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Le rire: journal humoristique — N.S. 1911 (Nr. 415-438)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0770

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ÉTRENNES OU « LES POTS CASSÉS »
— De la part de ces messieurs du Ministère.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Me Dessaix est huissier à Paris. C’est un monsieur très grave,
( omme tous les huissiers, et son existence est des plus correctes.

Pourtant, l’autre jour, on vit Me Dessaix accoster ou se Faire
accoster, place de la République, par une jeune personne évi-
demment cataloguée à la Préfecture de police.

— Tu veux, mon chéri? demanda cette enfant qui, pareille à
Diogène, cherchait un homme.

Et elle ajouta :

— Tu verras, je serai bien polissonne !...

Me Dessaix accepta et conduisit sa conquête dans un hôtel
meublé de trente-deuxième ordre. Arrivé dans la chambre, il
posa sa serviette sur la table tandis que sa compagne s’apprêtait
à se servir de celle de l’hôtel...

— Voyons, dit l’ingénue, mets-toi à ton aise !...

— Inutile.

— Quoi, tu vas rester en redingote, avec ton tube? T’en as,
du vice !...

— Mademoiselle...

— Mademoiselle? Ta bouche !... j’m’appelle Boule-de-Gomme...

— Eh bien, mademoiselle Boule-de-Gomme, il est inutile de
continuer vos préparatifs. Je n’aurai pas recours à vos bons
offices...

— J’te déplais? T’as tort... Tu ne sais pas ce que tu perds.

— Non, je suis amené ici par un devoir professionnel. Le
propriétaire de cet hôtel m’a chargé de constater que sa maison,
destinée à un commerce honnête, est transformée en une maison
trop hospitalière pour les amours de passage. Je suis huissier,
j’instrumente...

— C’est ça, instrumente, mon petit.

— Non, non, pas comme vous l’entendez!...

Me Dessaix faisait mine de se retirer. Mais la jeune personne
se récria :

— Eh bien ! et ma galette ?

— Voici cinq francs.

Elle glissa la « thune » dans son bas, puis, tranquillement,
déclara :

— Mon bébé en sucre de pomme, puisque t’es huissier, tu vas
me donner un renseignement... Figure-toi que mon proprio à
moi m’a donné congé rapport que je rentrais trop tard la nuit.
C’est-y qu’il a le droit?...

Me Dessaix est un galant homme et un démocrate. 11 donna à
la pierreuse la consultation juridique qu’elle lui demandait. Et,
bon garçon, il n’exigea pas la restitution de ses cent sous à titre
d’honoraires.

Cette amusante aventure a été racontée par Me Dessaix lui-
même à la barre de la cinquième chambre au cours du pfocès
intenté par le propriétaire de l’hôtel à son locataire... Le prési-
dent n’a pas cru devoir féliciter l’officier ministériel pour sa
rigide conscience. 11 a eu tort... Saluons la chasteté, vertu
diablement rare à, notre époque pervertie!...

Et dédions cette histoire à un des auteurs du Grand-Guignol.

*

* *

M. de Monzie a déposé une proposition de loi qui, si elle était
votée, interdirait formellement l’emploi des enfants au théâtre.

L’excellent député prétend que l’atmosphère des coulisses est
des plus démoralisantes... Qu’il me permette de lui dire que
c’est là un vieux cliché.

On voit bien qu’en fait de coulisses, M. de Monzie ne fréquente
que celles du Palais-Bourbon. Je reconnais qu’elles sont bigre-
ment démoralisantes pour les jeunes et surtout pour les vieux
enfants. Mais les coulisses de théâtre ne sont pas ce qu’il croit,
loin de là! J’y suis allé assez souvent, moins souvent que
Léopold II ou M. Clemenceau. Qu’y ai-je vu? Qu’y ai-je entendu?
Rien qui puisse choquer la pudeur la plus chatouilleuse.

Ici, c’est un acteur qui remâche les répliques d’un rôle qu’il
sait mal; là, c’est une petite cabotine qui fait du tricot... Des
femmes passent, très décolletée^. Mais elles le sont moins que
des femmes du monde, dans un salon... collet-monté.

Les coulisses des music-halls? Je suis allé dans celles des
Folies-Bergère... Savez-vous ce qu’on y voit, monsieur de
Mon zie ?

Des acrobates qui, avant d’entrer en scène, f<mt quelques
exercices d’assouplissement. D’ailleurs, la vertu des acrobates
est légendaire .. Essayez donc de flirter avec la « femme-obus »
ou la e porteuse » de l'a troupe icarienne et vous serez bien reçu.

Les figurantes? Elles sont parquées dans leur loge... Si vous
pouvez y pénétrer, vous les surprendrez en train de ravauder
des bas ou de lire une édition à bon marché d’Alexandre Dumas.
Elles parlent? Eeoutez-les :

— Mon proprio vient de m’augmenter de cinquante francs.

— Le beurre est hors de prix.

— Mon petit est en nourrice... Après la saison, j’irai l’em-
brasser.

— Le dernier autobus est toujours complet. Va falloir que je
m’envoie à pattes la rue des Poissonniers !

Des propos gi ivois, des madrigaux excessifs, des gestes indé-
cents, tout cela est plus rare dans les coulisses d’un music-hall
que dans un salon bien pensant. En tout cas, si certains viveurs
vont tenir à la divette des discours libertins, assister à son
déshabillage et peut-être jouer au naturel la grande scène de 1a.
K séduction », cela se passe discrètement dans une loge. D’ail-
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