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Le rire: journal humoristique — N.S. 1911 (Nr. 415-438)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0012

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LES « COCHONS DE PAYANTS »

— C’est dégoûtant ! Il n’y a plus moyen de circuler ici. A partir de demain l'accès des quais sera interdit au public !

Dessin de G. Davis.

PREMIERE !

C’est à Buenos-Ayres, je crois, que la chose se passa. J’étais à
cette époque, monsieur, dans la plus noire misère. Je n’hésitai
donc pas à monter sur les planches pour essayer de gagner les
quelques sous nécessaires à mon entretien.

J’ai une voix com me tout le monde, mais, à ce titre même, insuf-
fisante pour chanter un grand opéra comme la « Favorite ». Il
fallut pourtant m'engager en qualité de fort ténor dans une com-
pagnie qui voyageait à travers l’Amérique du Sud.

Pour corser la scène, j’avais déclaré que je chanterais mon
rôle la tète plongée dans un seau d’eau. C’était assez neuf
comme effet, et mon manager, le colonel Bill Schop, était assez
partisan de cette petite innovation.

A vrai dire, mon numéro ne passait qu’en deuxième ordre. Le
clou de la soirée était le 1er acte de Manon joué par des nègres
du Guatemala. Ces nègres à la fin de l’acte dévoraient la chanteuse
chargée de ce rôle ingrat.

Le soir de la première, plus de six mille spectateurs se pressaient
dans les toges, balcons et fauteuils d'orchestre de l’Empire-
Théâtre.

Tout le personnel, acteurs et machinistes, était sur les dents,
car la troupe, comme je l’ai dit, n’etait composée que d’une bande
d’aventuriers n’entendant pour ainsi dire rien aux choses du
théâtre.

Pour faire des économies il avait été décidé que l’on jouerait
les partitions sans musique.

On tape les trois coups et nous commençons par une petite
pièce en un acte, intitulée les Deux Gosses. C’était l’histoire de
deux en fants qui ne peuvent se séparer dans la vie et finissent par
mourir dans les bras l’un de l’autre. Pour donner plus de vérité
à cette situation, on avait engagé deux phénomènes dans le genre
de Posa et Josepha.

L’acte se termine sans un applaudissement. C’était à croire
que le public était gelé ou bougrement difficile.

— Il va se dégeler tout à l’heure quand on jouera Manon!
dit le colonel Bill Schop.

On refrappe trois coups et je chante la tête dans mon seau.

Pas un applaudissement.

— Vous voyez, me dit le colonel, je vous l’avais dit, c’est une
blague de crétin, devant un public intelligent, ça ne rend pas!

J'admets et !’on joue Manon, avec la scène de cannibalisme
par les nègres.

Pas un bruit, rien, c’était à n’y pas croire.

— C’est inouï, inouï, disait le manager Bill Schop, je n’ai
jamais vu un public aussi indifférent!

A ce moment on entendit une voix qui venait d’en haut: c’était
celle du machiniste.

— Vous savez, disait ce misérable, il y a cinq heures que je
cherche le truc pour lever le rideau, impossible de mettre la
main dessus. Je ne suis pourtant pas saoul, mais à moins d’une
intervention de Dieu, je ne vois aucun moyen pour le lever ce
soir, demain et jours suivants, non en vérité !

— Vous prêter 25 louis, c’est très joli! Et si vous mourez demain?

— Oh ! ! monsieur, cette supposition!... Je suis pauvre... mais hon-
nête ! ! Dessin cfA. Bertrand.
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