Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire: journal humoristique — N.S. 1911 (Nr. 415-438)

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0774

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
POUR UNE FOIS... LES IVROGNES

Cet homme avait une mémoire prodigieuse.

Tout jeune, il savait par cœur toutes les dates de toutes les
histoires de tous les pays, — excepté toutefois la Suède et la
Norvège — et c’était un jeu fréquent parmi ses camarades que
d’aller le réveiller en pleine nuit pour lui demander à brûle-
pourpoint : « En quelle année mourut Clodion le Chevelu? »
-ou bien « Quand eut lieu l’avènement du roi Georges IV? », et,
imperturbablement, il répondait en spécifiant le nombre exact
d’années depuis J.-C., et celui de mois, de jours et d’heures,
puis il se recouchait.

Adolescent, cette faculté admirable que lui avait dévolu la
déesse Mnémosyne se développa mieux encore comme fleur en
serre : il savait par cœur l'Iliade, la Bible et la biographie du
maréchal Canrobert, et vous récitait sans sourciller toutes les
oraisons funèbres de Bossuet et beaucoup d’autres ouvrages
excellents, sans préjudice des meilleurs et des plus touffus.
Tout ce qu’il avait vu, lu, aperçu, entrevu et entendu se gravait
dans les cellules numérotées de son cerveau d’acier en effigies
indélébiles et bertillonnesques. La lucidité de ses souvenirs ne
le cédait en rien à leur minutie, à leur coloris et à leur

Dans un port de guerre. — Deux quartiers-maîtres, l'un
Breton, l’autre Normand, prennent l'apéritif au café de ta
Marine, t/s prennent l’absinthe.

le breton. — Tiens, regarde ce matelot... Je crois qu’il est un
peu saoul. Il est du Brennus.

le normand. — A la tienne. On devrait être beaucoup plus
sévère qu’on ne l’est avec les marins qui tirent des bordées et
rentrent le nez aussi sale.

le breton. — Garçon, une autre absinthe. Rien ne me révolte
comme les gens qui boivent à rouler par terre. J’ai remarqué
du reste, soit dit sans t’offenser, que ce sont habituellement des
Normands qui boivent le plus.

le normand. — Ils boivent peut-être plus, mais ils se saoulent
moins que les Bretons.

le breton. — Tu as beau dire ce que tu voudras, le Normand
n’est pas aussi sympathique que le Breton.

le normand. — Tais-toi. Je les ai vus à l’œuvre, les gars de ton
pays. — Tiens, un jour qu’on revenait des Antilles, l’amiral
qui était à bord casse sapipe. On savait pas comment le ramener.
On le met dans un tonneau de rhum. — Eh bê! mon vieux, tous
les Bretons qui étaient de quart descendaient la nuit téter avec
des chalumeaux le court-bouillon de l’amiral. On le ramena à
sec... Sacrés Bretons, va...

Yves Mirande.

promptitude à apparaître. Il eût pu écrire,
mieux que quiconque, ses mémoires de
Jeunesse et même d’enfance, et retenait
jusqu’aux détails insignifiants des songes
et des cauchemars qui charmaient ou han-
taient ses nuits; de sorte qu’à défaut d’une
intelligence géniale, il possédait un trésor
tout oriental d’aperçus périmés ou récents.
Sa conversation, par là-même était devenue
d’un charme rare et fort original sous
lequel tombaient ses amis et les femmes de
ses amis. Détachant en temps utile une
grappe à la treille de ses souvenances, il
savait agir avec tact, et sans la précipitation
désordonnée des monomanes de la pensée.

Vers les trente ans, tel un beau fruit
mûr, il était gonflé jusqu’à l’excessif de
réminiscences et bourré de souvenirs et
-anecdotes à faire pâlir Claretie.

C’est alors qu’il songea à se marier. Sa
tante lui parla d’une cousine qu’il n’avait
pas vue depuis cinq ans et qui était en Amé-
rique, mais il dit cependant :

— Il me semble que je la vois devant
moi. Elle est charmante avec ses cheveux
blond cendré, ses yeux fidèles et son
teint, son teint surtout, son teint d’ivoire.
Autant en finir tout de suite, ma tante.
Câblez-lui. Je l’attendrai mardi en huit à
la mairie.

Ce qui fut fait. 11 enterra fort décemment
sa vie de garçon, ce qui est une façon de
parler, et fut ponctuel au rendez-vous.

Mais ce qui l’étonna et le dégoûta réel-
lement, fut de constater la petite vérole
qui florissait sur le teint d’ivoire de sa

femme. Marcel La Treille.

LE BuDGeT DANSE- .. ||_ A GlÎE UNE
BRILLANTE ÉQHARPE

UN FRACMEnT DE [ECHARPE DoRÉE
RESTE ACCROCHÉE AUX MATS d’un
NAVIRE . c EST Pour LP /AARi^E

VE3 É P \ N E S DUNCAcTu^ E(sj en[_ÈvenT
EnCoRE- un Laaa BEAU . lej (JB L° N lES
SonT 5(ERU 1ER,

LA PoinTe DünE BaionneTTe EN
DÉCHIRE. UN GROS MORCEAU... eT
voi|_à Pou B la Guerre .

Ce qui s’einrou|_e auTour du chE-
VAIeT SERA Pour |_ES Berux A^TS

1 Oue^T-éïaT en\PorTe le ResTe
■ LA 8Ri[LAnTe é (fi A R, P E- n'esT

plus ...

XN —rf-v-e i—I ellj

E BuDGeT D/RNJE MU.^. A |_o Ry ON [_U 1 VoTe. DE^ DOUZIEME^ PROVISOIRES

uessin de A. Belle.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen