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LE RIRE DE LA SEMAINE Il

Il y a, à la Chambre, trois représentants du peuple bien
embêtés. Ce sont les citoyens Cadenat, Bedouce et Lauche.

L’autre jour, je rencontre un de ces anabaptistes et lui demande
le secret de sa neurasthénie.

— Ah! me dit-il, ça ne va plus!

— Quoi?

— Je nie sens devenir réactionnaire.

— Comment, vous, un « pur »?

- Oui, mon cher. Mais qu’est-ce que vous voulez, c’est de la
faute aux nouveaux.

Et, poussant un profond soupir, Cadenat — car c’était lui —
m’expliqua :

- Üans l’ancienne Chambre, j’étais un des solistes de la
grande symphonie parlementaire : je tenais le cornet à pistons.
Bedouce, lui, avec sa voix aigre, jouait du hautbois. Lauche fai-
sait dans le basson... A nous trois, nous épations Deschanel et
les bourgeois du centre. Aussi, nous étions devenus populaires...
On nous connaissait. Les journalistes nous observaient, notaient
nos accords : moi, j’étais quelqu’un à la Chambre. Et les belles
darnes, me lorgnant avec leur face-à-main, attendaient mon
interruption.

— C’est vrai... Mais qu’y a-t-il de changé?

— Tout!

— Vous avez été réélu!

— Oui, mais toute une bande de nouveaux socialistes unifiés
est entrée à la Chambre. Jaurès s’en réjouit et si je ne pensais
qu’à la « cause », je m’en réjouirais avec lui. Seulement, on a
son petit amour-propre et c’est embêtant, quand on a eu du
succès, de se voir étouffé, écrasé, annihilé par des débutants.!.
Oui, il n’y en a plus que pour eux. Vous me rendrez cette justice
que je gueulais...

— Ça, c’est vrai !

— Je gueule encore, mais les « bleus », qui sont d'ailleurs des
rouges, gueulent plus fort que moi. Il y a là un certain Jean Bon
qui a une voix terrible et qui s’en sert, le bougre! Il y a Raghe-
boom, le camelot de Lille... Il y a, il y a... Mais ils sont vingt,
trente nouveaux qui en mettent. Bref, nous, les vieux, nous
n’existons plus.

— Mon pauvre Cadenat!

— Vous pouvez le dire...

Ce Brichanteau du Palais-Bourbon (m’as-tu entendu?), réflé-
chit tristement. Puis, soudain, il me demanda :

— Vous ne trouvez pas que ces braillards sont en train de
discréditer le parlementarisme?

*

* *

Je pense bien qu’un de ces jours, nous aurons, à la Chambre,
une discussion sur l’eugénisme.

J’entends d’ici les hurlements des « petits nouveaux ». Vos
chastes oreilles, ô Deschanel, vont en entendre de vertes et de
pas mûres!

Car l’eugénisme, pour être une science socia’e, n’en est pas
moins d’un caractère plutôt folâtre.

Qu’est-ce que l’eugénisme?

C’est l’art de procréer de beaux enfants.

— En quoi cet art consiste-t-il, pratiquement? demandez-vous,
chère et curieuse lectrice.

Mon Dieu, madame, c’est toujours l’ancienne manière qui,
jusqu’à nouvel ordre, est recommandée aux amoureux, —- je
parle de ceux qui veulent faire des enfants. Oui, au point de
vue... mécanique, rien de changé.

Seulement, les eugénistes font aux procréateurs ces recom-
mandations :

1° Soyez beaux et bien portants;

2° Gardez-vous de tous excitants, alcool, etc. ;

3° Evitez, au moment psychologique, tout souci, toute inquié-
tude, toute émotion n’ayant pas, avec la « bagatelle », un rapport
étroit;

4° Veillez bien à ce que cette bagatelle s’accomplisse dans des
conditions de confort hygiénique;

5° Faites, sans aucune réserve, le geste auguste du semeur.

Il y a encore une vingtaine d’autres prescriptions, d’ailleurs
énumérées dans une manière de Règlement qui va être distribuée
aux couples repopulateurs.

A l’heure du berger, le dialogue de l’Aimé et de l’Aimée ne
manquera pas d’une certaine saveur.

Elle. — Oh! mon chéri, que lis-tu à cette heure exquise où je
me sens défaillir dans tes bras?

Lui. — Le Règlement de l’Eugénisme... Ne m’embrasse pas :
article 3!

Elle. — Viens, mon adoré, viens vite!
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