LE RIRE AU THEATRE mêïïie où était renfa à Paris
le sourire de la Joeonde, les
- Bouffes-Parisiens retrouvaient
, „. le fou rire, Etude de « nurses»
Merci pour la langouste à la Cigale. plutôt que comédie de earae-
Revue amusante luxueusement montée. A signaler les débuts tère; vaudeville chaste et fa-
du comique Lucien Boyer. Quand ce jeune artiste, très popu- milial, puisque, comme nom
laire à Marseille, aura pris un peu d'assurance (car c'est un d'auteur, le programme porte :
timide et un modeste) et perdu l'accent de la Cannebiére, il Maijo, Mon Bébé a brillam-
deviendra aussi parisien que M. de Max (né à Jassy), ou M. De- ment et bruyamment triomphé
freyn (natif de Bruxelles). Auprès de lui, Mlle Esmée triomphe. parmi l'éclat des rires et le
Pierre Louys, dans la Femme et le Pantin, décrit une dame claquement des bravos ininter-
qui « sourit avec les jambes et parle avec le torse ». Ce tour de rompus
torse est réalisé par Mlle Esmée, et M. Fred Pascal est aussi C'est que l'adaptateur est le
souple comme danseur que comme comédien. plus roublard et le plus subtil,
La chorégraphie sévit du reste farouchement au music-hall; le plus abondant de nos agen»
et en attendant que MUe Valentine de Saint-Potin lance sa Méta- ceurs d'intrigues : Maurice
chorie aux danses idéistes (on ne s'embêtera pas cet hiver dans Hennequin. Parfois la note
'•es salons), MUe Jane Vieu et M. Vova Berky donnent à l'Olympia sentimentale permet aux 4mes
un divertissement ingénieux et joli, les Fanfreluches de l'Amour; simples une seconde d atten-
qui font corps (de ballet) avec la Revue. MUes Yetta Rianza et drissement. Un poète sommeil-
Delvsia sont reines de ce spectacle par le charme, le talent et la lerait-il dans le cœur du vau- A,
beauté; et Dorville ferait rire notre Grand Désargentier M. Cail- devi I liste ?... %^M^mÛ n^IS
laux, lui-même. -_ Ecartons cette mélancolique de ses trois jumeaux. Le père et
T • ' ^ 77" * m hypothèse ; et féhcitong-le sur- les enfants se portent bien.
Le Chèvrefeuille a la Porte-Saint-Martin : tout d'avoir tripatouillé, cham-
D'Annunzio, raseur insipide bardé de fond en comble un ouvrage surfait à l'étranger, et
Mais qui des grands patrons s'inspire, _ qu'il fallait refaire à l'usage du public de
Tout en chambardant Euripide t ^ ^ France. Dans cette tâche délicate et pé-
Tripatouille aujourd'hui. Shakspeare. > / ffî? rilleuse, Maurice Hennequin a trouvé un
Et lorsque A'Electre et à'Harnlet .. , J^-- ( - ; S___complice précieux, l'acteur Rolland, plus
Ce fumiste conclut -l'hymen, T / V connu sous le pseudonyme Max Dearly.
Au loufoque son verbe plaît; 'v1T^\s^ Outre que ce nom gardera la pièce un côté-
Le snob, recueilli, dit: « Amen!... >. Ju__Av. sJt / èS amencam' Dearly, incomparable co-
mique lrançais, ne s est jamais montré plus
Mais des gens sensés, d'esprit calme, vr^___^>^, Il y%g, . humainement et plus finement bouffon que
Qui dira le martyrologe?... ^.^^ y dans le rôle de Jimmy Scott.
Leur bonté ménteda palme; ^ Â Par une fatalité déconcertante et. qui
Leur silence est digne d élogev yj&^S^ yÇM tient du prodige, le geste, chez .M11»" Monna.
S'ils-n'eurent point l'air mécontent >r / / ^ À fi?é'/' Delza, précède ou suit la parole, au dieu
A ce spectacle sans appas, | i^-^^A-^Éâ^'Êt. de l'accompagner; la physionomie traduit
La raison est simple pourtant : ^- ' \j* V. I^K m- M/ précisément le- sensations contraires à.
Quand on baille, on ne siffle pas! ) ^-^^^T~^%^> W-JÊ^j < celles qu'elle voudrait exprimer ; les vers
du poète vous obsèdent :
Des mots:. : '\ \ Elle voudrait pleurer? La voilà qui sourit!
Celui que l'on a susnommé Godefroy de LXO^^ I ffi/W \ Quand-On croit qu'elle rit, elle verse des larmes L
Bouillon,, le très décoratif et très décoré
Alexandre Duval, la providence des Re-
vuistes et l'homme des Couturières, plai- (./ f \ Mfck/ A la suite du succès de Jeanne Doré au
santé avec verve sa, profession de restau- r-—— Théâtre Sarah-Bernard, le maître du rire,
rateur. 11 possède une série toute prête de I f \ I Tristan Bernhardt va changer de genre. Il
facéties sur le tourne-dos, le ris de veau et N i ^ a-enfin trouvé sa voie grâce à la. voix d'or
l'escalope; et va même, avec ses intimes, ^> de sa prestigieuse interprète ; et transfor-
jusqu'â blaguer ces établissements fameux m ■ -^^fe iM—— A mera en drames émouvants ses plus réjouis-
aûxqiirls il doit sa fortune et sa gloire. Esmée dans «La Très' Moutarde» santés comédies. — Ainsi, L'Anglais tel
Ainsi; il raconte volontiers cette anecdote : trois mois avant J.-C qu'on le parle deviendra l'Allemand tel
— Un client s'assied à une table et, . im- qu'on lui parlé, œuvre de vibrant patrio-
prudemment, demande un pigeon aux petits pois... On le sert. tisme: —Un pauvre diable employé'comme interprète dans un
Il rappelle la bonne : — « Pardon, mais je ne vois pas le hôtel cosmopolite, surprend par téléphone des secrets intéressant
pjgeon!... » La bonne : — « Soulevez le petit pois! » notre défense nationale. 11 empile gaffes sur gaffes; mais ses
erreurs mêmes servent la cause de son pays.
Il a4bèaucoup plus de talent que de succès (ces choses-là De même, les 'Deux canards r s'appelleront les Deux ai-
arrivent) et brille moins comme auteur dramatique que comme aies et passeront du Palais-Royal à l'Ambigu. On y verra la
romancier et comme critique. Aussi les artistes répètent-ils sans lutte de l'aigle impérial russe et de l'aigle impérial français
conviction. L'autre semaine, vers 1812.
une romédienne ne tenait pas Ainsi, pour Tripleplatte, pour lé Danseur inconnu, et vingt
compte de ses indications ; no- autres gais chefs-d'œuvre... Et si la manière noire ne lui réussit
tre auteur s'écr;a: cil faut que plus, Tristan Bernard s'adonnera de nouveau à la comédie
vous m'obéissiez, madémoi- légère. 11 se pourrait alors qu'il fît de Jeanne Doré un \aude-
selle!! Vous savez que je fais ville. Il y songe déjà (en souriant dans son illustre, barbe): le
ce que je veux; tout ce que je point culminant du drame est la scène où, à traversée guichet
veux, ici!... » — « Vous faites de sa geôle, le condamné à mort donne un baiser à sa mérey
tout ce que vous voulez?répon- croyant le donner à sa maîtresse... Ce baiser du judas devien-
dit l'aimable enfant. Eh! bien, draît dans le vaudeville le Baiser de Judas (et servirait même
faites donc une bonne pièce!...» de titre à la pièce) :— Un époux libertin vient chez sa maîtresse.
-- . Celle-ci a tout avoué à la femme légitime et
Sur un mastuvu prétentieux lui a cédé sa place. Par-dessus le paravent
0 , . -, -, , -, de la salle de bain, l'épouse tend à l'époux
Sa bouche sourit; son œil luit un • H bras blanc £ les Ièvres de pinfi-
Dès qui] peut montrer son vi- couvrent de lon4gs baisers. Et c'est le
T, . . . . : . -, lsage- suiet d'une scène de réconciliation comique
Il est toujours content de lui. et charmante.
Morale. On le voit: notre spirituel ami n'est ja
Se contenter de peu, c'est le mais à court d'inspiration ; et continuera
propre du sage. à mériter le surnom de Trustant Ber-
- nard...
Mon Bébé. Comédie de Mau- . . . . . Ragotin. ... _ Lucien Boyer,
Max Dearly jongle avec la pièce rice Hennequin, d'après Miss Illustrations de Y. Marevéry. - le joyeux compère
et les accessoires. Margaret Mayo. — Le soir ~ de la Cigale.
le sourire de la Joeonde, les
- Bouffes-Parisiens retrouvaient
, „. le fou rire, Etude de « nurses»
Merci pour la langouste à la Cigale. plutôt que comédie de earae-
Revue amusante luxueusement montée. A signaler les débuts tère; vaudeville chaste et fa-
du comique Lucien Boyer. Quand ce jeune artiste, très popu- milial, puisque, comme nom
laire à Marseille, aura pris un peu d'assurance (car c'est un d'auteur, le programme porte :
timide et un modeste) et perdu l'accent de la Cannebiére, il Maijo, Mon Bébé a brillam-
deviendra aussi parisien que M. de Max (né à Jassy), ou M. De- ment et bruyamment triomphé
freyn (natif de Bruxelles). Auprès de lui, Mlle Esmée triomphe. parmi l'éclat des rires et le
Pierre Louys, dans la Femme et le Pantin, décrit une dame claquement des bravos ininter-
qui « sourit avec les jambes et parle avec le torse ». Ce tour de rompus
torse est réalisé par Mlle Esmée, et M. Fred Pascal est aussi C'est que l'adaptateur est le
souple comme danseur que comme comédien. plus roublard et le plus subtil,
La chorégraphie sévit du reste farouchement au music-hall; le plus abondant de nos agen»
et en attendant que MUe Valentine de Saint-Potin lance sa Méta- ceurs d'intrigues : Maurice
chorie aux danses idéistes (on ne s'embêtera pas cet hiver dans Hennequin. Parfois la note
'•es salons), MUe Jane Vieu et M. Vova Berky donnent à l'Olympia sentimentale permet aux 4mes
un divertissement ingénieux et joli, les Fanfreluches de l'Amour; simples une seconde d atten-
qui font corps (de ballet) avec la Revue. MUes Yetta Rianza et drissement. Un poète sommeil-
Delvsia sont reines de ce spectacle par le charme, le talent et la lerait-il dans le cœur du vau- A,
beauté; et Dorville ferait rire notre Grand Désargentier M. Cail- devi I liste ?... %^M^mÛ n^IS
laux, lui-même. -_ Ecartons cette mélancolique de ses trois jumeaux. Le père et
T • ' ^ 77" * m hypothèse ; et féhcitong-le sur- les enfants se portent bien.
Le Chèvrefeuille a la Porte-Saint-Martin : tout d'avoir tripatouillé, cham-
D'Annunzio, raseur insipide bardé de fond en comble un ouvrage surfait à l'étranger, et
Mais qui des grands patrons s'inspire, _ qu'il fallait refaire à l'usage du public de
Tout en chambardant Euripide t ^ ^ France. Dans cette tâche délicate et pé-
Tripatouille aujourd'hui. Shakspeare. > / ffî? rilleuse, Maurice Hennequin a trouvé un
Et lorsque A'Electre et à'Harnlet .. , J^-- ( - ; S___complice précieux, l'acteur Rolland, plus
Ce fumiste conclut -l'hymen, T / V connu sous le pseudonyme Max Dearly.
Au loufoque son verbe plaît; 'v1T^\s^ Outre que ce nom gardera la pièce un côté-
Le snob, recueilli, dit: « Amen!... >. Ju__Av. sJt / èS amencam' Dearly, incomparable co-
mique lrançais, ne s est jamais montré plus
Mais des gens sensés, d'esprit calme, vr^___^>^, Il y%g, . humainement et plus finement bouffon que
Qui dira le martyrologe?... ^.^^ y dans le rôle de Jimmy Scott.
Leur bonté ménteda palme; ^ Â Par une fatalité déconcertante et. qui
Leur silence est digne d élogev yj&^S^ yÇM tient du prodige, le geste, chez .M11»" Monna.
S'ils-n'eurent point l'air mécontent >r / / ^ À fi?é'/' Delza, précède ou suit la parole, au dieu
A ce spectacle sans appas, | i^-^^A-^Éâ^'Êt. de l'accompagner; la physionomie traduit
La raison est simple pourtant : ^- ' \j* V. I^K m- M/ précisément le- sensations contraires à.
Quand on baille, on ne siffle pas! ) ^-^^^T~^%^> W-JÊ^j < celles qu'elle voudrait exprimer ; les vers
du poète vous obsèdent :
Des mots:. : '\ \ Elle voudrait pleurer? La voilà qui sourit!
Celui que l'on a susnommé Godefroy de LXO^^ I ffi/W \ Quand-On croit qu'elle rit, elle verse des larmes L
Bouillon,, le très décoratif et très décoré
Alexandre Duval, la providence des Re-
vuistes et l'homme des Couturières, plai- (./ f \ Mfck/ A la suite du succès de Jeanne Doré au
santé avec verve sa, profession de restau- r-—— Théâtre Sarah-Bernard, le maître du rire,
rateur. 11 possède une série toute prête de I f \ I Tristan Bernhardt va changer de genre. Il
facéties sur le tourne-dos, le ris de veau et N i ^ a-enfin trouvé sa voie grâce à la. voix d'or
l'escalope; et va même, avec ses intimes, ^> de sa prestigieuse interprète ; et transfor-
jusqu'â blaguer ces établissements fameux m ■ -^^fe iM—— A mera en drames émouvants ses plus réjouis-
aûxqiirls il doit sa fortune et sa gloire. Esmée dans «La Très' Moutarde» santés comédies. — Ainsi, L'Anglais tel
Ainsi; il raconte volontiers cette anecdote : trois mois avant J.-C qu'on le parle deviendra l'Allemand tel
— Un client s'assied à une table et, . im- qu'on lui parlé, œuvre de vibrant patrio-
prudemment, demande un pigeon aux petits pois... On le sert. tisme: —Un pauvre diable employé'comme interprète dans un
Il rappelle la bonne : — « Pardon, mais je ne vois pas le hôtel cosmopolite, surprend par téléphone des secrets intéressant
pjgeon!... » La bonne : — « Soulevez le petit pois! » notre défense nationale. 11 empile gaffes sur gaffes; mais ses
erreurs mêmes servent la cause de son pays.
Il a4bèaucoup plus de talent que de succès (ces choses-là De même, les 'Deux canards r s'appelleront les Deux ai-
arrivent) et brille moins comme auteur dramatique que comme aies et passeront du Palais-Royal à l'Ambigu. On y verra la
romancier et comme critique. Aussi les artistes répètent-ils sans lutte de l'aigle impérial russe et de l'aigle impérial français
conviction. L'autre semaine, vers 1812.
une romédienne ne tenait pas Ainsi, pour Tripleplatte, pour lé Danseur inconnu, et vingt
compte de ses indications ; no- autres gais chefs-d'œuvre... Et si la manière noire ne lui réussit
tre auteur s'écr;a: cil faut que plus, Tristan Bernard s'adonnera de nouveau à la comédie
vous m'obéissiez, madémoi- légère. 11 se pourrait alors qu'il fît de Jeanne Doré un \aude-
selle!! Vous savez que je fais ville. Il y songe déjà (en souriant dans son illustre, barbe): le
ce que je veux; tout ce que je point culminant du drame est la scène où, à traversée guichet
veux, ici!... » — « Vous faites de sa geôle, le condamné à mort donne un baiser à sa mérey
tout ce que vous voulez?répon- croyant le donner à sa maîtresse... Ce baiser du judas devien-
dit l'aimable enfant. Eh! bien, draît dans le vaudeville le Baiser de Judas (et servirait même
faites donc une bonne pièce!...» de titre à la pièce) :— Un époux libertin vient chez sa maîtresse.
-- . Celle-ci a tout avoué à la femme légitime et
Sur un mastuvu prétentieux lui a cédé sa place. Par-dessus le paravent
0 , . -, -, , -, de la salle de bain, l'épouse tend à l'époux
Sa bouche sourit; son œil luit un • H bras blanc £ les Ièvres de pinfi-
Dès qui] peut montrer son vi- couvrent de lon4gs baisers. Et c'est le
T, . . . . : . -, lsage- suiet d'une scène de réconciliation comique
Il est toujours content de lui. et charmante.
Morale. On le voit: notre spirituel ami n'est ja
Se contenter de peu, c'est le mais à court d'inspiration ; et continuera
propre du sage. à mériter le surnom de Trustant Ber-
- nard...
Mon Bébé. Comédie de Mau- . . . . . Ragotin. ... _ Lucien Boyer,
Max Dearly jongle avec la pièce rice Hennequin, d'après Miss Illustrations de Y. Marevéry. - le joyeux compère
et les accessoires. Margaret Mayo. — Le soir ~ de la Cigale.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire au théatre
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 569 (27 Décembre 1913), S. 10
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg