— Soit ! dit M. Perse qui, à la quarantaine, songeait à se confort moderne
créer enfin un foyer.
Germaine était d'ailleurs délicieuse; elle faisait l'impossible
pour qu'il fût heureux, et quand M. et Mme Perse pendirent la
crémaillère dans leur hôtel de l'avenue du Bois, ce fut ce qu'on
nomme une fête bien parisienne.
Ce fut même à cette fête que Mme Perse fit la connaissance
d'un jeune chanteur, assez commun d'ailleurs, mais dont les
succès ne se comptaient plus.
Elle sentit que son coeur allait encore faire des siennes.
Elle se défendit vaillamment une huitaine de jours; mais, le
neuvième, elle chut dans les bras du cabotin.
M. Perse l'apprit assez rapidement.
Cette fois, il montra quelque chagrin. Le malheur qui lui
semblait naturel quand il n'était qu'amant, lui parut intolérable
comme mari. Il l'expliqua avec beaucoup de sang-froid à sa
femme.
Il fut convenu qu'elle partirait dans un château périgourdin
et que là, à l'abri des tentations, elle se garderait soigneu-
sement à son mari qui, après avoir réalisé sa fortune, vivrait à
côté d'elle.
La première année fut passable; elle eut bien quelques fai-
blesses pour un jeune lieutenant de dragons qu'une chute de
cheval immobilisait en convalescence dans les environs; mais ' ^^i^'^s?
M. Perse, par hasard, ne sut rien. _ Ce sera parfait si j'ai un potit baiser en me réveillant '
.La deuxième année, il y eut l'aventure du sous-préfet; mais - Bien, monsieur; je le dirai au garçon!!!
au moment des élections, M. Perse, qui soutenait le Gouver- Dessin de m. Sauvavre.
nement, ne voulut pas donner aux adversaires de la République
une si belle occasion d'exploiter le scandale. M'"e Perse en termes tels qu'elle ne put résister. Enfin, on
Il fit déplacer le sous-préfet et partit avec sa femme faire une revint à Marseille, et M. Perse connut là encore l'ennui d'être
longue croisière sur un yacht. trompé par un commis voyageur en apéritifs.
L'air de la mer agit fortement sur les sens: et le vent tiède II aurait dû être habitué à des catastrophes si souvent
des Canaries fut contraire à Mme Perse que son mari retrouva répétées; mais, ce jour-là, il s'indigna; sa colère se déchaîna
une nuit sur le pont dans les bras du second, un Normand brusquement, et il infligea à Mme Perse une correction exem-
solide et finaud. plaire; elle tomba dans ses bras, en sanglots :
On le débarqua à la première escale. Et le voyage continua : —Ah!.mon chéri! mon chéri... Tu comprends donc enfin!
il fut marqué d'incidents divers. A Venise, ce fut un quelconque; Tu ne savais pas m'aimer...
Italien; à Trieste un Moldo-Valaque, qui se dissimulait dans la — Il fallait me le dire plus tôt! dit M. Perse, hors de soi.
cale pour continuer la croisière avec la bien-aimée; à Naples, — Tu n'as donc pas compris que j'ai passé ma vie à être
on rencontra des amis de Paris, et l'un d'eux parla du pays avec sentimentale ?... Robert Dieudonné.
* îNvm trop exigeant
6
— 11 n'a pas l'air féroce, votre chien de police?
— Ecoutez donc, monsieur; en ce moment-ci, la police est si mal faite ! Dessin de J. Vii.lemot.
créer enfin un foyer.
Germaine était d'ailleurs délicieuse; elle faisait l'impossible
pour qu'il fût heureux, et quand M. et Mme Perse pendirent la
crémaillère dans leur hôtel de l'avenue du Bois, ce fut ce qu'on
nomme une fête bien parisienne.
Ce fut même à cette fête que Mme Perse fit la connaissance
d'un jeune chanteur, assez commun d'ailleurs, mais dont les
succès ne se comptaient plus.
Elle sentit que son coeur allait encore faire des siennes.
Elle se défendit vaillamment une huitaine de jours; mais, le
neuvième, elle chut dans les bras du cabotin.
M. Perse l'apprit assez rapidement.
Cette fois, il montra quelque chagrin. Le malheur qui lui
semblait naturel quand il n'était qu'amant, lui parut intolérable
comme mari. Il l'expliqua avec beaucoup de sang-froid à sa
femme.
Il fut convenu qu'elle partirait dans un château périgourdin
et que là, à l'abri des tentations, elle se garderait soigneu-
sement à son mari qui, après avoir réalisé sa fortune, vivrait à
côté d'elle.
La première année fut passable; elle eut bien quelques fai-
blesses pour un jeune lieutenant de dragons qu'une chute de
cheval immobilisait en convalescence dans les environs; mais ' ^^i^'^s?
M. Perse, par hasard, ne sut rien. _ Ce sera parfait si j'ai un potit baiser en me réveillant '
.La deuxième année, il y eut l'aventure du sous-préfet; mais - Bien, monsieur; je le dirai au garçon!!!
au moment des élections, M. Perse, qui soutenait le Gouver- Dessin de m. Sauvavre.
nement, ne voulut pas donner aux adversaires de la République
une si belle occasion d'exploiter le scandale. M'"e Perse en termes tels qu'elle ne put résister. Enfin, on
Il fit déplacer le sous-préfet et partit avec sa femme faire une revint à Marseille, et M. Perse connut là encore l'ennui d'être
longue croisière sur un yacht. trompé par un commis voyageur en apéritifs.
L'air de la mer agit fortement sur les sens: et le vent tiède II aurait dû être habitué à des catastrophes si souvent
des Canaries fut contraire à Mme Perse que son mari retrouva répétées; mais, ce jour-là, il s'indigna; sa colère se déchaîna
une nuit sur le pont dans les bras du second, un Normand brusquement, et il infligea à Mme Perse une correction exem-
solide et finaud. plaire; elle tomba dans ses bras, en sanglots :
On le débarqua à la première escale. Et le voyage continua : —Ah!.mon chéri! mon chéri... Tu comprends donc enfin!
il fut marqué d'incidents divers. A Venise, ce fut un quelconque; Tu ne savais pas m'aimer...
Italien; à Trieste un Moldo-Valaque, qui se dissimulait dans la — Il fallait me le dire plus tôt! dit M. Perse, hors de soi.
cale pour continuer la croisière avec la bien-aimée; à Naples, — Tu n'as donc pas compris que j'ai passé ma vie à être
on rencontra des amis de Paris, et l'un d'eux parla du pays avec sentimentale ?... Robert Dieudonné.
* îNvm trop exigeant
6
— 11 n'a pas l'air féroce, votre chien de police?
— Ecoutez donc, monsieur; en ce moment-ci, la police est si mal faite ! Dessin de J. Vii.lemot.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 521 (25 Janvier 1913), S. 7
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg