Le rire: journal humoristique (N.S. 1913 (Nr. 518-569))

LE MAUVAI!

— On ne t'a point vu au métingue pacijemenfoutiste du Pré-!

— Non, mon vieux : je me suis trompé de métro ; alors j'ai é

LE RIRE DE LA SEMAINE

Toussaint-Thomas Maîtrot a des besoins d'argent. Pour les
satisfaire, il s'est improvisé homme de lettres...

Entendons-nous : homme de lettres... anonymes.

Quand on s'appelle Maîtrot, on est tout naturellement prédes-
tiné aux menées souterraines... mais il faut reconnaître que ce
gaillard s'est tout de suite distingué dans la littérature épisto-
laire : son audace a même quelque chose de génial.

Maîtrot choisissait dans le Bottin-Mondain des adresses, au
hasard... Et il envoyait à Madame — personnelle — une lettre
ainsi conçue :

« Madame,
« Je sais tout !...

« Vos turpitudes me sont connues dans tous leurs détails...
N'essayez pas de nier!

« Quoi, vous avez trompé votre mari, un si digne homme?
Mon devoir serait d'aller lui raconter ce que vous avez si bien
su lui cacher... Mais j'ai pitié de lui. Et puis, j'aime mieux
infliger une autre pénitence au vice hypocrite.

« Adressez-moi 500 francs à l'adresse ci-dessous et je dispa-
rais, emportant « notre » secret pour toujours.

« A vous lire, veuillez agréer, Madame, l'expression de mes
sentiments distingués.

« M... 37. Poste restante. »

Maîtrot a fini par être arrêté. Tant va la cruche à l'eau...
Interrogé par le juge d'instruction, ce maîtrot-chanteur a
déclaré :

— Je prenais mes « correspondantes » au hasard... Et sept
fois sur dix, le coup réussissait! Je recevais les500 francs...
N'est-ce pas effrayant?

Quoi, sur dix « Madame » inscrites dans le Bottin-Mondain,
il y en a sept qui trompent ou ont trompé leur mari? Certes, je
ne crois pas beaucoup à la vertu des femmes; tout de même je
n'aurais jamais cru à une moyenne de maris cocus aussi élevée...
Sept sur dix !

Dites donc, êtes-vous dans le Bottin-Mondain ?

Moi, je vais me faire rayer...

*

* *

Le Congrès d'éducation physique fait couler des flots d'encre
et des flots de sueur...

CÉGÉTISTE
aint-Gervais.

é crier : « Vive l'armée », à Vincennes.

Aimez-vous les beaux torses, les biceps en forme de billes de
billard, les musculatures d'acier? Le lieutenant Hébert vous en
fera voir...

Mais j'avoue que cela ne m'intéresse pas du tout...

Je me soucie fort peu de ces académies masculines, de ces
« dessus de malles», de ces « costauds » toujours prêts à se faire
photographier dans le costume du père Adam.

C'est l'éducation physique des femmes qui m'intéresse... Pour-
quoi les demoiselles qui développent leurs muscles ne se mon-
trent-elles pas aux masses incrédules dans le costume sommaire
des élèves du lieutenant Hébert? Nous serions enchantés de
voir leurs poitrines bien fermes, leurs ventres souples et polis,
leurs cuisses dures comme du marbre... Le lieutenant Hébert
est très bien en Discobole, mais la moindre de ces petites athlètes
ferait mieux notre affaire.

— Impossible, vont dire les apôtres de l'éducation physique,
impossible de vous montrer ces jeunes filles à poigne!...

— Vraiment, et pourquoi?

— La décence, mossieu, nous le défend!...

Il me semblait, à moi, que l'athlétisme purifiait tout... Un
athlète nu est chaste, c'est entendu. Mais pourquoi une athlète
nue n'est-elle pas chaste aussi? Les jeunes filles Spartiates
n'étaient vêtues que d'un peu d'huile quand elles disputaient
aux hommes le prix de la lutte ou de la course à pied. Et il
paraît — je n'y étais pas — que personne, en les regardant, ne
pensait à la bagatelle.

Voilà un genre de spectacle que les mécènes de l'athlétisme
devraient bien organiser dans un but de vulgarisation sportive...
Bouin et Kayser ne sont pas mal en maillot, c'est certain, mais
quelques jeunes personnes dans le costume de l'innocence
seraient autrement intéressantes à contempler dans le Cross
country national.

Le sport, cette religion de la forme, doit ignorer nos fausses
pudeurs... Le muscle est chaste, le muscle est pur. Oui, madame,
tous les muscles, — même les plus durs et les plus développés I

*

* * .
Cette chronique hebdomadaire me vaut un courrier plutôt
pittoresque... Je reçois des lettres où toutes sortes de problèmes
amoureux — évidemment, on ne me demande jamais mon avis
sur la R. P. — où toutes sortes de problèmes amoureux me sont
soumis...

Mon embarras est le plus souvent très grand.

Que répondre, en effet, à la dame de Cahors qui me demande