La légende de Joseph.
A l’Opéra : les différents costumes de MM. Léonide Miassine et O
Carnaval.
Schéhcrazade.
Papillons.
LE RIRE AU THEATRE
Place aux vieux.
M. Arthur Meyer, le benjamin des auteurs dramatiques qui
vient de débuter aux Bouffes, est un très sympathique septua-
génaire. Représentant le Roy avec une figure de cire, ce beau
vieillard plein de verdeur devint deux fois père de famille sur
ses vieux jours. Mais de là à construire des comédies, à écha-
fauder des intrigues, il y a loin :
Passe encor de planter; mais bâtir à cet âge!...
la mise en scène, des costumes, et l’harmonie des mouvements
et de la figuration.
D’autre part, des œuvres comme les Papillons, Schéhèrazade,
sont délicieuses à voir et à entendre. On s’est beaucoup emballé
sur le « déshabillage » masculin, succédant au déshabillage
féminin. Il est évident que, d’une façon générale, on semble vou-
loir nous montrer des hommes à poil au théâtre, depuis que
l’on cherche à faire vêtir les femmes au music-hall. Cela ne
peut pas, ne doit pas durer, et l’heure est proche où le public
tournera cosaque et cessera de s’écrier à chaque fin de saison :
« O Russe, quando te aspieiam? »
pourrait-on dire en modifiant un peu le vers du Bonhomme.
M. Arthur Meyer n’en a pas moins
construit sur une base solide une fra-
gile comédie de mœurs qui en vaut
beaucoup d’autres d’auteurs plus jeu-
nes. On a la vocation ou on ne l’a
pas!... Et l’on frémit à la pensée que
ce galant homme a lutté pendant un
demi-siècle contre le génie dramati-
que qui le tenaillait!...
Peut-être le directeur du Gaulois
en aurait-il triomphé sans le fatal
exemple que lui donnait dans sa
propre maison son critique dramatique,
M. Félix Duquesnel...
M. Félix Duquesnel, baisé au front
par l'a Muse inspiratrice, ne s’est mis
que vers soixante ans, lui aussi, a écrire
pour le théâtre. « Pourquoi ne ferais-
je pas du théâtre, puisque Duquesnel en fait bien?... » se dit
Arthur! Et — il faut que vieillesse se passe — Ce qu'il faut
taire est le résultat de cette réflexion.
La pièce, disons-le, est digne de la plus bienveillante atten-
tion. Et puis, entendre des artistes de valeur comme Véra Ser-
gine et Dumény, excel-
lents à leur habitude, est
toujours chose fort agréa-
ble; et l’ami du Roy a une
royale interprétation. L’a-
ristocratie de France et les
coreligionnaires interna-
tionaux de M. A. Meyer
(tout le Gotha et tout le
Golgotha) auront à cœur
d’applaudir Ce qu’il faut
taire!... En voilàdonc pour
deux cents représenta -
tions!...
Mais, il n’est pas de ballets orien-
taux qu’à l’Opéra. L’Opéra-Comique
nous en a donné un véritablement
exquis dans sa nouvelle pièce: Qui-
nault, Sonia Pavloff, Germaine Sal-
landri y ont été remarquables. C’est
véritablement de la danse avec des
costumes charmants. Du reste, Ma-
rouf, savetier du Caire, est d’un bout
à l’autre un spectacle merveilleux.
Décors, costumes, interprètes y com-
plètent le charme de la partition de
M. Rabaud dont le régal ne nous est,
hélas! pas habituel. Jean Périer est
un Marouf délicieux à qui la prin-
cesse, Mlle Davelli, donne la réplique
avec le plus grand talent. Voilà un gros
succès « qu’il ne faut pas taire ».
A l’Apollo :
Bien inspiré, on a repris la plaisante opérette de Claude Ter-
rasse, Cartouche, qui part pour une longue série de représenta-
tions grâce à l’esprit qu’elle renferme et l’interprétation qu’on
lui a donnée.
La rédaction de l’affiche.
Ce directeur de café-concert est d’abord perplexe. — Son
fidèle secrétaire lui apporte une épreuve de l’affiche annonçant
la Revue prochaine. En gros caractères, cette mention :
Deux cents femmes. — Huit cents costumes.
L’entrepreneur de spectacles biffe un zéro : » Mettez Deux
cents femmes; quatre-vingts costumes!... Comme ça, ça coûte
moins cher à habiller!... Et puis, on croira qu’il y en a cent vingt
toutes nues!... C’est tout bénéfice!... »
Massart.
Cartouche, à l’Apollo.
M1!e Cesbron-Norbins. Philippon.
Dernier écho de ]a visite royale.
Le gigantesque Christian et sa dame descendant l’avenue des
Champs-Elysées, font leur entrée dans leur bonne ville de Paris.
A un balcon, deux étoiles d’opérette et de music-hall, EdméeF...
et Miss C... s’interrogent : « Qui c’est celle-là?... » — « La
reine! » — « Et à côté d’elle?... » — « Sa dame d’honneur. » -
h Ah! voilà Mme Poincaré!... » — « Oui : la reine des reines!...
Mais où est sa dame d’honneur, à elle?... » — « Elle est à Saint-
Lazare!... »
Et le dialogue continue. Ragotin.
Illustrations de J. Roussau.
Ballets russes.
Les Ballets russes, il faut
bien le dire, n’ont pas une
bonne presse et cela me
paraît injuste. Que la Lé-
gende de Joseph soit d’une
musique assommante et
d’une chorégraphie nulle,
je n’en disconviens pas, au
contraire; mais il faut re-
connaître la splendeur de
M. Arthur Mever, benjamin des auteurs
dramatiques, et sa nourrice, sourde-muette
et aveugle, qui lui a appris ce qu’il ne
faut pas dire, pas entendre, pas voir.
A l’Opéra : les différents costumes de MM. Léonide Miassine et O
Carnaval.
Schéhcrazade.
Papillons.
LE RIRE AU THEATRE
Place aux vieux.
M. Arthur Meyer, le benjamin des auteurs dramatiques qui
vient de débuter aux Bouffes, est un très sympathique septua-
génaire. Représentant le Roy avec une figure de cire, ce beau
vieillard plein de verdeur devint deux fois père de famille sur
ses vieux jours. Mais de là à construire des comédies, à écha-
fauder des intrigues, il y a loin :
Passe encor de planter; mais bâtir à cet âge!...
la mise en scène, des costumes, et l’harmonie des mouvements
et de la figuration.
D’autre part, des œuvres comme les Papillons, Schéhèrazade,
sont délicieuses à voir et à entendre. On s’est beaucoup emballé
sur le « déshabillage » masculin, succédant au déshabillage
féminin. Il est évident que, d’une façon générale, on semble vou-
loir nous montrer des hommes à poil au théâtre, depuis que
l’on cherche à faire vêtir les femmes au music-hall. Cela ne
peut pas, ne doit pas durer, et l’heure est proche où le public
tournera cosaque et cessera de s’écrier à chaque fin de saison :
« O Russe, quando te aspieiam? »
pourrait-on dire en modifiant un peu le vers du Bonhomme.
M. Arthur Meyer n’en a pas moins
construit sur une base solide une fra-
gile comédie de mœurs qui en vaut
beaucoup d’autres d’auteurs plus jeu-
nes. On a la vocation ou on ne l’a
pas!... Et l’on frémit à la pensée que
ce galant homme a lutté pendant un
demi-siècle contre le génie dramati-
que qui le tenaillait!...
Peut-être le directeur du Gaulois
en aurait-il triomphé sans le fatal
exemple que lui donnait dans sa
propre maison son critique dramatique,
M. Félix Duquesnel...
M. Félix Duquesnel, baisé au front
par l'a Muse inspiratrice, ne s’est mis
que vers soixante ans, lui aussi, a écrire
pour le théâtre. « Pourquoi ne ferais-
je pas du théâtre, puisque Duquesnel en fait bien?... » se dit
Arthur! Et — il faut que vieillesse se passe — Ce qu'il faut
taire est le résultat de cette réflexion.
La pièce, disons-le, est digne de la plus bienveillante atten-
tion. Et puis, entendre des artistes de valeur comme Véra Ser-
gine et Dumény, excel-
lents à leur habitude, est
toujours chose fort agréa-
ble; et l’ami du Roy a une
royale interprétation. L’a-
ristocratie de France et les
coreligionnaires interna-
tionaux de M. A. Meyer
(tout le Gotha et tout le
Golgotha) auront à cœur
d’applaudir Ce qu’il faut
taire!... En voilàdonc pour
deux cents représenta -
tions!...
Mais, il n’est pas de ballets orien-
taux qu’à l’Opéra. L’Opéra-Comique
nous en a donné un véritablement
exquis dans sa nouvelle pièce: Qui-
nault, Sonia Pavloff, Germaine Sal-
landri y ont été remarquables. C’est
véritablement de la danse avec des
costumes charmants. Du reste, Ma-
rouf, savetier du Caire, est d’un bout
à l’autre un spectacle merveilleux.
Décors, costumes, interprètes y com-
plètent le charme de la partition de
M. Rabaud dont le régal ne nous est,
hélas! pas habituel. Jean Périer est
un Marouf délicieux à qui la prin-
cesse, Mlle Davelli, donne la réplique
avec le plus grand talent. Voilà un gros
succès « qu’il ne faut pas taire ».
A l’Apollo :
Bien inspiré, on a repris la plaisante opérette de Claude Ter-
rasse, Cartouche, qui part pour une longue série de représenta-
tions grâce à l’esprit qu’elle renferme et l’interprétation qu’on
lui a donnée.
La rédaction de l’affiche.
Ce directeur de café-concert est d’abord perplexe. — Son
fidèle secrétaire lui apporte une épreuve de l’affiche annonçant
la Revue prochaine. En gros caractères, cette mention :
Deux cents femmes. — Huit cents costumes.
L’entrepreneur de spectacles biffe un zéro : » Mettez Deux
cents femmes; quatre-vingts costumes!... Comme ça, ça coûte
moins cher à habiller!... Et puis, on croira qu’il y en a cent vingt
toutes nues!... C’est tout bénéfice!... »
Massart.
Cartouche, à l’Apollo.
M1!e Cesbron-Norbins. Philippon.
Dernier écho de ]a visite royale.
Le gigantesque Christian et sa dame descendant l’avenue des
Champs-Elysées, font leur entrée dans leur bonne ville de Paris.
A un balcon, deux étoiles d’opérette et de music-hall, EdméeF...
et Miss C... s’interrogent : « Qui c’est celle-là?... » — « La
reine! » — « Et à côté d’elle?... » — « Sa dame d’honneur. » -
h Ah! voilà Mme Poincaré!... » — « Oui : la reine des reines!...
Mais où est sa dame d’honneur, à elle?... » — « Elle est à Saint-
Lazare!... »
Et le dialogue continue. Ragotin.
Illustrations de J. Roussau.
Ballets russes.
Les Ballets russes, il faut
bien le dire, n’ont pas une
bonne presse et cela me
paraît injuste. Que la Lé-
gende de Joseph soit d’une
musique assommante et
d’une chorégraphie nulle,
je n’en disconviens pas, au
contraire; mais il faut re-
connaître la splendeur de
M. Arthur Mever, benjamin des auteurs
dramatiques, et sa nourrice, sourde-muette
et aveugle, qui lui a appris ce qu’il ne
faut pas dire, pas entendre, pas voir.