Pas de doute! C'était bien lui... Je m'approchai et lui dis :
— Comment alle/.-vous, mon général?
Le général André, car c'était le Céphalopode empanaché, me
tendit, une main froide commerelle d un serpent etme répondit :
— Mal-
Soudain, j'aperçus à ses côtés un tout petit monsieur, très
vieux, très rose, très blanc... C'était M. Loubet.
— Monsieur le Président, m'inclinai-je, quel honneur pour
moi !...
— Je suis furieux, me répondit-il, furieux!...
— Oui, nous sommes furieux, archifurieux, scrongneugneu 1
souligna le général André.
J'osai m'informer.
— Messieurs, de quoi vous plaignez-vous?
— Des revuistes.
— Les revuistes? Que vous ont-ils fait, les malheureux?
--Justement, ils ne nous ont rien fait, et c'est ce que nous
leur reprochons.
Le général André et M. Loubet m'entraînèrent sous une porte
cochére. et, là, ils s'épanchèrent dans mon gilet.
— Oui, nous ne ligurons dans aucune revue de fin d'année...
Jadis, il n'y en avait que pour nous. Le général André était mis
à toutes les sauces; M. Loubet aussi...
Le général grogna:
— Moi, je paraissais en scène avec le nez écarlate et une arai-
gnée sur le crâne... C'était très rigolo.
L'ex-président soupira:
— Moi, je dansais la Moscovite, ou un fandango. Je vantais le
nougat de Montélimar et je couronnais Mistinguett rosière.
C'était très spirituel.
Et tous deux, en chœur :
— Maintenant, c'est fini, nous sommes oubliés, morts, enterrés !
Nous sommes allés chez Héjane, à l'Ambigu, aux Bouffes-Pari-
siens, aux Folies-Bergère, à l'Olympia, à la Cigale, au Moulin-
Rouge, à Ba-Ta-Clan, partout où l'on joue des revues... Pas un
couplet, pas un calembour sur nous...
Je vis des Jarmes couler sur les joues roses de M. Loubet, et
le général André tonna :
— Scrongneugneu, les revuistes ne nous ont pas mis dans leurs
revues. . Eh bien! moi, je les fourrerai dedans!...
Je cherchai des consolations. Et je ne trouvai que ceci :
— Messieurs, ne perdez pas tout espoir... On annonce la pie- pour une revue
miére de la Revue de Bobino. l'autobus de théâtre — Je joue les pa-nnnes...
Vous croyez qu'il est question de nous, là dedans? lettre-métro. - C'est un p'tit mot qui vient d'Cambro-onne...
— Peut-être..
Dessins de I.. MÉTIVET.
— Puissiez-vous dire vrai !...
Et tous deux, un peu rassérénés, me remercièrent, puis s'en-
foncèrent dans la joyeuse nuit de Noël.
*
* *
Les suffragettes allemandes réclament avec insistance le droit
d'être soldat. Elles disent:
— Pourquoi ne porterions-nous pas l'uniforme, comme les
garçons? Nous sommes bien constituées (eh! eh!) et animées
d'un patriotisme viril... Qu'on nous donne des fusils, et nous
ferons notre devoir.
Ces femmes, qui veulent porter le fusil, sont des drôles de pis-
tolets. Voyez-vous Gretchen, Lisbeth, Ida et leurs camarades
former une armée de Teutons?
Apiès tout, pourquoi pas?
Les femmes pourraient rendre de grands services dans le train
et même dans l'arriôre-train ; comme « riz-pain-sel », elles
seraient bien à leur affaire... Et pour préparer le rata, les femmes
ne sont-elles pas tout indiquées?
Toute plaisanterie à part, je vois fort bien les femmes dans
l'armée. Sous le premier Empire, nombreuses furent les gaillardes
qui avaient le bonnet à poil.
Nombre de Françaises seraient enchantées, j'en suis bien sûr,
de servir sous les drapeaux. Nous avons déjà les « gros frères » ;
nous aurions les « petites sœurs ». Tirailleuses, zouavettes, chas-
seresses, hussardes, dragonnes, fantassines, marsouines, etc.,
porteraient crânement l'uniforme. Et j'entends d'ici la lieute-
nante :
— Eh! là-bas, le numéro 8, rentrez la poitrine...
— J'peux pas, ma lieutenante, c'est naturel!
Les exercices de tir couché, tir à genoux, ne manqueraient
pas d'un certain intérêt. Les revues de dépaquetage non plus...
Au fait, avant de faire appel aux nègres pour renforcer la
défense nationale, pourquoi ne pas essayer de former quelques
régiments de femmes? Clairette a déjà fait ses vingt-huit jours
et elle est prête à « rempiler ».
*
Aperçu cette enseigne rue Broca. anciennement rue de Lour-
cine :
TOILETTES
de mariées neuves et d'occasion.
Si les fiancés sont prévenus, tout va bien...
Qui vous a. dit que j'étais garçon de recette? Pick-me-up
— Comment alle/.-vous, mon général?
Le général André, car c'était le Céphalopode empanaché, me
tendit, une main froide commerelle d un serpent etme répondit :
— Mal-
Soudain, j'aperçus à ses côtés un tout petit monsieur, très
vieux, très rose, très blanc... C'était M. Loubet.
— Monsieur le Président, m'inclinai-je, quel honneur pour
moi !...
— Je suis furieux, me répondit-il, furieux!...
— Oui, nous sommes furieux, archifurieux, scrongneugneu 1
souligna le général André.
J'osai m'informer.
— Messieurs, de quoi vous plaignez-vous?
— Des revuistes.
— Les revuistes? Que vous ont-ils fait, les malheureux?
--Justement, ils ne nous ont rien fait, et c'est ce que nous
leur reprochons.
Le général André et M. Loubet m'entraînèrent sous une porte
cochére. et, là, ils s'épanchèrent dans mon gilet.
— Oui, nous ne ligurons dans aucune revue de fin d'année...
Jadis, il n'y en avait que pour nous. Le général André était mis
à toutes les sauces; M. Loubet aussi...
Le général grogna:
— Moi, je paraissais en scène avec le nez écarlate et une arai-
gnée sur le crâne... C'était très rigolo.
L'ex-président soupira:
— Moi, je dansais la Moscovite, ou un fandango. Je vantais le
nougat de Montélimar et je couronnais Mistinguett rosière.
C'était très spirituel.
Et tous deux, en chœur :
— Maintenant, c'est fini, nous sommes oubliés, morts, enterrés !
Nous sommes allés chez Héjane, à l'Ambigu, aux Bouffes-Pari-
siens, aux Folies-Bergère, à l'Olympia, à la Cigale, au Moulin-
Rouge, à Ba-Ta-Clan, partout où l'on joue des revues... Pas un
couplet, pas un calembour sur nous...
Je vis des Jarmes couler sur les joues roses de M. Loubet, et
le général André tonna :
— Scrongneugneu, les revuistes ne nous ont pas mis dans leurs
revues. . Eh bien! moi, je les fourrerai dedans!...
Je cherchai des consolations. Et je ne trouvai que ceci :
— Messieurs, ne perdez pas tout espoir... On annonce la pie- pour une revue
miére de la Revue de Bobino. l'autobus de théâtre — Je joue les pa-nnnes...
Vous croyez qu'il est question de nous, là dedans? lettre-métro. - C'est un p'tit mot qui vient d'Cambro-onne...
— Peut-être..
Dessins de I.. MÉTIVET.
— Puissiez-vous dire vrai !...
Et tous deux, un peu rassérénés, me remercièrent, puis s'en-
foncèrent dans la joyeuse nuit de Noël.
*
* *
Les suffragettes allemandes réclament avec insistance le droit
d'être soldat. Elles disent:
— Pourquoi ne porterions-nous pas l'uniforme, comme les
garçons? Nous sommes bien constituées (eh! eh!) et animées
d'un patriotisme viril... Qu'on nous donne des fusils, et nous
ferons notre devoir.
Ces femmes, qui veulent porter le fusil, sont des drôles de pis-
tolets. Voyez-vous Gretchen, Lisbeth, Ida et leurs camarades
former une armée de Teutons?
Apiès tout, pourquoi pas?
Les femmes pourraient rendre de grands services dans le train
et même dans l'arriôre-train ; comme « riz-pain-sel », elles
seraient bien à leur affaire... Et pour préparer le rata, les femmes
ne sont-elles pas tout indiquées?
Toute plaisanterie à part, je vois fort bien les femmes dans
l'armée. Sous le premier Empire, nombreuses furent les gaillardes
qui avaient le bonnet à poil.
Nombre de Françaises seraient enchantées, j'en suis bien sûr,
de servir sous les drapeaux. Nous avons déjà les « gros frères » ;
nous aurions les « petites sœurs ». Tirailleuses, zouavettes, chas-
seresses, hussardes, dragonnes, fantassines, marsouines, etc.,
porteraient crânement l'uniforme. Et j'entends d'ici la lieute-
nante :
— Eh! là-bas, le numéro 8, rentrez la poitrine...
— J'peux pas, ma lieutenante, c'est naturel!
Les exercices de tir couché, tir à genoux, ne manqueraient
pas d'un certain intérêt. Les revues de dépaquetage non plus...
Au fait, avant de faire appel aux nègres pour renforcer la
défense nationale, pourquoi ne pas essayer de former quelques
régiments de femmes? Clairette a déjà fait ses vingt-huit jours
et elle est prête à « rempiler ».
*
Aperçu cette enseigne rue Broca. anciennement rue de Lour-
cine :
TOILETTES
de mariées neuves et d'occasion.
Si les fiancés sont prévenus, tout va bien...
Qui vous a. dit que j'étais garçon de recette? Pick-me-up
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1912
Entstehungsdatum (normiert)
1907 - 1917
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le rire, N.S. 1912, No. 466 (6 Janvier 1912), S. aal
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg