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LE RIRE AU THEATRE

Bouffes-Parisiens.

Le prince des humoristes reste incontestablement M. Sacha
Guitry. Il régne sur ses confrères en chef et en partage (en
partage, bien entendu, avec Tristan Bernard) ; et si l’on prête à
tous deux mille facéties et bons mots,on leur en vole davantage
encore. Leur succès n’est pas une question de vogue, Dieu
merci!...— « La vogue, dit très joliment Albert Guinon, est
comme la vague : d’abord elle vous soulève; ensuite, elle
vous rouie. »

Tristan et Sacha n’ont pas à craindre d’être roulés.

Il vous souvient (il date d’hier) du franc triomphe de la Prise
de Berg-op-zoom au Vaudeville. Ce n’était pourtant que de
l’humble cervoise auprès de celui remporté aux Bouffes-Pari-
siens par la Pèlerine écossaise.

Quelques bons esprits vous affirmeront qu’il n’y a pas de pièce.
C’est un point de vue;... il y a, en effet, matière à trois actes
dans la moindre scène; et la coquetterie un brin dédaigneuse de
l’auteur consiste à effleurer maint sujet en jouant.

La théorie de l’amour expliqué par l’égoïsme est d’une nou-
veauté surprenante et pourtant d’une éternelle vérité. Et puis,
pas de mots plaqués; rien que des répliques en situation et
dictées par elle. Et de l’esprit toujours, cocasse, spontané,
portant la marque Sacha Guitry, celle qui ne ressemble à
aucune autre et défie les contrefaçons!...

Sacha auteur est sur la scène; ou, plus exactement il a mis
son « chez lui » sur la scène. Les trois décors nous représentent
en effet son cottage normand au bord de la mer. La salle à
manger sous trois aspects différents nous admet
dans son intimité, et le fait de visiter la célèbre
« Villa des Zoaques »> flatte les spectateurs.

Théâtre Antoine.

Ce spectacle coupé, fut un
spectacle coupable, et affirma
chez M. Firmin Gémier un
cas de dédoublement de la
personnalité tout à fait cu-
rieux. (Sans doute l’habi-
tude de jouer le Procureur
Hallers.) Il y a deux hommes
dans tout directeur-artiste :
le premier, désireux de ne
donner que de bonnes pièces
bien jouées; le second, éprou-
vant de temps à autre le
besoin de lâcher la boîte à
grimes et d’aller voir jouer
les camarades sur d’autres
scènes. Et c’est ici que la lutte

commence : Gémier n° 1 (le directeur) pourrait donner une
excellente pièce avec un beau rôle prin-
cipal à un excellent comédien; mais
Gemier n° 2 (Uartiste) réclame le rôle
comme lui revenant de droit. Et l’on fait
jouer (pour éviter toute brouille entre le
directeur et l'artiste) par la troupe habi-
tuelle sans le patron acteur, des pièces
quelconques.

On l’a bien vu l’autre semaine avec
Pour l'honneur... vers la gloire!... et
l'Enfant supposé. Le second de ces
ouvrages offrait un beau sujet mal traité;
le premier un postulat médiocre habile-
ment mis en action. Deux tentatives
ratées par conséquent.

Les spectateurs comptaient pour les
divertir sur une pochade des frères Fis-
cher, qui devait terminer le spectacle.
Les spectateurs ont été déçus. (Merci
pour la cédille, dirait Maurice Bertrand.)
Un acteur étant indisposé (pas plus que
le public), l’acte de MM. Max et Alex a
été remis à une date indéterminée. C’est
dommage. MM. Fischer frères ne sont
pas seulement deux corrects gentlemen
d’une suprême élégance et d’une dévo-
rante activité; ils ont parfois comme
conteurs des inventions heureuses et des
boutades cocasses, dont le pauvre Al-
phonse Allais lui-même eût souri dans
s-a> barbe blonde. MM. Fischer frères
joignent du reste à leur industrie litté—

Mistinguelt incarne raire un commerce de thé; et l’une et
l’élégance féminine en 1914. l’autre sont également prospères.

Un méchant confrère essaya même de les critiquer en un
quatrain qui n’a rien de lapidaire:

Quand les deux Fischer ont un succès contesté,

Ils donnent gentiment, en commerçants pas bêtes,

Un peu de Thé Kitaï à tous leurs interprètes...

morale (d’après Chantecler.)

Ça doit faire une somme énorme de bon thé...

Mais les frères Fischer
s’en fichent : « Les chiens
hurlent, le Thé de la Cara-
vane passe ! »

LA REVUE DE L OLYMPIA

Elle devait d’abord s’ap- .
peler le Voyage en Cuisse. Ilu
Mais, de peur d’allumer les
foudres de la Ligue de la
rue Pasquier, les auteurs,
MM. Quinel et Moreau, et
le directeur, M. Jacques
Charles, hésitèrent long-
temps entre les titres sui-
vants :

Par-dessous la Jambe!

A la Paresseuse...

Viens-tu bisser?..

Laissez l’effet s’ faire!..

La marque Sacha Guitry défie
les contrefaçons.

primer sur l’affiche
Ils s’en tinrent à la
ne
ser

Craignant aussi d’être accusés de trop
gier la Femme, ils pensèrent même à

Dorville, lauréat du « Concours des cochers-poètes

élo-
im-

les Cénobites tranquilles.
Revue légère; et le upblie
pourra pas les accu-
de tromperie sur la
marchandise vendue, crime
prévu par le Code pénal. Lé-
gère, cette Revue l’est au plus-
haut point; la mise indécente
y est de rigueur, et le nu
triomphe sur toutes les
lignes.

U La pudeur est une ques-
tion d’éclairage, » affirme
avec raison M. Etienne Rey.
L’Olympia partage cette ma-
nière de voir et nous montre,
sous des linons légers et des-
gazes translucides, une légion
de jolies personnes qu’éclairent,
par derrière de savantes pro-
jections. Et les tissus som-
maires deviennent transparents comme les cartes de ce nom.
Quelques-unes même, de ces aimables personnes, toutes-
voilées dehors, nous apparaissent vêtues de leur seule impu-
deur. Ce qui permet de constater que : 1° Mlle Delysia a les
plus jolis seins du monde ; 2° MUe Darthez, de bien belles
jambes nerveuses et impeccables; 3° Mlle Velyne, un buste-
idéal; 4° Mmes Gosset, Daugis, Machin-chouette, Hunetell,.
Myrthis et Tartempion, les mérites plastiques les plus divers.
Loin de bouder contre leurs ventres, les spectateurs crient r
« Encore! » avec le désir de leur faire rendre gorges. Car Ies-
délicats sont heureux! Ils ont de quoi se satisfaire.

Et puis, on nous exhibe, en tableaux vivants, la Baignoire à
travers les âges (Donnez-nous aujourd’hui notre bain quotidien.),
et une suggestive illustration de ceKama Soutra dont la lecture*
perturba jadis nos pudeurs de pubères.

Les yeux seuls ne sont pas rassasiés. D’alertes couplets, des-
scènes bien venues; des timbres heureusement choisis charment
l’esprit et l’oreille. Il y a notamment une critique du Phalène;
(où Mlle Delysia, déjà nommée, se montre diseuse, chanteuse et
mime accomplie) qui est du meilleur sentiment parodique.

Notre Mistinguett nationale, Charlotte Martens, Boucot et
Dorville, tous si heureux de donner de la joie, font assaut de
drôlerie, de cocasserie et de blague imprévues. Mistinguett dans
l’histoire des Chats de police (une trouvaille), Boucot, en une
courte scène sur Pégoud où MUe Darthez partage son succès;
Dorville en Plongeur tzigane ont droit à des éloges sans-
réserves.

Mais la grosse dame brune à la farouche et agressive tonitru-
ance, abuse des ports de voix lorsqu’elle présente, au tableau du
Kama Soutra, ses pensionnaires aux suffrages des connais-
seurs. De symboliques feuilles de roses tombent lentement
du cintre pendant que l’orchestre de Letombe prodigue les
vibrato.

Ragotin.

Dessins d'Yves Marevéry.
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