Beaucoup de naïfs et même de naïves s'imaginent que le ci-
toyen Marestan va leur enseigner l'art d'aimer et leur montrer,
sur l'écran lumineux, des tableaux voluptueux des plus vécus...
Quel succès si ce programma pouvait être réalisé: Mais le ci-
toyen Marestan ne leur fait rien voir de pareil. Ses projections
lumineuses ont un caractère simplement... hygiénique. Quand
je vous aurai dit qu'il a conl'érenciô dernièrement à Condom,
vous m'aurez compris.
Mais il existait autrefois à Paris, rue Richer, un établissement
assez discret où des messieurs et même des dames payaient
vingt francs un bock... et un spectacle cinématographique pris
sur le vif à Cythère et plus particulièrement à Lesbos.
Tandis qu'un orchestre invisible (un orchestre de dames sans
doute) jouait des valses lentes, les spectateurs voyaient se
dérouler sur la toile des scènes extrêmement décolletées pour
lesquelles avaient posé de jeunes et jolies personnes — qui
n'appartenaient pas à la troupe du Théâtre-Français.
Il paraît que c était charmant, ces petites séances de cinéma.
Mais un soir la police intervint, arrêta le directeur de la boîte
et s'assura de l'identité des spectateurs et spectatrices. Plusieurs
de celles-ci appartenaient au meilleur monde.
— Quoi, madame, disait à l'une d'elles le commissaire de po-
lice, on vous trouve dans de pareils endroits? Vous devriez
rougir...
— Rougir? Pourquoi? La salle était plongée dans l'obscurité
la plus complète.
*
* *
C'est un spectacle moins licencieux mais enfin très leste tout
de même, que le R. P. Morril offre régulièrement aux fidèles
de Minnéapolis.
Ce saint prédicateur stigmatise avec éloquence les « déver-
gondées mondaines » qui osent danser, dans les salons, la
« danse du crab », le « trot de la dinde », le << pas de l'ours » et
le « boston dip ».
— Ce sont là, s'écrie le R. P. Morril, de honteux souvenirs de
la barbarie et du paganisme ! l'amateur perplexe
Or, pour mieux illustrer ses sermons, l'ingénieux clergyman — Du cubisme? de la chaise longue?'de la soupière?... ou du
a engagé quelques girls délicieuses et court-vêtues qui s'exhi- Degas? Que vais-je acheter? . Dessins de l. méiivet.
bent^dans des chorégraphies maudites, tandis que le prédicateur
continue à fulminer... — Mesdemoiselles, retroussez-vous plus haut... Levez les
— Regardez, clame-t-il, regardez! N'est-ce pas scandaleux? jambes... Allons, encore... encore!...
Quelles attitudes... immodestes ! Puis il reprend :
Et, interpellant les danseuses : —Malheureuses femmes du monde, voilà cependant ce que
vous faites dans vos salons... Oui, comme ces jeunes personnes,
vous êtes à moitié nues et vous osez les gestes les plus diabo-
liques... Allons, mesdemoiselles, ayez des gestes diaboliques!...
Bref, les sermons du révérend obtiennent un succès fou. A
vrai dire, les femmes du monde ne renoncent pas du tout au
« pas du crab » ou au « trot de la dinde », mais plusieurs des
petites girls ont déjà été enlevées par des fils et même des
pères de famille.
*
* *
Un de nos confrères a ouvert une double enquête. Il demande
à ses lecteurs :
■— Quelle est la fiancée idéale ?
Et à ses lectrices :
— Quel est le fiancé idéal ?
Aucune réponse n'a encore été publiée... Mais si lecteurs et
lectrices sont sincères, ils répondront :
— La fiancée idéale est celle qui a une grosse dot.
— Le fiancé idéal est celui qui gagne beaucoup d'argent.
Et l'amour ? demanderont les vieilles dames sentimentales...
L'amour? Mais ce n'est pas un article indispensable d»ans un
ménage. Le jeune homme moderne déclare :
— Je m'offrirai de l'amour avec la galette de ma femme... En
y mettant le prix, je trouverai certainement quelque chose de
très bien.
La jeune fille moderne se dit en baissant les yeux :
— Mon mari m'achètera de jolies toilettes, me « sortira »
beaucoup, me fera mener une existence très mondaine...
L'amour, si cela me chante, ne me manquera pas.
Tel est le mariage dernier cri... L'autre soir, dans un salon,
une jeune fille un peu naïve s'exclamait :
— Oh ! moi, je veux faire un mariage d'amour et avoir beau-
coup d'enfants !...
Ce fut un scandale...
*
* *
L'élection présidentielle approche... Les candidats sont très
discutés. La question « femmes » est posée. Il importe que la
Présidente soit une femme du monde, sachant recevoir, ayant
du chic, du chien... Cela nous changera!
— Mais, objecta un sénateur, il ne faut rien exagérer... Une
Présidente trop jolie serait dangereuse. Imaginez le Président
cocu... Ce serait très «rave. Qu'arriverait-il?
la langue française M. Clemenceau qui écoutait répondit :
— Oui, mon enfant, le mot «épatant» est admis par l'Académie. — Le Président cocu? Encore un pas que la constitution de
— Vrai? ça n'se dit plus?... 75 n'a pas prévu... Pick-me-up.
toyen Marestan va leur enseigner l'art d'aimer et leur montrer,
sur l'écran lumineux, des tableaux voluptueux des plus vécus...
Quel succès si ce programma pouvait être réalisé: Mais le ci-
toyen Marestan ne leur fait rien voir de pareil. Ses projections
lumineuses ont un caractère simplement... hygiénique. Quand
je vous aurai dit qu'il a conl'érenciô dernièrement à Condom,
vous m'aurez compris.
Mais il existait autrefois à Paris, rue Richer, un établissement
assez discret où des messieurs et même des dames payaient
vingt francs un bock... et un spectacle cinématographique pris
sur le vif à Cythère et plus particulièrement à Lesbos.
Tandis qu'un orchestre invisible (un orchestre de dames sans
doute) jouait des valses lentes, les spectateurs voyaient se
dérouler sur la toile des scènes extrêmement décolletées pour
lesquelles avaient posé de jeunes et jolies personnes — qui
n'appartenaient pas à la troupe du Théâtre-Français.
Il paraît que c était charmant, ces petites séances de cinéma.
Mais un soir la police intervint, arrêta le directeur de la boîte
et s'assura de l'identité des spectateurs et spectatrices. Plusieurs
de celles-ci appartenaient au meilleur monde.
— Quoi, madame, disait à l'une d'elles le commissaire de po-
lice, on vous trouve dans de pareils endroits? Vous devriez
rougir...
— Rougir? Pourquoi? La salle était plongée dans l'obscurité
la plus complète.
*
* *
C'est un spectacle moins licencieux mais enfin très leste tout
de même, que le R. P. Morril offre régulièrement aux fidèles
de Minnéapolis.
Ce saint prédicateur stigmatise avec éloquence les « déver-
gondées mondaines » qui osent danser, dans les salons, la
« danse du crab », le « trot de la dinde », le << pas de l'ours » et
le « boston dip ».
— Ce sont là, s'écrie le R. P. Morril, de honteux souvenirs de
la barbarie et du paganisme ! l'amateur perplexe
Or, pour mieux illustrer ses sermons, l'ingénieux clergyman — Du cubisme? de la chaise longue?'de la soupière?... ou du
a engagé quelques girls délicieuses et court-vêtues qui s'exhi- Degas? Que vais-je acheter? . Dessins de l. méiivet.
bent^dans des chorégraphies maudites, tandis que le prédicateur
continue à fulminer... — Mesdemoiselles, retroussez-vous plus haut... Levez les
— Regardez, clame-t-il, regardez! N'est-ce pas scandaleux? jambes... Allons, encore... encore!...
Quelles attitudes... immodestes ! Puis il reprend :
Et, interpellant les danseuses : —Malheureuses femmes du monde, voilà cependant ce que
vous faites dans vos salons... Oui, comme ces jeunes personnes,
vous êtes à moitié nues et vous osez les gestes les plus diabo-
liques... Allons, mesdemoiselles, ayez des gestes diaboliques!...
Bref, les sermons du révérend obtiennent un succès fou. A
vrai dire, les femmes du monde ne renoncent pas du tout au
« pas du crab » ou au « trot de la dinde », mais plusieurs des
petites girls ont déjà été enlevées par des fils et même des
pères de famille.
*
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Un de nos confrères a ouvert une double enquête. Il demande
à ses lecteurs :
■— Quelle est la fiancée idéale ?
Et à ses lectrices :
— Quel est le fiancé idéal ?
Aucune réponse n'a encore été publiée... Mais si lecteurs et
lectrices sont sincères, ils répondront :
— La fiancée idéale est celle qui a une grosse dot.
— Le fiancé idéal est celui qui gagne beaucoup d'argent.
Et l'amour ? demanderont les vieilles dames sentimentales...
L'amour? Mais ce n'est pas un article indispensable d»ans un
ménage. Le jeune homme moderne déclare :
— Je m'offrirai de l'amour avec la galette de ma femme... En
y mettant le prix, je trouverai certainement quelque chose de
très bien.
La jeune fille moderne se dit en baissant les yeux :
— Mon mari m'achètera de jolies toilettes, me « sortira »
beaucoup, me fera mener une existence très mondaine...
L'amour, si cela me chante, ne me manquera pas.
Tel est le mariage dernier cri... L'autre soir, dans un salon,
une jeune fille un peu naïve s'exclamait :
— Oh ! moi, je veux faire un mariage d'amour et avoir beau-
coup d'enfants !...
Ce fut un scandale...
*
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L'élection présidentielle approche... Les candidats sont très
discutés. La question « femmes » est posée. Il importe que la
Présidente soit une femme du monde, sachant recevoir, ayant
du chic, du chien... Cela nous changera!
— Mais, objecta un sénateur, il ne faut rien exagérer... Une
Présidente trop jolie serait dangereuse. Imaginez le Président
cocu... Ce serait très «rave. Qu'arriverait-il?
la langue française M. Clemenceau qui écoutait répondit :
— Oui, mon enfant, le mot «épatant» est admis par l'Académie. — Le Président cocu? Encore un pas que la constitution de
— Vrai? ça n'se dit plus?... 75 n'a pas prévu... Pick-me-up.