DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0010
PARIS-PORT-DE-ME R
— C’est un truc pour empêcher la Seine de déborder...
messieurs : sept vieillards, dont trois décorés ; deux messieurs
d'âge mûr; un nègre et un lycéen. Tous sont entrés silencieuse-
ment, sans même demander si la locataire, titulaire du bail, était
visible.
« Dans le même temps, six jeunes femmes se sont présentées
et ont été reçues : deux brunes, trois blondes et une mulâtresse.
Toutes étaient vêtues avec une élégance qui n’est pas celle des
honnêtes femmes (sic).
« J’ai entendu des rires perçants, des détonations de bouteilles
de champagne et de nombreuses exécutions de la Veuve joyeuse
par un piano que je crois mécanique (sic).
« En foi de quoi, etc. »
Deuxième constat :
« M’étant transporté à l’entresol sus-indiqué, j’ai pressé le
bouton électrique et aussitôt j’ai été introduit dans l’antichambre
par une soubrette très delurée qui m’a dit :
« — Monsieur ne connaît pas une de ces dames ?
« — Non, ai-je répondu à tout hasard.
« —Nous en avons de très gentilles. Que Monsieur me suive.
« Ne songeant qu’à remplir mon devoir professionnel, j’ai suivi
et quelques minutes après, j’ai été introduit dans un salon assez
vaste où sept jeunes femmes, en toilette de soirée, trèsdécolletées,
étaient assises. A ma vue, elles se sont levées et se sont avancées
vers moi. Au même instant, une dame âgée, vêtue d’une robe de
velours grenat, est entrée et m’a dit :
« — Elles sont toutes très gentilles et bien dressées. Ce sont
des femmes mariées...
« — Vraiment ?
<« — Je vous les garantis mariées dans la meilleure société.
« Sollicité de faire mon choix, je me demandai si mon devoir
professionnel, auquel je dois songer avant tout, me commandait
de pousserplus loin l’expérience. Après hésitation, je jugeai que
ma religion était suffisamment éclairée,et, prétextant une affaire
urgente, je ne tardai pas à me retirer, en promettant (pour la
forme seulement) de revenir bientôt en amenant mes amis et
même, m’a dit la maîtresse de maison, des « femmes curieuses »,
si j’en connaissais.
« En foi de quoi... »
L’autre procès a fourni à un autre huissier l’occasion de cons-
tater qu’une locataire mettait son appartement à la disposition
de couples de passage. Par sept fois, il s’est fait recevoir avec des
compagnes de hasard, dans cet intérieur hospitalier, la dernière
fois avec une fille en cheveux.
Au tribunal, l’avocat du demandeur a cru devoir déclarer que
cet huissier était célibataire et que, d’ailleurs, s’il était resté dans
la Chambre le temps immoralement nécessaire à l’accomplisse-
ment des... formalités d’usage, il notait pas sorti de la réserve
qui convenait au caractère de sa mission toute juridique.
Gardons-nous d’en douter... Les huissiers n’ont pas trente-deux
manières d’instrumenter !
*
* *
Monsieur fait partie du Siarter-Club ; Madame du Lycœum-
Club; le petit Bob du Babies-Club; la bonne du Maid’s-Club; et
Friquet du Dogs-Club ou plutôt du Cleb-Club.
Qui ne fait pas partie d’un cercle ?
Remarquez que ces gens de clubs sont précisément ceux qui
s’en vont répétant :
— La vie de famille n’existe plus... Tout s’écroule !
Et les nobles dames qui veulent ressusciter la vieille France
vont dîner au Lycœum-Club, sous la présidence de Mm6 la
duchesse d’Uzès. Evidemment, on les surprendrait beaucoup, si
on leur disait :
— Une femme doit dîner avec son mari... et même (mais ceci
est peut-être excessif) avec ses enfants.
11 est vrai qu’elles pourraient répondre :
— Mon mari dîne au cercle quand il est seul et au restaurant
quand il est avec sa maîtresse. Pourquoi n’aurais-je pas mon
club pour aller dîner quand je suis seule ?
Rien de plus juste, en effet. Et c’est ainsi que le problème de
la dépopulation est intimement lié à celui de la quadrature du
cercle.
Ve Lycœum-Club est, à l’insu peut-être de celles qui en font
partie, une forteresse avancée du féminisme. Espérons cependant
que sa présidente fera installer un salon de réception où ces
» lycéennes » pourront recevoir, à certaines heures, leur mari.
Pick-me-u P.
l’unification de l’heure
—- Puisque tout le monde va rajeunir de neuf minutes vingt et une
secondes, prufitous-en pour nous chapeauter un peu moins sévère.
Dessins de Metivet.
— C’est un truc pour empêcher la Seine de déborder...
messieurs : sept vieillards, dont trois décorés ; deux messieurs
d'âge mûr; un nègre et un lycéen. Tous sont entrés silencieuse-
ment, sans même demander si la locataire, titulaire du bail, était
visible.
« Dans le même temps, six jeunes femmes se sont présentées
et ont été reçues : deux brunes, trois blondes et une mulâtresse.
Toutes étaient vêtues avec une élégance qui n’est pas celle des
honnêtes femmes (sic).
« J’ai entendu des rires perçants, des détonations de bouteilles
de champagne et de nombreuses exécutions de la Veuve joyeuse
par un piano que je crois mécanique (sic).
« En foi de quoi, etc. »
Deuxième constat :
« M’étant transporté à l’entresol sus-indiqué, j’ai pressé le
bouton électrique et aussitôt j’ai été introduit dans l’antichambre
par une soubrette très delurée qui m’a dit :
« — Monsieur ne connaît pas une de ces dames ?
« — Non, ai-je répondu à tout hasard.
« —Nous en avons de très gentilles. Que Monsieur me suive.
« Ne songeant qu’à remplir mon devoir professionnel, j’ai suivi
et quelques minutes après, j’ai été introduit dans un salon assez
vaste où sept jeunes femmes, en toilette de soirée, trèsdécolletées,
étaient assises. A ma vue, elles se sont levées et se sont avancées
vers moi. Au même instant, une dame âgée, vêtue d’une robe de
velours grenat, est entrée et m’a dit :
« — Elles sont toutes très gentilles et bien dressées. Ce sont
des femmes mariées...
« — Vraiment ?
<« — Je vous les garantis mariées dans la meilleure société.
« Sollicité de faire mon choix, je me demandai si mon devoir
professionnel, auquel je dois songer avant tout, me commandait
de pousserplus loin l’expérience. Après hésitation, je jugeai que
ma religion était suffisamment éclairée,et, prétextant une affaire
urgente, je ne tardai pas à me retirer, en promettant (pour la
forme seulement) de revenir bientôt en amenant mes amis et
même, m’a dit la maîtresse de maison, des « femmes curieuses »,
si j’en connaissais.
« En foi de quoi... »
L’autre procès a fourni à un autre huissier l’occasion de cons-
tater qu’une locataire mettait son appartement à la disposition
de couples de passage. Par sept fois, il s’est fait recevoir avec des
compagnes de hasard, dans cet intérieur hospitalier, la dernière
fois avec une fille en cheveux.
Au tribunal, l’avocat du demandeur a cru devoir déclarer que
cet huissier était célibataire et que, d’ailleurs, s’il était resté dans
la Chambre le temps immoralement nécessaire à l’accomplisse-
ment des... formalités d’usage, il notait pas sorti de la réserve
qui convenait au caractère de sa mission toute juridique.
Gardons-nous d’en douter... Les huissiers n’ont pas trente-deux
manières d’instrumenter !
*
* *
Monsieur fait partie du Siarter-Club ; Madame du Lycœum-
Club; le petit Bob du Babies-Club; la bonne du Maid’s-Club; et
Friquet du Dogs-Club ou plutôt du Cleb-Club.
Qui ne fait pas partie d’un cercle ?
Remarquez que ces gens de clubs sont précisément ceux qui
s’en vont répétant :
— La vie de famille n’existe plus... Tout s’écroule !
Et les nobles dames qui veulent ressusciter la vieille France
vont dîner au Lycœum-Club, sous la présidence de Mm6 la
duchesse d’Uzès. Evidemment, on les surprendrait beaucoup, si
on leur disait :
— Une femme doit dîner avec son mari... et même (mais ceci
est peut-être excessif) avec ses enfants.
11 est vrai qu’elles pourraient répondre :
— Mon mari dîne au cercle quand il est seul et au restaurant
quand il est avec sa maîtresse. Pourquoi n’aurais-je pas mon
club pour aller dîner quand je suis seule ?
Rien de plus juste, en effet. Et c’est ainsi que le problème de
la dépopulation est intimement lié à celui de la quadrature du
cercle.
Ve Lycœum-Club est, à l’insu peut-être de celles qui en font
partie, une forteresse avancée du féminisme. Espérons cependant
que sa présidente fera installer un salon de réception où ces
» lycéennes » pourront recevoir, à certaines heures, leur mari.
Pick-me-u P.
l’unification de l’heure
—- Puisque tout le monde va rajeunir de neuf minutes vingt et une
secondes, prufitous-en pour nous chapeauter un peu moins sévère.
Dessins de Metivet.