LE BLOC : HO. . . HISSE !
Quelles mauvaises ficelles !...
LE RIRE DE LA SEMAINE
J'ai demandé à une petite femme son avis sur le nouveau
ministère. Elle m'a répondu :
— Ils sont plutôt moches là-dedans!...
— Au point de vue politique, je crois que...
— Tu me demandes mon avis. Eh bien, je te dis que tous ces
types sont ratés comme gigolos. Je n'en connais pas un seul —
j'fréquente pas ce monde-là — mais j'ai vu leurs bobines dans
les journaux. En voilà des zigottos qui ne me feront pas mourir
d'amour!
— Cependant, Caillaux. .
— On pourrait patiner a roulettes sur sa tête.
— Doumergue?
— Je n'aime pas les petits gros.
— Viviani ?
— C'est un type à boniments... Encore un qui en promet. Le
moment venu, il flanche!
— Renoult, Métin?
— La barbe... Et, dans le Midi, la barbe, ça sent l'ail !
— Bienvenu-Martin?
— Et ton père ?
— Monis ?
— Je n'aime que la chartreuse... A part ça, il n'est pas mal.
Surtout qu'il est bien propre...
— Lebrun ?
— Je n'aime que les blonds. Tiens, celui que je préfère, c'est
le petit Jacquier... Il a du cheveu, il a de beaux yeux et les
Beaux-Arts.
— Ah ! celui-là te plaît ? ..
— Oui, et si tu le connais, tu peux le lui dire...
Et la petite femme ajouta, pensive :
— Tu sais, j'ai du talent... Est-ce que tu crois qu'il y aurait
mèche d'entrer à la Comédie-Française?
* *
Malgré cette opinion un peu sévère, le nouveau cabinet a été
surnommé le ministère des jolis garçons.
A vrai dire, ils ne sont pas jolis, mais ils se soignent, ils se
défendent, non seulement des atteintes de la « réaction » mais
aussi de celles du temps, — le temps que ne dirige pas
M. Hébrard,
MM. Caillaux, Lebrun, Malvy, Jacquier, Péret, Fernand David
sont ou veulent être des hommes à succès... Us s'habillent avec
une certaine recherche ; la couleur de leur cravate varie aussi
souvent que celle de leurs opinions politiques ; ils retroussent
leurs moustaches comme une simple Marianne ; ils font de
l'œil aux femmes plus encore qu'à M. Babaud-Lacroze, grand
dispensateur de bulletins blancs ou bleus.
Bref, ce ministère plutôt pacifiste est fait de conquérants.
Mais 'a tradition veut que le sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-
Arts passe pour le don Juan du cabinet.
M. Dujardin-Beaumetz était la victime des quolibets du Tigre,
à l'époque où l'un sous-secrétarisait rue de Valois, tandis que
l'autre présidait place Beauvau.
A chaque conseil des ministres, ce pauvre Dujardin-Beaumetz
— que ses vénérables cheveux blancs eussent dû mettre à l'abri
de telles plaisanteries — était accueilli par ces mots de M. Cle-
menceau :
— Eh bien, quelle sociétaire avez-vous mise à mal, mon vieux
Dujardin ?...
— Moi? Je vous assure...
— Allons donc ! La semaine dernière, vous avez butiné au
foyer de la Danse... Vous avez choisi trois danseuses! Il vous
en faut trois, en même temps !... Vous abusez de votre puissance.
— Ma puissance? Hélas ! ..
— Cela finira par un scandale, Dujardin !...
Infortuné Dujardin ! Il frôlait mais n'appuyait pas... M. Bérard
était un homme de goût, très discret et satisfait de peu. Il laisse
de bons souvenirs dans nos théâtres subventionnés.
M. Jacquier, lui, est un débutant...
— Il m'a fait une promesse, a déjà dit une pensionnaire du
Théâtre-Français.
— Une promesse... ferme? lui demanda une amie.
— Oh ! je ne sais pas si elle est ferme... Nous n'en sommes pas
encore là!
En tout cas, nous en sommes à la mode du pyjama pour
femmes...
Vous vous présentez le matin chez une clame amie et vous la
trouvez culottée et vestonnée de satin rayé.
C'est d'ailleurs une mode charmante... Une femme mince et
Quelles mauvaises ficelles !...
LE RIRE DE LA SEMAINE
J'ai demandé à une petite femme son avis sur le nouveau
ministère. Elle m'a répondu :
— Ils sont plutôt moches là-dedans!...
— Au point de vue politique, je crois que...
— Tu me demandes mon avis. Eh bien, je te dis que tous ces
types sont ratés comme gigolos. Je n'en connais pas un seul —
j'fréquente pas ce monde-là — mais j'ai vu leurs bobines dans
les journaux. En voilà des zigottos qui ne me feront pas mourir
d'amour!
— Cependant, Caillaux. .
— On pourrait patiner a roulettes sur sa tête.
— Doumergue?
— Je n'aime pas les petits gros.
— Viviani ?
— C'est un type à boniments... Encore un qui en promet. Le
moment venu, il flanche!
— Renoult, Métin?
— La barbe... Et, dans le Midi, la barbe, ça sent l'ail !
— Bienvenu-Martin?
— Et ton père ?
— Monis ?
— Je n'aime que la chartreuse... A part ça, il n'est pas mal.
Surtout qu'il est bien propre...
— Lebrun ?
— Je n'aime que les blonds. Tiens, celui que je préfère, c'est
le petit Jacquier... Il a du cheveu, il a de beaux yeux et les
Beaux-Arts.
— Ah ! celui-là te plaît ? ..
— Oui, et si tu le connais, tu peux le lui dire...
Et la petite femme ajouta, pensive :
— Tu sais, j'ai du talent... Est-ce que tu crois qu'il y aurait
mèche d'entrer à la Comédie-Française?
* *
Malgré cette opinion un peu sévère, le nouveau cabinet a été
surnommé le ministère des jolis garçons.
A vrai dire, ils ne sont pas jolis, mais ils se soignent, ils se
défendent, non seulement des atteintes de la « réaction » mais
aussi de celles du temps, — le temps que ne dirige pas
M. Hébrard,
MM. Caillaux, Lebrun, Malvy, Jacquier, Péret, Fernand David
sont ou veulent être des hommes à succès... Us s'habillent avec
une certaine recherche ; la couleur de leur cravate varie aussi
souvent que celle de leurs opinions politiques ; ils retroussent
leurs moustaches comme une simple Marianne ; ils font de
l'œil aux femmes plus encore qu'à M. Babaud-Lacroze, grand
dispensateur de bulletins blancs ou bleus.
Bref, ce ministère plutôt pacifiste est fait de conquérants.
Mais 'a tradition veut que le sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-
Arts passe pour le don Juan du cabinet.
M. Dujardin-Beaumetz était la victime des quolibets du Tigre,
à l'époque où l'un sous-secrétarisait rue de Valois, tandis que
l'autre présidait place Beauvau.
A chaque conseil des ministres, ce pauvre Dujardin-Beaumetz
— que ses vénérables cheveux blancs eussent dû mettre à l'abri
de telles plaisanteries — était accueilli par ces mots de M. Cle-
menceau :
— Eh bien, quelle sociétaire avez-vous mise à mal, mon vieux
Dujardin ?...
— Moi? Je vous assure...
— Allons donc ! La semaine dernière, vous avez butiné au
foyer de la Danse... Vous avez choisi trois danseuses! Il vous
en faut trois, en même temps !... Vous abusez de votre puissance.
— Ma puissance? Hélas ! ..
— Cela finira par un scandale, Dujardin !...
Infortuné Dujardin ! Il frôlait mais n'appuyait pas... M. Bérard
était un homme de goût, très discret et satisfait de peu. Il laisse
de bons souvenirs dans nos théâtres subventionnés.
M. Jacquier, lui, est un débutant...
— Il m'a fait une promesse, a déjà dit une pensionnaire du
Théâtre-Français.
— Une promesse... ferme? lui demanda une amie.
— Oh ! je ne sais pas si elle est ferme... Nous n'en sommes pas
encore là!
En tout cas, nous en sommes à la mode du pyjama pour
femmes...
Vous vous présentez le matin chez une clame amie et vous la
trouvez culottée et vestonnée de satin rayé.
C'est d'ailleurs une mode charmante... Une femme mince et
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 568 (20 Décembre 1913) L’aviation, S. 5
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg