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Le rire: journal humoristique — N.S. 1910 (Nr. 361-413)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25441#0028
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HISTOIRE DE PUCES

Il est infiniment peu probable que vous ayez entendu parler de
mon cousin César Piédoiseau. Et cependant mon cousin Piédoi-
seau est un homme célèbre, seulement sa célébrité n'a jamais
dépassé les environs du Jardin des Plantes : mon cousin César
Piédoiseau est naturaliste. Dans le quartier, il passe tout sim-
plement pour un petit Cuvier, un Cuvier en herbe.

Ce grand homme prépare depuis dix ans un ouvrage sur les
puces, c’est vous dire s’il en possède des puces : des pleins bois-
seaux. Tout cela empaillé, naturellement, étiqueté, vernissé, ca-
talogué. C’est la plus belle collection de puces de l’Europe.

Or, il manquait à César Piédoiseau un couple de puces pour
être « complet », ainsi que ces messieurs disent entre eux. C’était
une sorte de puces géantes bien connues sous le nom de puces
des Patagons.De ne point posséder un spécimen de cette variété,
César Piédoiseau s’attristait, quand, un jour,un de ses collègues
l’aborda en poussant un cri de victoire.

— Eurêka!

— Quèsaco? questionna mon cousin.

— Je connais quelqu’un ou plutôt quelqu’une qui détient un
couple naturalisé de puces des Patagons.

— Où donc? que j’y coure! fait César Piédoiseau, haletant. Je
ne suis pas riche, mais je donnerais bien en échange la moitié
de ma fortune, plus un sternum d’hippopotame que j’ai en double.

— Inutile, répond l’ami. Le couple de puces géantes n’est pas
à vendre.

— Malheur! Enfer et damnation!

— II appartient à la princesse de G...

— Re-malheur! Re-enfer et re-damnation !

— Mais la princesse de G... connaît votre nom, confrère Pié-
doiseau. Elle est une admiratrice passionnée de vos travaux, et,
en faveur de ceux-ci, elle vous offre gracieusement son couple de
puces des Patagons. Le voici.

En même temps, l’ami tendit à mon cousin César Piédoiseau,
une boîte contenant les puces en question ; le savant s’en saisit
d’une main tremblante...

Un autre homme que mon cousin César Piédoiseau aurait,
tout à la joie égoïste de posséder les puces tant convoitées,
aurait, dis-je, complètement oublié le nom de sa bienfaitrice.
Mais lui, l’illustre savant, n’est pas de cette race dont on fait les
cœurs de pierre.

— Mes félicitations, chère belle, vous avez une grâce, une légèreté!

— Mo ami avé raison. Yo avez l’air oune véritable syphilide.

Dessin de Carlègle.

Et l’on peut voir, sous une magnifique vitrine, au milieu de
son cabinet de travail, reposer les puces géantes des Patagons,
avec, au-dessus de leur boîte, cette inscription en gros carac-
tères : Ces puces m’ont été données par Mme la Princesse de G...

Camille Mautan.


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1909





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panaé. — Zut ! une pièce fausse !

PETITE .MYTHOLOGIE DES JEUNES FILLES

Dessin de Larry.
 
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