LA FORTE CHANTEUSE
— Hein ! elle l’a bien donné son * ut » de poitrine?
— Oui, mais c’est dommage qu’elle fasse tant de potin pour le ravoir.
Dessin de J. Plumet.
LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DE P1G-STREET
(.A la façon de Conan Doyle.)
Alors, Sir, Tom Popleed devint pâle
comme un cadavre et il s’endormit de noTi-
veau.
Le lendemain il fît des aveux, voici ce
qui s’était passé : Tom Popleed s’étaitjuré
à lui-même de ne pas dépenser dans la
noce l’argent qu’il avait économisé en pré-
vision de la vieillesse. Mourant de soif par
suite du manque d’argent et trop loyal
pour ne pas tenir sa parole, il n’hésita pas,
pour satisfaire ses bas instincts, à plonger
ses mains dans le sang d’un crime.
Rien ne fut laissé au hasard, il s’observa
avec soin et résolut de s’assassiner afin de
se voler ensuite et par ainsi dépenser sans
scrupules l’argent de ses économies.
Il acheta un revolver et guetta avec une
patience inouïe le moment propice de com-
mettre son horrible forfait. Un jour qu’il
se regardait dans la glace, il saisit l’occa-
sion par les cheveux et, comme il se voyait
de dos, il se visa lâchement entre les deux
épaules... Tom Popleed poussa un grand
cri et la glace s’écroula en mille mor-
ceaux... On sait le reste, comment victime
d’un crime dont lui-même était l’auteur,
il vint déposer sa plainte à mon bureau.
Tom Popleed fut condamné, conclut Bob
Boulmulay en haussant les épaules, il fut
condamné avec les circonstances atté-
nuantes et pour cette même raison qu’il
avait été son assassin, il dut se verser une
amende de 25.UU0 livres, qu’il paya de sa poche bien entendu,
ce qui lui permit de continuer à vivre confortablement grâce
aux 250 livres qu’il s’octroyait mensuellement, sans préjudice
de ses 5 ans de hard labour qu’il tira de bout en bout comme
un gredin qu’il était, c’est-à-dire comme vous et moi.
Ce jour-là, j’étais assis à mon bureau de Scotland Yard, dont
je suis, vous savez, un des détectives les plus éclairés et lumi-
neux à la fois, quand un policeman introduisit un individu
entre plusieurs âges, du genre gros joufflu et vêtu avec une cer-
taine recherche. « Sir, me dit cet homme, je viens d’être
l’innocente victime d’un épouvantable assassinat. Un homme,
poussé par je ne sais quel sordide et damné instinct crapuleux,
m’a tiré cinq balles de revolver à bout portant! » Puis il tomba
sur une chaise et s’endormit instantanément d’un profond som-
meil.
Il n’y avait pas à en douter, je me trouvais en présence d’un
crime abominable et mystérieux.
Je me rendis immédiatement en cab sur les lieux du crime.
Ayant pénétré dans l’appartement, je remarquai que tout était
en ordre et ceci me permit de réunir des indices capables de me
mettre sur la piste du coupable (car j’étais sûr qu’il n’y avait
qu’un coupable, la porte du logement n’étant pas assez grande
pour laisser passer deux hommes à la foisj.
Tout d’abord j’appris que la victime s’appelait Thomas Popleed.
Thomas Popleed était comptable de son métier, c’était un
homme intempérant, mais coquet et soigneux. Des indiscrétions
m’apprirent que sa coquetterie était telle, qu’il se pliait chaque
soir soigneusement sur le dos d’une chaise au lieu de se coucher
en désordre.
J’appris également qu’il vivait seul avec un animal qu’il ado-
rait : c’était un escargot angora du Honduras, qu’il enfermait
dans une cage à serins sur une couche de sel gris...
Avec tous ces documents et surtout grâce à cet instinct du
détective qui est comme une constante révélation du Seigneur,
ma conviction ne tarda pas à s’aflirmer, je tenais le coupable.
En rentrant au bureau, mon premier soin fut de faire arrêter
Tom Popleed qui protesta en hurlant par tous les fils du diable
qu’il était un fils de famille.
Sur ce, sans m’émouvoir, je procédai à l’interrogatoire de
celui que je croyais l’assassin.
La victime, c’est-à-dire Tom Popleed, maintenait sa plainte en
manifestant une arrogance joyeuse. Quand je lui dis que je con-
naissais l’assassin, il se tapa sur les cuisses d’un air goguenard
et se contenta de répondre : « Ah! ah! »
Le fixant dans les yeux, je lui criai en pleine face : « Ton
Popleed, vous vous plaignez d’avoir été assassiné, c’est bien; £
l’heure actuelle on connaît l’assassin... c’est vous! »
Pierre Mac Orlan.
LENDEMAIN DE REVEILLON
— Et sur leur tas d’ordures, il y avait des coquilles d’huîtres et
des carapaces d’écrevisses, madame,
Dessin de Ch. Ladorul.
— Hein ! elle l’a bien donné son * ut » de poitrine?
— Oui, mais c’est dommage qu’elle fasse tant de potin pour le ravoir.
Dessin de J. Plumet.
LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DE P1G-STREET
(.A la façon de Conan Doyle.)
Alors, Sir, Tom Popleed devint pâle
comme un cadavre et il s’endormit de noTi-
veau.
Le lendemain il fît des aveux, voici ce
qui s’était passé : Tom Popleed s’étaitjuré
à lui-même de ne pas dépenser dans la
noce l’argent qu’il avait économisé en pré-
vision de la vieillesse. Mourant de soif par
suite du manque d’argent et trop loyal
pour ne pas tenir sa parole, il n’hésita pas,
pour satisfaire ses bas instincts, à plonger
ses mains dans le sang d’un crime.
Rien ne fut laissé au hasard, il s’observa
avec soin et résolut de s’assassiner afin de
se voler ensuite et par ainsi dépenser sans
scrupules l’argent de ses économies.
Il acheta un revolver et guetta avec une
patience inouïe le moment propice de com-
mettre son horrible forfait. Un jour qu’il
se regardait dans la glace, il saisit l’occa-
sion par les cheveux et, comme il se voyait
de dos, il se visa lâchement entre les deux
épaules... Tom Popleed poussa un grand
cri et la glace s’écroula en mille mor-
ceaux... On sait le reste, comment victime
d’un crime dont lui-même était l’auteur,
il vint déposer sa plainte à mon bureau.
Tom Popleed fut condamné, conclut Bob
Boulmulay en haussant les épaules, il fut
condamné avec les circonstances atté-
nuantes et pour cette même raison qu’il
avait été son assassin, il dut se verser une
amende de 25.UU0 livres, qu’il paya de sa poche bien entendu,
ce qui lui permit de continuer à vivre confortablement grâce
aux 250 livres qu’il s’octroyait mensuellement, sans préjudice
de ses 5 ans de hard labour qu’il tira de bout en bout comme
un gredin qu’il était, c’est-à-dire comme vous et moi.
Ce jour-là, j’étais assis à mon bureau de Scotland Yard, dont
je suis, vous savez, un des détectives les plus éclairés et lumi-
neux à la fois, quand un policeman introduisit un individu
entre plusieurs âges, du genre gros joufflu et vêtu avec une cer-
taine recherche. « Sir, me dit cet homme, je viens d’être
l’innocente victime d’un épouvantable assassinat. Un homme,
poussé par je ne sais quel sordide et damné instinct crapuleux,
m’a tiré cinq balles de revolver à bout portant! » Puis il tomba
sur une chaise et s’endormit instantanément d’un profond som-
meil.
Il n’y avait pas à en douter, je me trouvais en présence d’un
crime abominable et mystérieux.
Je me rendis immédiatement en cab sur les lieux du crime.
Ayant pénétré dans l’appartement, je remarquai que tout était
en ordre et ceci me permit de réunir des indices capables de me
mettre sur la piste du coupable (car j’étais sûr qu’il n’y avait
qu’un coupable, la porte du logement n’étant pas assez grande
pour laisser passer deux hommes à la foisj.
Tout d’abord j’appris que la victime s’appelait Thomas Popleed.
Thomas Popleed était comptable de son métier, c’était un
homme intempérant, mais coquet et soigneux. Des indiscrétions
m’apprirent que sa coquetterie était telle, qu’il se pliait chaque
soir soigneusement sur le dos d’une chaise au lieu de se coucher
en désordre.
J’appris également qu’il vivait seul avec un animal qu’il ado-
rait : c’était un escargot angora du Honduras, qu’il enfermait
dans une cage à serins sur une couche de sel gris...
Avec tous ces documents et surtout grâce à cet instinct du
détective qui est comme une constante révélation du Seigneur,
ma conviction ne tarda pas à s’aflirmer, je tenais le coupable.
En rentrant au bureau, mon premier soin fut de faire arrêter
Tom Popleed qui protesta en hurlant par tous les fils du diable
qu’il était un fils de famille.
Sur ce, sans m’émouvoir, je procédai à l’interrogatoire de
celui que je croyais l’assassin.
La victime, c’est-à-dire Tom Popleed, maintenait sa plainte en
manifestant une arrogance joyeuse. Quand je lui dis que je con-
naissais l’assassin, il se tapa sur les cuisses d’un air goguenard
et se contenta de répondre : « Ah! ah! »
Le fixant dans les yeux, je lui criai en pleine face : « Ton
Popleed, vous vous plaignez d’avoir été assassiné, c’est bien; £
l’heure actuelle on connaît l’assassin... c’est vous! »
Pierre Mac Orlan.
LENDEMAIN DE REVEILLON
— Et sur leur tas d’ordures, il y avait des coquilles d’huîtres et
des carapaces d’écrevisses, madame,
Dessin de Ch. Ladorul.