Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire: journal humoristique — N.S. 1913 (Nr. 518-569)

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21524#0230

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE FOSSÉ
Pour ménager la Chambre-Chèvre
En ménageant le Sénat-Chou,
Il court, le cabinet Barthou,
Plus d'un danger et plus d'un lièvre.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Dégoûtée par l'incompréhension des Béotiens — dont je me
flatte d'être — Miss Isadora Duncan avait quitté la France et, en
>ecouant la poussière de ses pieds nus :

— Ingrate nation! disait-elle, tu n'auras pas mes os!...

Et comme cette demoiselle est plutôt grasse, cette menace ne
manquait pas d'une fantaisie assez paradoxale.

Or, Isadora est revenue à Paris.

Evidemment, c'est encore sur les rives de la Seine que l'exploi-
tation du snobisme donne les meilleurs résultats : il n'est bonnes
poires que de Paris.

Oh! cette Isadora Duncan! Avez-vous vu cette espèce de dame
de compagnie gambader, vêtue d'un drap de lit, au milieu de
petites filles dont les mollets nus doivent bigrement intéresser
les vieux messieurs? Et dire que cette maritorne prétend nous
« restituer la ligne des danseuses sacrées de l'antiquité » ! Sacrées
danseuses, en effet, si elles ressemblaient à Miss Isadora Duncan...

Un « reporter d'art » — car nous avons maintenant des repor-
ters d'art comme il y a des écrivains d'art — est allé interviewer
cette habile gaillarde... Isadora danse, — mais notre confrère a
marché !

Comme il conversait avec la ballerine anglo-grecque, « sept
jeunes filles, pieds nus, vêtues de voiles légers, émergèrent de
la pénombre avec des mouvements harmonieux, des attitudes
adorables ».

Pieds nus, naturellement... L'idée géniale d'Isadora Duncan
a été de montrer ses pieds : elle a élevé, si j'ose dire, ses pieds à
la hauteur d'un dogme artistique. Encore si elle ne montrait que
cela!

Mais revenons au récit du reporter d'art :

« Le piano jouait un andantino de Beethoven; les jeunes
nymphes, légères, s'entrecroisaient, avec des gestes gracieux;
leurs corps flexibles semblaient des fleurs vivantes; c'était un
épanouissement exquis. »

Tout, là-dedans, est adorable, gracieux, exquis...

« Corrigeant une attitude qui lui paraissait insuffisamment
exprimée, Isadora Duncan disait à une de ses élèves :

« — Regardez, mon enfant; vos mains, ici, puis ouvrez les
bras, plus mollement... comme des ailes dans le vent.

« La merveilleuse artiste ouvrait elle-même ses bras; c'était
une ondulation qui partait de l'épaule pour s'achever au petit
doigt, prodigieuse (sic) harmonie plastique à laquelle pas un
muscle n'était étranger. »

Est-ce que cette littérature d'art autour de cette gymnastique
d'art ne vous paraît pas agaçante?

Pour ma part, tout ce chiqué esthétique me donne comme àje
ne sais quel personnage de Mirbeau, l'envie d'aller aux « séances
d'art » de la géniale Isadora pour crier d'une voix retentissante :

— M... ! M...! M...!

Evidemment, c'est un vocabulaire que n'emploie pas M. Arthur
Meyer. Le directeur du Gaulois est le plus distingué de nos
gentilshommes et il ne connaît que le langage fleuri des cours
et des académies.

Toute expression un peu crue choque M. Arthur Meyer. Aussi,
jugez de son émoi quand il apprit qu'une célèbre lettre adressée
par Alfred de Vigny à sa maîtresse Marie Dorval allait être
vendue aux enchères.

— Impossible ! s'écria M. Meyar... C'estimpossible ! La mémoire
d'Alfred de Vigny, gentilhomme, académicien, royaliste et chré-
tienne peut être souillée... Cette lettre sera retirée de la vente :
je m'en charge !

En effet, le directeur du Gaulois fit démarche sur démarche et
la lettre resta enfouie dans l'ombre d'un tiroir à serrure secrète.
Mais quelle est cette lettre?

Voici : un matin, dans la tiédeur du lit, Alfred de Vigny se
sentit plus amoureux que jamais de Marie Dorval. Il avait un
de ces réveils triomphants qui font gonfler d'orgueil le cœur des
rêveurs et des imâginatifs. Hélas ! la belle Marie Dorval n'était
pas aux côtés du poète... Et c'est heureux sinon pour lui du
moins pour nous, car si Alfred de Vigny avait eu, à ce moment,
sa maîtresse dans les bras, il n'aurait pas écrit la fameuse lettre.

Je vous entends, aimable lectrice; vous demandez d'une voix
impatientée :

— Enfin, que contenait-elle, cette lettre?...

— Une description...

— Quelle description ?

— Ah ! madame, sachez qu'elle brave en ses mots l'honnêteté,
bien qu'elle soit écrite en bon français. Elle donne une hère
idée du... talent d'Alfred de Vigny. Quel tempérament! Quelle
fougue ! Et cette description terminée, l'auteur de Grandeur et
Servitude exprime en termes d'une incroyable précision son
ardent désir de prouver àMarie Dorval son amoureuse passion...
Ah! certes, en ces quatre pages, Alfred de Vigny n'est pas
idéaliste ! C'est la volupté dans ce qu'elle a de plus matériel
qu'il décrit complaisamment. Et pas de périphrases, pas d'eu-
phémismes : il appelle un chat un chat!

Cette le tre, qui figurait dans la collection de Me Chéramy, est
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Métivet, Lucien-Marie-François
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 531 (5 Avril 1913), S. 3
 
Annotationen