LE RIRE AU THEATRE Gustave Doré) à la
Porte - Saint- Mar-
' tin. Si, avec de pa-
Comédie-Française. reils titres, les théâ- .
Sans avoir obtenu la glorieuse carrière de Champignol niai- très ne font pas de £■
gré lui et des Deux gosses, le Cid atout de même atteint sa l'or en barre, zut à
millième représentation; et il y eut chez Molière, pour célébrer l'or!...
cet heureux événement, une fête solennelle mais touchante. Les Le Théâtre Doré,
interprètes, comme l'œuvre, méritent là vénération la plus donc, donne une
sympathique. Soucieuse de ne pas être accusée de vouloir bonne revue, une
rajeunir la pièce, la direction ht jouer l'éphôbe Rodrigo de jolie pièce ; on ad-
Bivar (16 ans) par le doyen, qui les a plutôt quatre fois qu'une; mire MUe Greuze,
et Mme Segond-Weber a retrouvé fort a propos, pour représenter qui a toujours l'air
Chimène, les 15 ans qu'elle venait d'atteindre en 1885 lorsqu'elle de représenter la
débuta à i'Odéon dans les Jacobites. Cruche lassée ; Mlle
A l'occasion de cette fête on pouvait lire l'étrange commu- Irène Bordoni qui
niqué suivant: continue àavoirles
« M. Mounet-Sully et M1Ie Jeanne Rémy ayant fait observer plus grands yeux
que Mlle Léo Mai raison, désignée pour jouer le rôle de Léonor, du monde; M . Tré-
leur paraissait trop jolie et trop distinguée pour représenter à ville, le fin créateur de l'Anglais tel qu'on
côté de l'infante le personnage d'une suivante, M. Claretie a le -parle; et le maître de céans èst M: Léoni",
demandé à sa jeune pensionnaire de vouloir bien céder le rôle chanteur mondain. M. Léoni a une plus
à une de ses camarades, plus âgée. » jolie voix que M. Fursy, et avec luilaChan-
Pourquoi la gouvernante Léonor doit-elle être vieille et mal- son rose remplace la Chanson rosse. Comme
gracieuse comme une duègne romantique dont la barbe fleurit littérature l'une vaut l'autre; mais M. Léoni
et dont le nez trognonne?.. Etrange interprétation des textes charme par son organe et réjouit les yeux par sa belle santé... Il
pour rajeunir quand même celles de Chimene et Rodrigue!... Il est à remarquer que tous ceux qui chantent leurs peines de cœur
eût été plaisant de voir M. Claretie, avec son affabilité coûta- leurs rancœurs, leurs désespérances, leurs transes et leurs na-
mière, expliquer à la rempla- vrances ne cessent pas d'avoir le
çante de Mlle Malraison : » Nous f sourire!...
vous choisissons parce que vous l -<s/vr\ ^es costumes de la revue sont
êtes moche, périmée et distin- Q sf N dessinés par notre spirituel et
guée comme un cheveu dans le 7'Ck-l''M %. \ -J Q charmant Métivet. Depuis beaux
potage!... » (^r^pl ( ^ ■ j Ç ^J*\ jours, les_ revuistes le détrous-
sent en s'inspirant comme dans
un bois de ses dessins et lé-
Le Théâtre Impérial, qui est si / \T Yv\\/ l?H \\/^s^?'/^0 gendes. Il s'en venge en désha-
beau sous la République, offre / Y\ \ W\ ^"^iT^^P f/y A V —/ / billant avec art les petites fem-
un spectacle coupé dont presque S / \Yjf /v"^ H\S^ ^ ■ // fj\f I / mes de revues. C'est de l'ironie
tous les morceaux sont bons. 1 / J^JélL^ /A^^^É^^F^ rj ^ V \ \ indulgente. Métivet est costu-
Troupe aussi nombreuse qu'à J\ tsJ^^*'' v^^^^^^^^^v / /\ X / / mier du fait.
l'Opéra, mais plus gaie. On ap-
précie Jules Moy (quoi qu'ait
dit Pascal, Je Moy n'est pas tou- / ' ^ # ^ %■ \ \ f\ Spectacle d'art
jours haïssable) ; on fête l'entrain A V %!; Jl ^ \ \ \ \ ^C^SZZxX»^ La pièce s'appelle les Passion-
communicatif de Lyse Berty, \ f|. \Nv \ \ \ \ Y"1^^ ? nés. Le directeur-auteur (il fut,
étoile de céans (un Aomeà Berty v\ ^f- 'fîA \ \\ dit-on, chef de claque) se pique
en vaut deux); et la cocasserie """^Rtlfea-, % ^ ^ \ \< V de réalisme, et prétend faire ap-
de Boucot, sorte de Little Tich ^^BIî3ïfc^l% % \ \v \^ Y^s» plaudir ce que l'on nommait il y
mâtiné (à 2 heures) de voyou ^/itSESB» vft ^ ' ^^^P^Sv ^ ^ a quelque quinze années des
paiisien. La grâce souriante, le WmF'::'': î.l« %^—tranches dévie. Mais s'il met en
talent très fin et très personnel I^Wffipi scène avec une inquiétante com-
de la jolie Albany (un nom de H pétence l'intérieur d'un asile
guerre, bien entendu), fait mer- Boucot et Albany vendent l'Intransigeant tous les soirs à l'Impérial. hermétique, quelle fantaisie
veille dans ce spectacle à la dans l'aflabulation de sa pièce!
bonne franckette. Jugez-en par cette analyse :
- <> Après avoir abattu un agent des mœurs d'un coup de revol-
Gaîté-Lyrique. ver, le brave lieutenant d'Aurigny parvient à s'enfuir grâce à
Au moment où imminent de nouvelles grèves de cheminots, la complicité de Zéphyr ine, très brave femme bien que sous-
il convient d'admirer Tendu- maîtresse. Comment soustraire le jeune homme aux poursuites
rance et la juvénile ardeur policières ? En le déguisant en femme tout simplement. N'être
du Chemineau de Jean Ri- pas reconnu, c'est un avantage; mais le métier de pensionnaire
chepin et Xavier Leroux. Ce de maison présente de grands inconvénients pour un officier
champion du footing, entre de l'armée!»
deux tours de France, fait Evidemment!...
une enjambée de l'Opéra- Si l'on ajoute que la gélatineuse élé-
Comique à la Gaîté-Lyrique. phantaisiste Jeanne Bloch incarne Zé-
De chaleureux accueils (quo- phyrine, on voit qu'il y a encore de
rum pars Maguenat fuit) belles _ soirées pour la malsaine gaîté
récompensent ce vieux rou- française!...
tier de ne pas dire des vers -
stupides et de remplacer par
de la sincère et vivante Toujours la crise du Français,
musique des cacophonies A propos de la rentrée à l'Opéra,
compliquées. dans Rigoletto, de notre plus grand
_ tragédien lyrique (c'est-à-dire Maurice
Renaud), un éminent musicographe
La « Boîte à Fursy » s'ap- commet ces tropes : « S'adaptant à la
pelle maintenant « Théâtre pensée du créateur, son image ieoni-
Doré ». Comme dirait Cail- que du bouffon dramatique s élève en
laux, notre sinistre des Fi- puissance au symbole même de la dou-
nances : « Ça fait plus riche !» leur... »
Et puis c'est la suite d'une Icône voulant dire image, c'esteomme
série: le Veau d'or chez si l'on écrivait: Un poivrot ivre, une
M. Poirier; Jeanne Doré dévote pieuse, un d'Annunzio fàtl...
chez Sarah; et l'on parle C'est un pléonasme ; et notre confrère
d'ores et déj à d'une reprise a eu tort d'iconer ainsi !
des Ventres dorés à I'Odéon Ragotin.
et des Beaux Messieurs de Au Théâtre Doré :
Xavier Leroux. Bois-Doré (Costumes d'après Illustrations d'Yves Marevéry. les yeux d'Irène Bordoni.
Porte - Saint- Mar-
' tin. Si, avec de pa-
Comédie-Française. reils titres, les théâ- .
Sans avoir obtenu la glorieuse carrière de Champignol niai- très ne font pas de £■
gré lui et des Deux gosses, le Cid atout de même atteint sa l'or en barre, zut à
millième représentation; et il y eut chez Molière, pour célébrer l'or!...
cet heureux événement, une fête solennelle mais touchante. Les Le Théâtre Doré,
interprètes, comme l'œuvre, méritent là vénération la plus donc, donne une
sympathique. Soucieuse de ne pas être accusée de vouloir bonne revue, une
rajeunir la pièce, la direction ht jouer l'éphôbe Rodrigo de jolie pièce ; on ad-
Bivar (16 ans) par le doyen, qui les a plutôt quatre fois qu'une; mire MUe Greuze,
et Mme Segond-Weber a retrouvé fort a propos, pour représenter qui a toujours l'air
Chimène, les 15 ans qu'elle venait d'atteindre en 1885 lorsqu'elle de représenter la
débuta à i'Odéon dans les Jacobites. Cruche lassée ; Mlle
A l'occasion de cette fête on pouvait lire l'étrange commu- Irène Bordoni qui
niqué suivant: continue àavoirles
« M. Mounet-Sully et M1Ie Jeanne Rémy ayant fait observer plus grands yeux
que Mlle Léo Mai raison, désignée pour jouer le rôle de Léonor, du monde; M . Tré-
leur paraissait trop jolie et trop distinguée pour représenter à ville, le fin créateur de l'Anglais tel qu'on
côté de l'infante le personnage d'une suivante, M. Claretie a le -parle; et le maître de céans èst M: Léoni",
demandé à sa jeune pensionnaire de vouloir bien céder le rôle chanteur mondain. M. Léoni a une plus
à une de ses camarades, plus âgée. » jolie voix que M. Fursy, et avec luilaChan-
Pourquoi la gouvernante Léonor doit-elle être vieille et mal- son rose remplace la Chanson rosse. Comme
gracieuse comme une duègne romantique dont la barbe fleurit littérature l'une vaut l'autre; mais M. Léoni
et dont le nez trognonne?.. Etrange interprétation des textes charme par son organe et réjouit les yeux par sa belle santé... Il
pour rajeunir quand même celles de Chimene et Rodrigue!... Il est à remarquer que tous ceux qui chantent leurs peines de cœur
eût été plaisant de voir M. Claretie, avec son affabilité coûta- leurs rancœurs, leurs désespérances, leurs transes et leurs na-
mière, expliquer à la rempla- vrances ne cessent pas d'avoir le
çante de Mlle Malraison : » Nous f sourire!...
vous choisissons parce que vous l -<s/vr\ ^es costumes de la revue sont
êtes moche, périmée et distin- Q sf N dessinés par notre spirituel et
guée comme un cheveu dans le 7'Ck-l''M %. \ -J Q charmant Métivet. Depuis beaux
potage!... » (^r^pl ( ^ ■ j Ç ^J*\ jours, les_ revuistes le détrous-
sent en s'inspirant comme dans
un bois de ses dessins et lé-
Le Théâtre Impérial, qui est si / \T Yv\\/ l?H \\/^s^?'/^0 gendes. Il s'en venge en désha-
beau sous la République, offre / Y\ \ W\ ^"^iT^^P f/y A V —/ / billant avec art les petites fem-
un spectacle coupé dont presque S / \Yjf /v"^ H\S^ ^ ■ // fj\f I / mes de revues. C'est de l'ironie
tous les morceaux sont bons. 1 / J^JélL^ /A^^^É^^F^ rj ^ V \ \ indulgente. Métivet est costu-
Troupe aussi nombreuse qu'à J\ tsJ^^*'' v^^^^^^^^^v / /\ X / / mier du fait.
l'Opéra, mais plus gaie. On ap-
précie Jules Moy (quoi qu'ait
dit Pascal, Je Moy n'est pas tou- / ' ^ # ^ %■ \ \ f\ Spectacle d'art
jours haïssable) ; on fête l'entrain A V %!; Jl ^ \ \ \ \ ^C^SZZxX»^ La pièce s'appelle les Passion-
communicatif de Lyse Berty, \ f|. \Nv \ \ \ \ Y"1^^ ? nés. Le directeur-auteur (il fut,
étoile de céans (un Aomeà Berty v\ ^f- 'fîA \ \\ dit-on, chef de claque) se pique
en vaut deux); et la cocasserie """^Rtlfea-, % ^ ^ \ \< V de réalisme, et prétend faire ap-
de Boucot, sorte de Little Tich ^^BIî3ïfc^l% % \ \v \^ Y^s» plaudir ce que l'on nommait il y
mâtiné (à 2 heures) de voyou ^/itSESB» vft ^ ' ^^^P^Sv ^ ^ a quelque quinze années des
paiisien. La grâce souriante, le WmF'::'': î.l« %^—tranches dévie. Mais s'il met en
talent très fin et très personnel I^Wffipi scène avec une inquiétante com-
de la jolie Albany (un nom de H pétence l'intérieur d'un asile
guerre, bien entendu), fait mer- Boucot et Albany vendent l'Intransigeant tous les soirs à l'Impérial. hermétique, quelle fantaisie
veille dans ce spectacle à la dans l'aflabulation de sa pièce!
bonne franckette. Jugez-en par cette analyse :
- <> Après avoir abattu un agent des mœurs d'un coup de revol-
Gaîté-Lyrique. ver, le brave lieutenant d'Aurigny parvient à s'enfuir grâce à
Au moment où imminent de nouvelles grèves de cheminots, la complicité de Zéphyr ine, très brave femme bien que sous-
il convient d'admirer Tendu- maîtresse. Comment soustraire le jeune homme aux poursuites
rance et la juvénile ardeur policières ? En le déguisant en femme tout simplement. N'être
du Chemineau de Jean Ri- pas reconnu, c'est un avantage; mais le métier de pensionnaire
chepin et Xavier Leroux. Ce de maison présente de grands inconvénients pour un officier
champion du footing, entre de l'armée!»
deux tours de France, fait Evidemment!...
une enjambée de l'Opéra- Si l'on ajoute que la gélatineuse élé-
Comique à la Gaîté-Lyrique. phantaisiste Jeanne Bloch incarne Zé-
De chaleureux accueils (quo- phyrine, on voit qu'il y a encore de
rum pars Maguenat fuit) belles _ soirées pour la malsaine gaîté
récompensent ce vieux rou- française!...
tier de ne pas dire des vers -
stupides et de remplacer par
de la sincère et vivante Toujours la crise du Français,
musique des cacophonies A propos de la rentrée à l'Opéra,
compliquées. dans Rigoletto, de notre plus grand
_ tragédien lyrique (c'est-à-dire Maurice
Renaud), un éminent musicographe
La « Boîte à Fursy » s'ap- commet ces tropes : « S'adaptant à la
pelle maintenant « Théâtre pensée du créateur, son image ieoni-
Doré ». Comme dirait Cail- que du bouffon dramatique s élève en
laux, notre sinistre des Fi- puissance au symbole même de la dou-
nances : « Ça fait plus riche !» leur... »
Et puis c'est la suite d'une Icône voulant dire image, c'esteomme
série: le Veau d'or chez si l'on écrivait: Un poivrot ivre, une
M. Poirier; Jeanne Doré dévote pieuse, un d'Annunzio fàtl...
chez Sarah; et l'on parle C'est un pléonasme ; et notre confrère
d'ores et déj à d'une reprise a eu tort d'iconer ainsi !
des Ventres dorés à I'Odéon Ragotin.
et des Beaux Messieurs de Au Théâtre Doré :
Xavier Leroux. Bois-Doré (Costumes d'après Illustrations d'Yves Marevéry. les yeux d'Irène Bordoni.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire au théatre
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 568 (20 Décembre 1913) L’aviation, S. 12
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg