— Ob ! ia ! ia !... C’est pas une bonne sœur, c’est un caroie.