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https://doi.org/10.11588/diglit.25471#0014
AU PAYS DE BOHÈME
L’ENFANT DE CHARLEMAGNE
Je ne dois rentrer chez mon patron qu’avec la note payée.
— Pauvre garçon!... C’est une manière comme une autre de vous
flanquer à la porte. Dessin de A. Bertrand.
Quand mon ami Charlemagne partit au régiment, force lui
fut d’abandonner sa jeune et jolie maîtresse Fanny. La sépara-
tion ne se lit pas sans quelques larmes de part et d’autre, —
surtout que Charlemagne laissait la jeune femme dans une
situation que je n’hésiterai pas à qualifier d’intéressante.
Charlemagne accomplit ses trois années de service à Nancy
au 227e chasseurs à cheval, — le plus beau régiment de chas-
seurs à cheval de France, comme tout le monde et mon anru
Courteline le savent.
Charlemagne n’avait rien d’un soldat exemplaire ; sa tenue
était mauvaise, sa conduite déplorable, sa mauvaise volonté
évidente. Les punitions pleuvaient sur lui beaucoup plus que
les permissions. Aux rares jours où il franchissait la porte de
la caserne, nanti de vingt-quatre heures de congé, au lieu de
prendre le train pour Paris afin d’aller voir Fanny, il préférait
&e ruer, sur place, dans les bas-fonds de l’ivrognerie et de la
galanterie de garnison, si j’ose ainsi dire.
Non pas que Charlemagne oubliât Fanny. 11 gardait toujours
de la blonde maîtresse une image charmante. Des lettres — à
vrai dire espacées — de la belle lui avaient notifié, avec des
foultitudes de baisers, la naissance de leur enfant auquel les
prénoms de Lorédan-Napoléon avaient paru convenir.
Non, Charlemagne n’oubliait pas Fanny, je l’aurais juré même
devant le commissaire de police; mais Charlemagne était un de
ces êtres extravagants qui vous déclarent froidement que le
chemin de fer leur donne le mal de mer!
Un beau jour, le 227® chasseurs à cheval et la ville de Nancy
rendirent Charlemagne à la capitale.
Quel fut le premier geste de Charlemagne? Se précipiter au
domicile de Fanny, tout au sommet de la butte Montmartre, rue
du Mont-Cenis (134 mètres au-dessus du niveau de la Seine).
Enfin, il allait connaître son fils: Lorédan-Napoléon, — son fils!
SAUVONS I A PROPRIÉTÉ COUTURIÈRE !
Les couturiers vont soumettre au préfet de police un règlement pou>
•mpêcher qu'on photographie leurs modèles sur les champs de courses
Art. II. — Quiconque, sur un champ de cour- Art. III.— Les clientes sont invitées —à moins
ses, sortira un crayon et un calepin, sera immé- de sortir en auto fermée — à revêtir des « ca-
diatement arrêté. > che-toilette »...
Art. IV. — . .ou à porter très en évidence la
signature de l’auteur de leur toilette.
Ai \ . — Si elles sont attirées dans un guet-apens par un misérable dont le but est d’étudier
‘les secrets de la confection, elles ne devront pas hésitera dérober, par tous les moyens,la vue de
cette robe. Dessin de M. Radiguet.
L’ENFANT DE CHARLEMAGNE
Je ne dois rentrer chez mon patron qu’avec la note payée.
— Pauvre garçon!... C’est une manière comme une autre de vous
flanquer à la porte. Dessin de A. Bertrand.
Quand mon ami Charlemagne partit au régiment, force lui
fut d’abandonner sa jeune et jolie maîtresse Fanny. La sépara-
tion ne se lit pas sans quelques larmes de part et d’autre, —
surtout que Charlemagne laissait la jeune femme dans une
situation que je n’hésiterai pas à qualifier d’intéressante.
Charlemagne accomplit ses trois années de service à Nancy
au 227e chasseurs à cheval, — le plus beau régiment de chas-
seurs à cheval de France, comme tout le monde et mon anru
Courteline le savent.
Charlemagne n’avait rien d’un soldat exemplaire ; sa tenue
était mauvaise, sa conduite déplorable, sa mauvaise volonté
évidente. Les punitions pleuvaient sur lui beaucoup plus que
les permissions. Aux rares jours où il franchissait la porte de
la caserne, nanti de vingt-quatre heures de congé, au lieu de
prendre le train pour Paris afin d’aller voir Fanny, il préférait
&e ruer, sur place, dans les bas-fonds de l’ivrognerie et de la
galanterie de garnison, si j’ose ainsi dire.
Non pas que Charlemagne oubliât Fanny. 11 gardait toujours
de la blonde maîtresse une image charmante. Des lettres — à
vrai dire espacées — de la belle lui avaient notifié, avec des
foultitudes de baisers, la naissance de leur enfant auquel les
prénoms de Lorédan-Napoléon avaient paru convenir.
Non, Charlemagne n’oubliait pas Fanny, je l’aurais juré même
devant le commissaire de police; mais Charlemagne était un de
ces êtres extravagants qui vous déclarent froidement que le
chemin de fer leur donne le mal de mer!
Un beau jour, le 227® chasseurs à cheval et la ville de Nancy
rendirent Charlemagne à la capitale.
Quel fut le premier geste de Charlemagne? Se précipiter au
domicile de Fanny, tout au sommet de la butte Montmartre, rue
du Mont-Cenis (134 mètres au-dessus du niveau de la Seine).
Enfin, il allait connaître son fils: Lorédan-Napoléon, — son fils!
SAUVONS I A PROPRIÉTÉ COUTURIÈRE !
Les couturiers vont soumettre au préfet de police un règlement pou>
•mpêcher qu'on photographie leurs modèles sur les champs de courses
Art. II. — Quiconque, sur un champ de cour- Art. III.— Les clientes sont invitées —à moins
ses, sortira un crayon et un calepin, sera immé- de sortir en auto fermée — à revêtir des « ca-
diatement arrêté. > che-toilette »...
Art. IV. — . .ou à porter très en évidence la
signature de l’auteur de leur toilette.
Ai \ . — Si elles sont attirées dans un guet-apens par un misérable dont le but est d’étudier
‘les secrets de la confection, elles ne devront pas hésitera dérober, par tous les moyens,la vue de
cette robe. Dessin de M. Radiguet.