ii Je n'en dirai rien » ; « Assez grand pour deux » ; « Donnez-le-
inoi bien »...
Quand vous allez faire visite à une dame et qu'elle vous invite
à prendre place sur un canapé agrémenté de ces aimables
coussins, vous pouvez, avec un peu d'audace, vous inspirer de
leurs devises...
— Assez grand pour deux...
- - Venez, ma belle...
— Donnez-le-moi bien...
Je n'en dirai rien!...
Ces petits coussins sont dangereux. Cependant, on commence
à en voir un peu partout... C'est une mode que toutes nos élé-
gantes vont suivre, en s'asseyant dessus!
Cela leur donnera d'ailleurs un sujet de conversation.
Justement on nous apprend que les poules ont un langage...
Deux naturalistes anglais, MM. Edward Carpenter et Georges
Merrill étudient, dans la Revue The Humaniiarium, le vocabu-
laire des compagnes de Cbantecler. Ils ont noté vingt-trois cris
qui correspondent à autant de phrases ayant un sens bien défini :
appel aux poussins, demande de nourriture, remerciements à
la fermière, colère, expressions douloureuses, etc.
Les vingt-trois cris enregistrés par MM. Carpenter et Mervill
expriment les vingt-trois idées des poules...
Vingt-trois idées !
Je connais, à Paris, bien des poules qui n'ont fichtre pas vingt-
trois idées! Et elles n'ont pas beaucoup plus de vingt-trois mots
dans leur vocabulaire.
Avez-vous remarqué avec combien peu de mots, certaines
petites femmes arrivent à tout dire? Elles se servent surtout de
locutions toutes faites, empruntées à l'argot, et avec ces for-
mules, elles ont réponse à tout.
Voici, à quoi se résume pour elles la langue française :
- Non, mais chez qui?... Ta bouche, bébé, t'auras une frite!...
Lu ferme! A la gare!... Merci pour la langouste... Et ta sœur?...
Mon œil!... Tu parles!... Je ne marche pas..: etc.
Ecoutez-les parler, les vestales de la place Pigalle et de la
place Blanche : elles ne disent pas autre chose... Leurs amis
non plus d'ailleurs. Et ils se comprennent parfaitement.
Or, c'est l'essentiel, n'est-ce pas?
A vrai dire, si le Tout-Paris emploie un langage moins soute-
neur, il s'exprime en un style qui n'est guère plus soutenu.
C'est l'histoire de cette grande dame — une duchesse, s'il
vous plaît — qui disait à ses amis :
Quand je vois un coucher de soleil, eh! bien, ça ne rate
pas, je me f... à rêver!
* *
Je ne sais en quels termes les dames d'un certain « prix fixe »
de l'amour ont exprimé leur émotion, l'autre soir, lorsqu'elles
virent qu'un commencement d'incendie menaçait la maison.
Cet établissement — qui est voisin de la Bibliothèque natio-
nale — est universellement connu. Le feu éclata : vous imaginez
l'affolement des... artistes et des clients! Les premières étaient
MATHÉMATIQUES DE JURE
— A quatre coups de revolver bous acquittons ; pour que nous con-
damnions, faut la demi-douzaine.
QUI EN VEUT ?
— Nous vous donnons trois pour cent de revenu, vous nous rendez
trois pour cent d'impôt, mais vous avez le papier pour vous.
Dessins de L. Métivet
dans le plus sommaire des costumes. Les clients* aussi d'ail-
leurs... Il fallut s'habiller bien vite, tandis que la sous-maîtresse
criait d'une voix aiguë :
— Que les pompiers viennent tout de suite... avec leurs
lances!... ;
Ils vinrent, on effet, mais leurs lances ne leur servirent a
rien : en effet, le feu avait pu être noyé dans l'eau d'une simple
cuvette.
N'importe, ce fut une fameuse émotion. On prétend que plu-
sieurs des messieurs qui se trouvaient là en traitement ne
purent, après cette alerte, retrouver leurs moyens... Le feu les
avait éteints!
*
* *
Inutile de chercher une habile transmission pour passer de
cette maison d'illusion à l'Opéra.
Mais il paraît que l'Opéra va cesser d'être une espèce de...
harem pour monarques en balade, politiciens et banquiers.
C'est ainsi que pour obtenir le droit de chanter, les cantatrices
ne seront plus tenues d'avoir comme amants de généreux com-
manditaires de la maison; il ne leur sera même plus demandé
de prendre pour chacune de leurs représentations, deux ou trois
mille francs de places en location.
Bref, la question « entreteneurs » ne sera plus primordiale à
l'Opéra...
En effet, M. Rouche a déclaré :
-— Je suis riche et je n'ai besoin de personne!
Ceci ne veut pas dire que M. Rouché ait l'intention de jouer
les pachas et de réserver le hafem national de l'Opéra à son
usage personnel et exclusif... Non, M. Rouché tient tout sim-
plement à faire savoir que sa fortune lui permet de dire : •• Ut! »
;i. ces Mécènps qui commanditent avec le même argent leur-
maîtresse et l'Opéra.
L'amour (ou ce qui lui ressemble) va cesser d'être tout-puis-
sant dans notre premier théâtre lyrique. M. Rouché s'est même
interdit de prendre une maîtresse chanteuse ou danseuse.
MM. Messager, Broussan, Gabion, etc., n'en reviennent pas.
PlCK-ME-UP.
inoi bien »...
Quand vous allez faire visite à une dame et qu'elle vous invite
à prendre place sur un canapé agrémenté de ces aimables
coussins, vous pouvez, avec un peu d'audace, vous inspirer de
leurs devises...
— Assez grand pour deux...
- - Venez, ma belle...
— Donnez-le-moi bien...
Je n'en dirai rien!...
Ces petits coussins sont dangereux. Cependant, on commence
à en voir un peu partout... C'est une mode que toutes nos élé-
gantes vont suivre, en s'asseyant dessus!
Cela leur donnera d'ailleurs un sujet de conversation.
Justement on nous apprend que les poules ont un langage...
Deux naturalistes anglais, MM. Edward Carpenter et Georges
Merrill étudient, dans la Revue The Humaniiarium, le vocabu-
laire des compagnes de Cbantecler. Ils ont noté vingt-trois cris
qui correspondent à autant de phrases ayant un sens bien défini :
appel aux poussins, demande de nourriture, remerciements à
la fermière, colère, expressions douloureuses, etc.
Les vingt-trois cris enregistrés par MM. Carpenter et Mervill
expriment les vingt-trois idées des poules...
Vingt-trois idées !
Je connais, à Paris, bien des poules qui n'ont fichtre pas vingt-
trois idées! Et elles n'ont pas beaucoup plus de vingt-trois mots
dans leur vocabulaire.
Avez-vous remarqué avec combien peu de mots, certaines
petites femmes arrivent à tout dire? Elles se servent surtout de
locutions toutes faites, empruntées à l'argot, et avec ces for-
mules, elles ont réponse à tout.
Voici, à quoi se résume pour elles la langue française :
- Non, mais chez qui?... Ta bouche, bébé, t'auras une frite!...
Lu ferme! A la gare!... Merci pour la langouste... Et ta sœur?...
Mon œil!... Tu parles!... Je ne marche pas..: etc.
Ecoutez-les parler, les vestales de la place Pigalle et de la
place Blanche : elles ne disent pas autre chose... Leurs amis
non plus d'ailleurs. Et ils se comprennent parfaitement.
Or, c'est l'essentiel, n'est-ce pas?
A vrai dire, si le Tout-Paris emploie un langage moins soute-
neur, il s'exprime en un style qui n'est guère plus soutenu.
C'est l'histoire de cette grande dame — une duchesse, s'il
vous plaît — qui disait à ses amis :
Quand je vois un coucher de soleil, eh! bien, ça ne rate
pas, je me f... à rêver!
* *
Je ne sais en quels termes les dames d'un certain « prix fixe »
de l'amour ont exprimé leur émotion, l'autre soir, lorsqu'elles
virent qu'un commencement d'incendie menaçait la maison.
Cet établissement — qui est voisin de la Bibliothèque natio-
nale — est universellement connu. Le feu éclata : vous imaginez
l'affolement des... artistes et des clients! Les premières étaient
MATHÉMATIQUES DE JURE
— A quatre coups de revolver bous acquittons ; pour que nous con-
damnions, faut la demi-douzaine.
QUI EN VEUT ?
— Nous vous donnons trois pour cent de revenu, vous nous rendez
trois pour cent d'impôt, mais vous avez le papier pour vous.
Dessins de L. Métivet
dans le plus sommaire des costumes. Les clients* aussi d'ail-
leurs... Il fallut s'habiller bien vite, tandis que la sous-maîtresse
criait d'une voix aiguë :
— Que les pompiers viennent tout de suite... avec leurs
lances!... ;
Ils vinrent, on effet, mais leurs lances ne leur servirent a
rien : en effet, le feu avait pu être noyé dans l'eau d'une simple
cuvette.
N'importe, ce fut une fameuse émotion. On prétend que plu-
sieurs des messieurs qui se trouvaient là en traitement ne
purent, après cette alerte, retrouver leurs moyens... Le feu les
avait éteints!
*
* *
Inutile de chercher une habile transmission pour passer de
cette maison d'illusion à l'Opéra.
Mais il paraît que l'Opéra va cesser d'être une espèce de...
harem pour monarques en balade, politiciens et banquiers.
C'est ainsi que pour obtenir le droit de chanter, les cantatrices
ne seront plus tenues d'avoir comme amants de généreux com-
manditaires de la maison; il ne leur sera même plus demandé
de prendre pour chacune de leurs représentations, deux ou trois
mille francs de places en location.
Bref, la question « entreteneurs » ne sera plus primordiale à
l'Opéra...
En effet, M. Rouche a déclaré :
-— Je suis riche et je n'ai besoin de personne!
Ceci ne veut pas dire que M. Rouché ait l'intention de jouer
les pachas et de réserver le hafem national de l'Opéra à son
usage personnel et exclusif... Non, M. Rouché tient tout sim-
plement à faire savoir que sa fortune lui permet de dire : •• Ut! »
;i. ces Mécènps qui commanditent avec le même argent leur-
maîtresse et l'Opéra.
L'amour (ou ce qui lui ressemble) va cesser d'être tout-puis-
sant dans notre premier théâtre lyrique. M. Rouché s'est même
interdit de prendre une maîtresse chanteuse ou danseuse.
MM. Messager, Broussan, Gabion, etc., n'en reviennent pas.
PlCK-ME-UP.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Mathématiques de juré; Qui en veut?
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 567 (13 Décembre 1913), S. 4
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg