la bonne ménagère
— Le médecin va l'saigner ; alors, j'allons en profiter pour faire du boudin ! Dessin de P. Falké.
LA SENTIMENTALE bonheur; et elle retrouva, dans un petit entresol de la rue
J_^ Bayen, un littérateur qui l'initiait aux dangers de la littérature.
Ùne lettre anonyme annonça son malheur à M. Per^e, qui
La petite Mme Perse était délicieusement blonde. Elle avait n'était pas de ces jaloux stupides qui parlent de tout casser,
épousé Perse, le banquier, un drôle d'homme un peu lourd, qui II y eut un grave entretien :
l'avait rencontrée un jour au marché aux rieurs de la Madeleine. — Qu'est-ce que tu veux, ce n'est pas ma faute, mais j'ai cru
Il lui avait offert d'abord une promenade au Bois, un souper que tu me méprisais; tu me donnes trop d'argent, et moi j'ai
dans un cabinet particulier, divers atours, et enfin une mensua- besoin de considération. Si j'étais ta femme, il me semble que
lité assez forte qui lui permettait de vivre sans rien faire dans je ferais honneur à ton nom.
un petit appartement qu il lui avait installé.
Germaine avait donc quitté l'atelier de mo- chez le notaire
des, à dix-huit ans, et le petit gigolo avec
qui elle se rencontrait le dimanche; et elle
s'ennuyait à mourir dans le salon style
Munich que M. Perse trouvait d'un goût
délicieux.
Comme, de midi à trois heures, elle était
sûre de n'être pas dérangée, elle fît venir
un petit pianiste qui lui offrit le rudiment
de son art jusqu'à la minute où elle tomba
dans ses bras.
Ce fut exquis ; mais au bout de trois
mois, un jour M. Perse arriva devant un
lit dévasté où se blottissaient deux person-
nes assez gênées.
— C'est mon professeur de piano ! dit
Germaine d'une voix lointaine.
— Sacrée garce! dit M. Perse qui était
fort contrarié d'être arrivé si mal à propos.
Le soir, il y eut une grande explication.
— As-tu quelque chose à me reprocher?
demanda-t-il.
— Non; mais, les après-midi, je m'embête.
— Il faudrait que tu aies une maison
plus importante, dit M. Perse; tu t'occupe-
rais de ton intérieur et ça t'occuperait.
Il loua un vaste appartement avenue
Wagram et fit les choses royalement ;
rien n'était trop beau ni trop cher, et quand
Germaine entra la première fois dans son
« chez soi », elle se montra, à proprement
parler, éblouie.
Mais elle s'aperçut vite qu'un salon de " tyMas^—■^^^pr^^f^y^^P^-^^^/T'^y^^
50.000 francs, non plus qu'un boudoir du
plus pur dix - huitième , ne donnent le — C'est moi la nue propriétaire! Dessin de J. Dharm.
— Le médecin va l'saigner ; alors, j'allons en profiter pour faire du boudin ! Dessin de P. Falké.
LA SENTIMENTALE bonheur; et elle retrouva, dans un petit entresol de la rue
J_^ Bayen, un littérateur qui l'initiait aux dangers de la littérature.
Ùne lettre anonyme annonça son malheur à M. Per^e, qui
La petite Mme Perse était délicieusement blonde. Elle avait n'était pas de ces jaloux stupides qui parlent de tout casser,
épousé Perse, le banquier, un drôle d'homme un peu lourd, qui II y eut un grave entretien :
l'avait rencontrée un jour au marché aux rieurs de la Madeleine. — Qu'est-ce que tu veux, ce n'est pas ma faute, mais j'ai cru
Il lui avait offert d'abord une promenade au Bois, un souper que tu me méprisais; tu me donnes trop d'argent, et moi j'ai
dans un cabinet particulier, divers atours, et enfin une mensua- besoin de considération. Si j'étais ta femme, il me semble que
lité assez forte qui lui permettait de vivre sans rien faire dans je ferais honneur à ton nom.
un petit appartement qu il lui avait installé.
Germaine avait donc quitté l'atelier de mo- chez le notaire
des, à dix-huit ans, et le petit gigolo avec
qui elle se rencontrait le dimanche; et elle
s'ennuyait à mourir dans le salon style
Munich que M. Perse trouvait d'un goût
délicieux.
Comme, de midi à trois heures, elle était
sûre de n'être pas dérangée, elle fît venir
un petit pianiste qui lui offrit le rudiment
de son art jusqu'à la minute où elle tomba
dans ses bras.
Ce fut exquis ; mais au bout de trois
mois, un jour M. Perse arriva devant un
lit dévasté où se blottissaient deux person-
nes assez gênées.
— C'est mon professeur de piano ! dit
Germaine d'une voix lointaine.
— Sacrée garce! dit M. Perse qui était
fort contrarié d'être arrivé si mal à propos.
Le soir, il y eut une grande explication.
— As-tu quelque chose à me reprocher?
demanda-t-il.
— Non; mais, les après-midi, je m'embête.
— Il faudrait que tu aies une maison
plus importante, dit M. Perse; tu t'occupe-
rais de ton intérieur et ça t'occuperait.
Il loua un vaste appartement avenue
Wagram et fit les choses royalement ;
rien n'était trop beau ni trop cher, et quand
Germaine entra la première fois dans son
« chez soi », elle se montra, à proprement
parler, éblouie.
Mais elle s'aperçut vite qu'un salon de " tyMas^—■^^^pr^^f^y^^P^-^^^/T'^y^^
50.000 francs, non plus qu'un boudoir du
plus pur dix - huitième , ne donnent le — C'est moi la nue propriétaire! Dessin de J. Dharm.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 521 (25 Janvier 1913), S. 6
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg