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https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0016
LE JEU DES HYPOTHÈSES
— Allons, voyons, quel âge me donnez-vous ?
— Ecoutez, je vous en donnerais bien un, mais vous ne l’accepteriez pas !’
Dessin de Düdocyt.
GAILLARDEMENT
CHAT EN POCHE
Que vous achetez chat en poche;
Car ce qu’on va le chat nommant
N’est pas, bien que Boileau le dise,
Toujours un chat précisément.
(Vous entendez la gaillardise '!)
En revenant à mon sujet,
Je dois vous conter que Silvandre
Aimait Elmire et s’affligeait
De la voir si fort se défendre.
« Lorsque vous serez mon époux,
Vous obtiendrez tout », disait-elle;
« Mais, jusque-là, résignez-vous,
Silvandre, point de bagatelle. »
Mais, à cet arrêt sans détour,
Silvandre faisait la grimace,
Et s’écriait : « Mon cher amour,
Je ne vous connais qu’en surface! »
Bref, il voulait (pas si bouffon!)
Lui prendre un pain sur la fournée,
Afin de la connaître au fond,
Avant le jour de l’hyménée,
Alléguant qu’en tout, il est vain
De s'en fier à. la surface ;
Tant et si bien qu’Elmire, enfin,
Dit: (i Soit, donc! Et grand bien vous fasse ! »
Or, il advint (les choses vont
Ainsi, parfois, et je l’admire)
Que sur la surface le fond
L’emportait encor chez Elmire.
Et pour l’épouser à l’instant,
Silvandre commanda le coche,
Rassuré dès lors, et content
De n’acheter point chat en poche.
Et maintenant, mes bons messieurs.
Librement laissez-moi prétendre
Que vos affaires iraient mieux,
Si vous faisiez comme Silvandre
Georges Docquois.
On l’a mille fois répété,
Que bien trompeuse est l’apparence.
Sous son riche aspect velouté,
Il se peut que le fruit soit rance.
N’est-il pas rance? Ou bien l’est-il ?
En croire sa seule pelure
Serait d’un esprit peu subtil ;
Il faut l’acheter, pour conclure.
Qu’on y mordît auparavant,
L’on saurait s’il est sans reproche;
Mais c’est défendu! Trop souvent,
L’on achète ainsi chat en poche.
Vous avez beau faire du bruit,
Le fruit vous reste, même rance.
Or, la femme est pareille au fruit;
Je n’y vois nulle différence.
Elle peut avoir fort bel air
Et ne rien valoir sous sa cosse;
Mais vous ne le saurez, c’est clair,
Mon bon ami, qu’après la noce.
Et c’est dans ce cas, mon garçon,
Qu’on peut dire, sans anicroche,
Et de très exacte façon,
RECOMPENSE
Et puis, si tu es bien sage..., demain, tu auras de l’huile de
foie de morue ! !
Dessin de Mirande.
— Allons, voyons, quel âge me donnez-vous ?
— Ecoutez, je vous en donnerais bien un, mais vous ne l’accepteriez pas !’
Dessin de Düdocyt.
GAILLARDEMENT
CHAT EN POCHE
Que vous achetez chat en poche;
Car ce qu’on va le chat nommant
N’est pas, bien que Boileau le dise,
Toujours un chat précisément.
(Vous entendez la gaillardise '!)
En revenant à mon sujet,
Je dois vous conter que Silvandre
Aimait Elmire et s’affligeait
De la voir si fort se défendre.
« Lorsque vous serez mon époux,
Vous obtiendrez tout », disait-elle;
« Mais, jusque-là, résignez-vous,
Silvandre, point de bagatelle. »
Mais, à cet arrêt sans détour,
Silvandre faisait la grimace,
Et s’écriait : « Mon cher amour,
Je ne vous connais qu’en surface! »
Bref, il voulait (pas si bouffon!)
Lui prendre un pain sur la fournée,
Afin de la connaître au fond,
Avant le jour de l’hyménée,
Alléguant qu’en tout, il est vain
De s'en fier à. la surface ;
Tant et si bien qu’Elmire, enfin,
Dit: (i Soit, donc! Et grand bien vous fasse ! »
Or, il advint (les choses vont
Ainsi, parfois, et je l’admire)
Que sur la surface le fond
L’emportait encor chez Elmire.
Et pour l’épouser à l’instant,
Silvandre commanda le coche,
Rassuré dès lors, et content
De n’acheter point chat en poche.
Et maintenant, mes bons messieurs.
Librement laissez-moi prétendre
Que vos affaires iraient mieux,
Si vous faisiez comme Silvandre
Georges Docquois.
On l’a mille fois répété,
Que bien trompeuse est l’apparence.
Sous son riche aspect velouté,
Il se peut que le fruit soit rance.
N’est-il pas rance? Ou bien l’est-il ?
En croire sa seule pelure
Serait d’un esprit peu subtil ;
Il faut l’acheter, pour conclure.
Qu’on y mordît auparavant,
L’on saurait s’il est sans reproche;
Mais c’est défendu! Trop souvent,
L’on achète ainsi chat en poche.
Vous avez beau faire du bruit,
Le fruit vous reste, même rance.
Or, la femme est pareille au fruit;
Je n’y vois nulle différence.
Elle peut avoir fort bel air
Et ne rien valoir sous sa cosse;
Mais vous ne le saurez, c’est clair,
Mon bon ami, qu’après la noce.
Et c’est dans ce cas, mon garçon,
Qu’on peut dire, sans anicroche,
Et de très exacte façon,
RECOMPENSE
Et puis, si tu es bien sage..., demain, tu auras de l’huile de
foie de morue ! !
Dessin de Mirande.