A l'Odéon : Deux pièces en vers. de Charles Lecocq. Le très jeune vieillard du Ruisseau, avec une pénétrante obser-
Parmi les lieux communs couramment compte aujourd'hui quatre-vingts prin- vation et une mélancolique ironie, étalent
débités sur le compte d'André Antoine, il temps. Pour offrir à ce charmant génie la dans ces deux actes (merveilleusement
en est deux qui, auprès de quelques bons croix d'officier de la Légion d'honneur (dont servis par M11» Margel et par Galipaux) tout
esprits, ont force de loi : 1° il n'ainie pas s'orne le thorax d'un Gunsbourg) on attend l'égoisme et toute la veulerie des pauvre*
les classiques; 2° il n'aime pas les poètes... sans doute son centenaire ? .. fantoches de l'amour.
Or, dans son Odéon, qu'y met-on ? Il repré-
sente avec un soin ingénieux, imprévu, «" -v Au « Théâtre-des-Bouffes-Parisiens-Cora-
toujours artiste, Tartuffe, le Cid, le Ma- >^RVik\ \\ Laparcerie-Richepin-Alphonse-Frank » une
lade; à telles enseignes que la grande mai- iM^rT) F pièce en 3 actes, la Bonne Vieille Cou-
son vient en prendre de la graine, forcée vy( tume, n'est qu'une opérette sans musique;
de chambarder désormais sa mise en scène S ~: VÇ/J et qui met en scène (encore !) le droit du
désuète et inintelligente. Dans son rapport \Z±. I Seigneur. Moyen-âge en toc; histoires de
à la Chambre, M. P. Meunier, député, (t*^ /v\ coucheries, ne pouvant guère intéresser
s'écriait : Z"^^"" //^C 1ue quelques cochons tristes ; ceux-là
— Si l'on veut voir jouer Phèdre il faut \\J[ J =S\ f*S/ / V mêmes qui, pour excuser leur jovialité na-
aller chez Sarali Bernhardt ou à l'Odéon. C v ' ^1 Ç&X?* \ vrante, citent le Décaméron (qu'ils n'ont
Quant aux marteleurs d'alexandrins, le Ll. -1 JyV^"" 1 jamais lu) et le joyeux curé de Meudon
créateur du Baiser (Antoine, ne l'oublions ^^VV i ffr , 1 (dont ils ne savent que cette phrase :• Rire
pas, fut Pierrot avant Cadet) leur donne i^X I ^y." ,lf # est le propre de l'homme »)... Ce n'est pas.
volontiers l'hospitalité. 11 vient de le prou- Ul^^& \ ■ \i en tout cas, le propre du spectateur de<
ver une fois de plus, avec l'Heure des Tzi- J^T \ \ \ \ Bouffes.
ganes de M. L. Larguier, et le Double ma-
drigal de M. J. Auzanet. Hosannah pour ~^^f \ L'invasion étrangère (suite).
Auzanet!... Sa petite machine est fort joli- V m Kismet immine. Kismet, c'est un méli-
ment construite et rimée, manque un peu II JjfP f mélodrame à grand spectacle qu'il vafalloir
de souffle mais est pleine d'esprit... « Des lit Vf admirer sous peine de compromettre l'en-
costumes clairs, des rimes légères!... » fil /^-^s J / tente cordiale, et de contrarier M. Lucien
comme dans les Romanesques. La muse de fi I ML/ M Guitry. C'est son suprême espoir, sa plus-
M. Larguier est moins disciplinée ; on ÊË i il Si 1i J belle pensée. Depuis longtemps il en pré-
pourrait craindre, sur la foi du titre, qu'il Vi I l \ il^Jf gf pare la réalisation dans le silence et
s'agisse ici de ces huileux et encombrants wl \ S ^qbS^ M Londres.
tziganes pour qui la fortune vient en dol- \ fl-w JW^V/ \ \ " Loufock-City » et « Stella-Park » n'ont
man, et dont nos dramaturges abusent M*»,,// N\\ qu'à bien se tenir ! Voici venir pour eux la
depuis quinze années pour souligner en M . \ pâle concurrence ; et déjà sur la scène de
coulisse les propos amoureux d'Anatole et A ^V<^\\ notre grande Sarah s'agitent, grouillent,
de Célestine... Rien de cela; mais une ' J^T ^\^O^W\W charabiatent une troupe incohérente d'in-
anecdote simple, émouvante, dont le défaut II AV^Wl^\v\ dividus venus des pays les plus extrava-
estde rappelerun brin VHistoire du Vieux B gants : Kurdes, Croates, Berbères, Mand-
Temps de Maupassant. Tout le monde, ■ \\^\^Yvl^\ \ choux, Valaques, laissés-pour-compte de
Dieu merci, ne peut pas imiter Paul Fort!... I YV\V diverses Expositions ! Et il y aura une cuve
énorme pleine d'une onde pure et dans la-
i „ rv ri • i n <u t BMIX^^ quelle M. Castillan prendra ses ébats et
Le Petit Duc a la Gaité Lyrique fera mille tours... « Ça qu'est zouli, ma-
Le petit duc a grandi (comme le succès ' i ■NlV V dame !»
de la pièce), et le duc de Parthenay c'est ' / -
Mlle Anne Dancrey qui a la tête déplus C^-y ^ L'Association des Directeurs de Parisr
que Mlle Jeanne Granier, créatrice du rôle ^__5 p0Ur se venger de M. Mesureur, fait distri-
en 1878. On a pris Anne pour avoir du son; buer un article de Capus paru dans le Fi-
el en effet cette jolie personne possède de m. galipaux garo, et qui malmène l'Assistance publique
la voix. Elle montre aussi de l'aisance et Dans la Cruehe, au Théâtre Michel. au sujet du droit des pauvres. Comme ri-
de souples attitudes. Ce n'est pas impuné- Dessin de de losques. poste, M. Mesureur va inonder la capitale
ment qu'elle inventa la « valse renversée » de ses revendications. Un de nos confrères
aux Folies-Bergère avec son jeune frère, Théâtre Michel. L'Escapade, de M. Tra- a déjà baptisé son factum : « Les statuts
aujourd'hui imprésario ventripotent et pai- rieux. du Quémandeur. » Ragotin.
sible. Quand les gens graves se mêlent de vou---—--
La toute petite duchesse, c'est M"" Ga- loir badiner, ils sont terribles!... M. Ga- Indiscrétions.—« O miracle! » s'écriait-on
brielle Dziri, laquelle ne doit guère mesu- briel Trarieux, qui jusqu'ici n'avait abordé en voyant revenir certaine belle Madame
rer plus d'un mètre dix-neuf au-dessus du quedenobles sujets ou conçu que de noires delà campagne. Partie avec des cheveux
niveau de la mer. De toutes les simili- intrigues, fait une escapade dans la comé- gris, elle rouvre ses salons avec une belle
Meyer qui << tiennent l'emploi » (comme on die légère. Mais on ne badine pas avec chevelure châtain clair!... « Elle se teint? »
dit dans les agences) voilà bien l'une des l'humour; et comme dit un proverbe orien- demandait-on à sa femme de chambre,
plus adroites; et Paris compte enfin une tal : « Le tout n'est point seulement de sa- — Non; Madame redoute trop l'humidité
excellente Desclauzas, grâce à M"8 Jane voir y faire ; faut encore la pratiquer! » qui lui occasionne des névralgies. Elle fait
Ferny, jeune duègne de verve spirituelle Apophtegme d'une vérité indiscutable en simplement usage de la Poudre Capillua,
et de généreux organe. art dramatique ; et quand M. Trarieux, de la Parfumerie Ninon, 31, rue du 4-Sep-
Notre Polin joue délicieusement Fri- protestant rigide, aura buriné un ou deux tembre. Cette poudre merveilleuse rend, à
mousse, car celui qui fut le premier piou- vaudevilles, il écrira de délicieuses pièces sec, aux cheveux leur nuance primitive. —
piou de France est un de nos premiers co- comiques. Celle-ci est charmante déjà, et Etpour les petits points noirs qui déparaient
médiens comiques, comme chacun sait. malicieuse et osée. Avec l'Escapade, un son visage ? Pour cela Madame n'emploie
Le livret ne se pare pas d'une drôlerie chef-d'œuvre d'humanité douloureuse et co- que la Pâte et le Savon à VAnti-Bolbos de
excessive, mais ses rides disparaissent mique, la Cruche, casée déjà ailleurs. Le la Parfumerie Exotique, 35. rue du 4-Sep-
grâce au maquillage savant de la musique romancier des Linottes et le dramaturge tembre.
Parmi les lieux communs couramment compte aujourd'hui quatre-vingts prin- vation et une mélancolique ironie, étalent
débités sur le compte d'André Antoine, il temps. Pour offrir à ce charmant génie la dans ces deux actes (merveilleusement
en est deux qui, auprès de quelques bons croix d'officier de la Légion d'honneur (dont servis par M11» Margel et par Galipaux) tout
esprits, ont force de loi : 1° il n'ainie pas s'orne le thorax d'un Gunsbourg) on attend l'égoisme et toute la veulerie des pauvre*
les classiques; 2° il n'aime pas les poètes... sans doute son centenaire ? .. fantoches de l'amour.
Or, dans son Odéon, qu'y met-on ? Il repré-
sente avec un soin ingénieux, imprévu, «" -v Au « Théâtre-des-Bouffes-Parisiens-Cora-
toujours artiste, Tartuffe, le Cid, le Ma- >^RVik\ \\ Laparcerie-Richepin-Alphonse-Frank » une
lade; à telles enseignes que la grande mai- iM^rT) F pièce en 3 actes, la Bonne Vieille Cou-
son vient en prendre de la graine, forcée vy( tume, n'est qu'une opérette sans musique;
de chambarder désormais sa mise en scène S ~: VÇ/J et qui met en scène (encore !) le droit du
désuète et inintelligente. Dans son rapport \Z±. I Seigneur. Moyen-âge en toc; histoires de
à la Chambre, M. P. Meunier, député, (t*^ /v\ coucheries, ne pouvant guère intéresser
s'écriait : Z"^^"" //^C 1ue quelques cochons tristes ; ceux-là
— Si l'on veut voir jouer Phèdre il faut \\J[ J =S\ f*S/ / V mêmes qui, pour excuser leur jovialité na-
aller chez Sarali Bernhardt ou à l'Odéon. C v ' ^1 Ç&X?* \ vrante, citent le Décaméron (qu'ils n'ont
Quant aux marteleurs d'alexandrins, le Ll. -1 JyV^"" 1 jamais lu) et le joyeux curé de Meudon
créateur du Baiser (Antoine, ne l'oublions ^^VV i ffr , 1 (dont ils ne savent que cette phrase :• Rire
pas, fut Pierrot avant Cadet) leur donne i^X I ^y." ,lf # est le propre de l'homme »)... Ce n'est pas.
volontiers l'hospitalité. 11 vient de le prou- Ul^^& \ ■ \i en tout cas, le propre du spectateur de<
ver une fois de plus, avec l'Heure des Tzi- J^T \ \ \ \ Bouffes.
ganes de M. L. Larguier, et le Double ma-
drigal de M. J. Auzanet. Hosannah pour ~^^f \ L'invasion étrangère (suite).
Auzanet!... Sa petite machine est fort joli- V m Kismet immine. Kismet, c'est un méli-
ment construite et rimée, manque un peu II JjfP f mélodrame à grand spectacle qu'il vafalloir
de souffle mais est pleine d'esprit... « Des lit Vf admirer sous peine de compromettre l'en-
costumes clairs, des rimes légères!... » fil /^-^s J / tente cordiale, et de contrarier M. Lucien
comme dans les Romanesques. La muse de fi I ML/ M Guitry. C'est son suprême espoir, sa plus-
M. Larguier est moins disciplinée ; on ÊË i il Si 1i J belle pensée. Depuis longtemps il en pré-
pourrait craindre, sur la foi du titre, qu'il Vi I l \ il^Jf gf pare la réalisation dans le silence et
s'agisse ici de ces huileux et encombrants wl \ S ^qbS^ M Londres.
tziganes pour qui la fortune vient en dol- \ fl-w JW^V/ \ \ " Loufock-City » et « Stella-Park » n'ont
man, et dont nos dramaturges abusent M*»,,// N\\ qu'à bien se tenir ! Voici venir pour eux la
depuis quinze années pour souligner en M . \ pâle concurrence ; et déjà sur la scène de
coulisse les propos amoureux d'Anatole et A ^V<^\\ notre grande Sarah s'agitent, grouillent,
de Célestine... Rien de cela; mais une ' J^T ^\^O^W\W charabiatent une troupe incohérente d'in-
anecdote simple, émouvante, dont le défaut II AV^Wl^\v\ dividus venus des pays les plus extrava-
estde rappelerun brin VHistoire du Vieux B gants : Kurdes, Croates, Berbères, Mand-
Temps de Maupassant. Tout le monde, ■ \\^\^Yvl^\ \ choux, Valaques, laissés-pour-compte de
Dieu merci, ne peut pas imiter Paul Fort!... I YV\V diverses Expositions ! Et il y aura une cuve
énorme pleine d'une onde pure et dans la-
i „ rv ri • i n <u t BMIX^^ quelle M. Castillan prendra ses ébats et
Le Petit Duc a la Gaité Lyrique fera mille tours... « Ça qu'est zouli, ma-
Le petit duc a grandi (comme le succès ' i ■NlV V dame !»
de la pièce), et le duc de Parthenay c'est ' / -
Mlle Anne Dancrey qui a la tête déplus C^-y ^ L'Association des Directeurs de Parisr
que Mlle Jeanne Granier, créatrice du rôle ^__5 p0Ur se venger de M. Mesureur, fait distri-
en 1878. On a pris Anne pour avoir du son; buer un article de Capus paru dans le Fi-
el en effet cette jolie personne possède de m. galipaux garo, et qui malmène l'Assistance publique
la voix. Elle montre aussi de l'aisance et Dans la Cruehe, au Théâtre Michel. au sujet du droit des pauvres. Comme ri-
de souples attitudes. Ce n'est pas impuné- Dessin de de losques. poste, M. Mesureur va inonder la capitale
ment qu'elle inventa la « valse renversée » de ses revendications. Un de nos confrères
aux Folies-Bergère avec son jeune frère, Théâtre Michel. L'Escapade, de M. Tra- a déjà baptisé son factum : « Les statuts
aujourd'hui imprésario ventripotent et pai- rieux. du Quémandeur. » Ragotin.
sible. Quand les gens graves se mêlent de vou---—--
La toute petite duchesse, c'est M"" Ga- loir badiner, ils sont terribles!... M. Ga- Indiscrétions.—« O miracle! » s'écriait-on
brielle Dziri, laquelle ne doit guère mesu- briel Trarieux, qui jusqu'ici n'avait abordé en voyant revenir certaine belle Madame
rer plus d'un mètre dix-neuf au-dessus du quedenobles sujets ou conçu que de noires delà campagne. Partie avec des cheveux
niveau de la mer. De toutes les simili- intrigues, fait une escapade dans la comé- gris, elle rouvre ses salons avec une belle
Meyer qui << tiennent l'emploi » (comme on die légère. Mais on ne badine pas avec chevelure châtain clair!... « Elle se teint? »
dit dans les agences) voilà bien l'une des l'humour; et comme dit un proverbe orien- demandait-on à sa femme de chambre,
plus adroites; et Paris compte enfin une tal : « Le tout n'est point seulement de sa- — Non; Madame redoute trop l'humidité
excellente Desclauzas, grâce à M"8 Jane voir y faire ; faut encore la pratiquer! » qui lui occasionne des névralgies. Elle fait
Ferny, jeune duègne de verve spirituelle Apophtegme d'une vérité indiscutable en simplement usage de la Poudre Capillua,
et de généreux organe. art dramatique ; et quand M. Trarieux, de la Parfumerie Ninon, 31, rue du 4-Sep-
Notre Polin joue délicieusement Fri- protestant rigide, aura buriné un ou deux tembre. Cette poudre merveilleuse rend, à
mousse, car celui qui fut le premier piou- vaudevilles, il écrira de délicieuses pièces sec, aux cheveux leur nuance primitive. —
piou de France est un de nos premiers co- comiques. Celle-ci est charmante déjà, et Etpour les petits points noirs qui déparaient
médiens comiques, comme chacun sait. malicieuse et osée. Avec l'Escapade, un son visage ? Pour cela Madame n'emploie
Le livret ne se pare pas d'une drôlerie chef-d'œuvre d'humanité douloureuse et co- que la Pâte et le Savon à VAnti-Bolbos de
excessive, mais ses rides disparaissent mique, la Cruche, casée déjà ailleurs. Le la Parfumerie Exotique, 35. rue du 4-Sep-
grâce au maquillage savant de la musique romancier des Linottes et le dramaturge tembre.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire au théatre
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1912
Entstehungsdatum (normiert)
1907 - 1917
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1912, No. 515 (14 Décembre 1912), S. bes
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg