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Le rire: journal humoristique — N.S. 1911 (Nr. 415-438)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0009

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JANVIER

L’an pluoieuas à l'an plus jeune. —• Adieu, gamin, bonjour à tes clients ; je te laisse le seau a Pluie et la boîte a Impôts pour les dégraisser...
ils seront propres.

LE RIRE DE LA SEMAINE

M. Bérenger ne veut pas que MUe Régina Badet se déshabille
devant les Parisiens pour obtenir, non son acquittement, mais
celui de MM. Pierre Louys et Frondaie, les auteurs de la
Femme et le Pantin. Le gardien de notre pudeur nationale a
protesté contre ce sein qu’il ne saurait voir et l’avoué à la vin-
dicte publique.

Résultat : du jour où les journaux ont enregistré cette protes-
tation, le théâtre Antoine a fait le maximum.

D’innombrables personnes extrêmement vertueuses se sont
dit :

— Cette exhibition d’une femme nue, qu’on dit assez bien
laite, est scandaleuse... Allons vite contempler ce honteux spec-
tacle !

Et dare-dare (si j’ose ainsi dire), elles s’en furent louer des
fauteuils de premier rang ou des avant-scènes pour être le plus
près possible de la coupable Régina.

Moi-même, je l’avoue, j’ai fait partie d’une Ligue de moralité
publique; cela s’appellait le « Syndicat des gens vertueux ».
Jamais je n’ai vu tant de choses scandaleuses qu’à cette époque...
Ious les deux ou trois jours, je recevais des avis ainsi conçus :

Syndicat des gens vertueux
« Monsieur,

« Vous êtes prié de vous transporter sans retard au Concert
des Vice-Consuls où vous ferez une enquête sur les exhibitions
de nu offertes au public.

« Après quoi, vous nous dresserez un rapport circonstancié,
avec croquis si possible.

« Le Secrétaire,

« Godefroy Strickmann. »

Sans cette consigne,je ne serais jamais allé dans ce caf’-conc'.
Je m’y rendais, j’y contemplais des petites femmes très dévê-

tues; après quoi, rentré chez moi, je rassemblais mes souvenirs,
^écrivais de lubriques descriptions, je traçais des croquis extrê-
mement lestes, bref, je me mettais dans un tel état que, à ce
moment,ma vertu n’offrait plus aucune résistance aux tentations
du Malin. Et c’est ainsi que j’ai mangé mon patrimoine avec ces
petites femmes que le Syndicat des gens vertueux m’avait en
quelque sorte présentées.

Il faut être bien sûr de soi pour jouer ce rôle de Mentor;
pour ma part, j’ai lâché la vertu professionnelle... C’est d’ailleurs
depuis que je suis devenu sage.

*

* *

La corporation des huissiers est également obligée, au nom de
la morale, d’exposer ses vertus à de grands dangers. Certains
constats ne peuvent être faits que dans des conditions qui
inquiètent à juste titre les disciples de M. Bérenger.

Deux procès récents sont, à ce sujet, très significatifs. Dans la
première affaire, il s’agit d’une maison de rendez-vous. A vrai
dire, cette maison n’était qu’un entresol... Un des locataires des
étages supérieurs s’étonna de rencontrer dans l’escalier tant de
petites femmes et de vieux messieurs qui, toutes et tous, se ren-
daient chez la dame, d’allures si respectables cependant, de l’en-
tresol. Le doute n’était pas permis!.. Cet immeuble, loué bour-
geoisement, était contaminé par une « industrie immorale ». Le
locataire mécontent demanda la résiliation de son bail ; le pro-
priétaire refusa, en prétextant que la dame incriminée était une
femme du monde pourvue de nombreuses relations artistiques.

— Artistiques! s’exclama le gêneur; nous verrons bien!

Et il fit appel à un huissier qu’il chargea de faire des constats
sans réplique.

L’officier ministériel choisi porte des favoris blancs : il a
une bonne tête de conseiller à la Cour de cassation. Bref, le
client classique des maisons où l'on passe...

De son premier constat, détachons simplement ceci :

« ... M’étant transporté dans la maison sus-indiquée, je me
suis assis sur une banquette installée au palier de l’entresol. De
cinq à six heures de l’après-midi, j’ai vu une jeune soubrette,
aux lèvres teintes, aux cheveux oxygénés, ouvrir la porte à onze
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