l’émotion d’un premier début !
— Tu n’es donc pas content d’avoir une belle culotte
— Si...
— Alors, pourquoi qu’tu pleures?
— J’ai fait dedans ! Dessin de Genty.
C’EST TRÈS JOLI
de plaisanter et de baliverner, mais il est
bon aussi de penser quelquefois aux choses
sérieuses. C’est pourquoi je veux vous
indiquer aujourd’hui
LA MANIÈRE DE FAIRE DU FEU
AVEC UN CANARD.
Cette recette, je vous en préviens, n’est
pas à la portée de tout le monde. Il faut
tout d’abord être totalement dénué de sou-
iers, j eune, dégourdi, trop faible, hélas!
pour travailler, et fils unique d’une pauvre
mand !!!
Der, die,
l’invasion
' Alors, maintenant, jusqu’au lycée où on vous fournit de l’article alle-
Dessin de J. Hémard.
veuve ayant résisté par miracle aux mau-
vais traitements de son ivrogne de mari.
Il faut de plus habiter une chaumière
isolée, à quelques pas d'un chemin vicinal
s’il se peut, mais en tout cas relativement
carrossable; — et ceci, non pas en Pro-
vence, dans le Gâtinais, ni même le Hure-
poix, mais en Picardie, dans la maréca-
geuse Picardie.
Enfin, il est indispensable de posséder
pour tout bétail, un canard.
Telle était exactement la triste condition
du jeune Hilaire Deloyson à qui je dois
cette précieuse recette, lorsque, voyant
venir novembre, il pressentit, avec un flair
digne du Triple-Liégeois, qu’il ne ferait
bientôt pas plus chaud que ça.
« Diabe, de nom de nom! pensa-t-il,
comment qu’on va core s’ débrouiller à
c’ t’hiver? Environ la Noël, la ch’minée a
bon appétit... et n’y aura rien de rien à lui
donner, sinon trois, quatre brindilles par-
ci, par-là! .. Si seul’ment on pourrait glaner
quèques tas de c’te belle tourbe noire qu’
ces galapiats d’Estrébœuf ramènent chaque
matin dans leux chariots!... La tourbe,
comme on dit, c’est T carbon du pauve.
Mais y a pauves et pauves! Et nous autres,
on l’est core trop pour enn’ acheter... Diabe,
de nom d’un nom... »
— Tu n’es donc pas content d’avoir une belle culotte
— Si...
— Alors, pourquoi qu’tu pleures?
— J’ai fait dedans ! Dessin de Genty.
C’EST TRÈS JOLI
de plaisanter et de baliverner, mais il est
bon aussi de penser quelquefois aux choses
sérieuses. C’est pourquoi je veux vous
indiquer aujourd’hui
LA MANIÈRE DE FAIRE DU FEU
AVEC UN CANARD.
Cette recette, je vous en préviens, n’est
pas à la portée de tout le monde. Il faut
tout d’abord être totalement dénué de sou-
iers, j eune, dégourdi, trop faible, hélas!
pour travailler, et fils unique d’une pauvre
mand !!!
Der, die,
l’invasion
' Alors, maintenant, jusqu’au lycée où on vous fournit de l’article alle-
Dessin de J. Hémard.
veuve ayant résisté par miracle aux mau-
vais traitements de son ivrogne de mari.
Il faut de plus habiter une chaumière
isolée, à quelques pas d'un chemin vicinal
s’il se peut, mais en tout cas relativement
carrossable; — et ceci, non pas en Pro-
vence, dans le Gâtinais, ni même le Hure-
poix, mais en Picardie, dans la maréca-
geuse Picardie.
Enfin, il est indispensable de posséder
pour tout bétail, un canard.
Telle était exactement la triste condition
du jeune Hilaire Deloyson à qui je dois
cette précieuse recette, lorsque, voyant
venir novembre, il pressentit, avec un flair
digne du Triple-Liégeois, qu’il ne ferait
bientôt pas plus chaud que ça.
« Diabe, de nom de nom! pensa-t-il,
comment qu’on va core s’ débrouiller à
c’ t’hiver? Environ la Noël, la ch’minée a
bon appétit... et n’y aura rien de rien à lui
donner, sinon trois, quatre brindilles par-
ci, par-là! .. Si seul’ment on pourrait glaner
quèques tas de c’te belle tourbe noire qu’
ces galapiats d’Estrébœuf ramènent chaque
matin dans leux chariots!... La tourbe,
comme on dit, c’est T carbon du pauve.
Mais y a pauves et pauves! Et nous autres,
on l’est core trop pour enn’ acheter... Diabe,
de nom d’un nom... »