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Le rire: journal humoristique — N.S. 1911 (Nr. 415-438)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0038

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ÉLECTIONS

A quoi bon faire tant de manières pour asseoir dans les fauteuils académiques les représentants féminins de l’art, quand on n’hésite pas à
installer dans le fauteuil présidentiel de la Chambre la vieille gaîté française en son incarnation masculine?

LE RIRE DE LA SEMAINE

Simple dépêche :

Bruxelles. — « M. Dubec, chanteur comique français, avait
été engagé dans un café-concert bruxellois. Un agent-censeur
— car nous avons maintenant des agents-censeurs — lui dressa
procès-verbal pour « chansons obscènes avec gestes indécents ».
Assigné devant le tribunal correctionnel, M. Dubec s’est vu
condamner, après débats à huis clos, à cinq mois de prison et
500 francs d’amende. »

Je n’ai jamais entendu parler de M. Dubec, chanteur comique
français, et j’ignore de la façon la plus complète si son répertoire
et sa mimique sont vraiment attentatoires aux bonnes mœurs.
Mais quelque chose m’inquiète dans cette dépêche : c’est
l’agent-censeur.

Imaginez ce sergot bruxellois chargé de contrôler les refrains
des bouis-bouis où de pauvres diables de sous-Mayol ou de sous-
Dranem s’efforcent de faire rire M. Beulemans et sa digne
épouse... Quelles peuvent être les connaissances littéraires et
artistiques d’un agent de la rue Montagne-aux-Herbes-Pota-
gères?

Mais craignons que Paris, à l’instar de Bruxelles, n’ait bien-
tôt, lui aussi, ses sergots-censeurs... Nous vivons à une époque
où la vertu officielle tend à devenir de plus en plus laïque et
obligatoire : elle manque de discrétion, la gaillarde, et tous les
moyens lui sont bons pour empêcher les honnêtes gens de vivre
selon la saine et joyeuse loi de Rabelais, lequel cependant était
curé.

Je m’attends, pour ma part, à la prochaine apparition de
l’agent-censeur parisien. Vous verrez, nous l’aurons. Et ma foi,
ce sera très drôle... Quel parti en tireront les revuistes!

Imaginez cette scène :

La Tirelire. — Mettez quelque chose dans ma petite fente...

L'agent-censeur. — Subséquemment, que je verbalise...

La Tirelire. — Et pourquoi? Je suis la petite sœur du bas de
laine français...

L'agent-censeur. — Vous êtes immorale!

La Tirelire. — Moi, l’honnêteté en personne?... Souhaitez
plutôt que tout le monde m’apportant ses petites économies, je
sois bientôt pleine !

L'agent-censeur. — C’est honteux, dégoûtant, superfétatoire
et déliquescent. Je dresse procès-verbal.

Après quoi, l’agent-censeur verbaliserait contre le compère,
la commère, les auteurs, les directeurs, le chef d’orchestre, le
public, etc... A quels excès peut se livrer la vertu d’un bon
sergot?

Pour ma part, je plains nos coquins de neveux, qui ne seront
pas coquins du tout, la pudeur d’Etat les obligeant à devenir les
héros, d’ailleurs hypocrites, d’une nouvelle morale en actions.

L’agent-censeur stationnera au coin des rues pour protéger
les petites femmes contre les vieux marcheurs, il interdira aux
passantes de se retrousser au-dessus de la cheville, il dira :
« Circulez », aux admirateurs de la Vénus du Luxembourg, il
sera, enfin, le représentant évident et tyrannique de la venu
officielle, — la vertu bien connue des ministres, des parlemen-
taires, des magistrats, etc.

Et ça, vous savez, c’est une vertu avec garantie du gouverne-
ment !

*

* *

Que de gaffes on peut commettre dans un salon!

Vous vous approchez d’un ami intime, — que vous ne ren-
contrez, comme beaucoup d’amis intimes, que tous les cinq ou
six ans.

— Et madame? demandez-vous, la bouche en cœur... Donnez-
moi donc des nouvelles de votre charmante femme.

Le monsieur vous regarde d’un air froid et répond :

— Ma charmante femme? Je suis divorcé depuis deux ans...

Le même soir, vous apercevez Mme Durand. Baisement de

main, compliments, puis :

— Et M. Durand? Je ne vois pas ce vieux Durand, la perle
des hommes...

— Quel Durand?

— Mais... votre mari!

— Monsieur, je suis Mme Dupont depuis l’année dernière.

C’est pour permettre d’éviter ces gaffes qu’un de nos confrères

demandait, l’autre jour, la création du « faire-part de divorce ».
Ce serait une simple carte de bristol blanc (ou jaune) sur laquelle
les amis et connaissances, et même les autres, liraient :

« M.

« J’ai l’honneur et le plaisir de vous annoncer que le Tribunal
m’a débarrassé de ma femme (ou de mon mari) et que j’ai
repris, légalement, ma liberté. »
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