UN DÉLICAT
velés. Il fut volage. Tour à tour, la petite
Koli, l’aimable Lazi, les charmantes Tutti-
Kanti reçurent, si j’ose dire, ses aveux.
Kaïo, bientôt informée des infidélités de
son amant, en conçut un ressentiment in-
concevable en même temps qu’un désir de
vengeance habitait son sein outragé. Ayant,
aperçu un cheik qu’elle avait déjà remarqué
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille :
Comment, c’est parce que vous avez vu ma mère que vous ne voulez plus m’épouser
— Que voulez-vous, mon p’tit, je n’ai pas le cœur solide
mère est grosse.
j’ai peur de m’embarquer quand la
Dessin de Leroy.
POIVROT
CONTE ARABE
Et Serrun 'rasade
commença :
« 11 y avait une fois
une jeune vierge de la
tribu des Ouled-Naïl
qui portait le doux nom
de Kaïo. Comme tou-
tes les jeunes iilies de
cette race célèbre,
elle dansait et chaque
soir, devant les chefs
des villages voisins,
elle forçait son ventre
à ces mouvements
désordonnés qu’in -
venta Trafadjaet qu’il-
lustra, par la suite, la
belle Zulma.
Or, un jour, Béni
Boufando, fils de Béni Bouftou, l’ayant vue
se livrer à ses exercices coutumiers, lui tint
ce langage imagé :
— O Kaïo, ton corps d’almée — un corps
d’alinée où l’on se plairait à faire ses treize
jours — excite en moi une vertu guerrière
jusqu’alors ignorée. Ton nombril voltigeur
sur ton ventre palpitant ressemble à une
grosse mouche virevoltant sur un potiron.
Veux-tu de moi ?... En tout cas, je te le
déclare sans ambage : si tu consens à te
montrer Putiphar, je ne ferai pas le Joseph,
Kaïo !
Ayant dit, il attendit, puis, Kaïo..a»yant
consenti, ils s’unirent. . ?
Or, leur union dura ce que durent les
roses, l’espace de quelques nuits. Boufando,
fils et petit-fils d’un grand-père musulman,
d’une grand’mère juive, d’une mère espa-
gnole et d’un ami de son père indéterminé,
devait à ces origines bariolées des appétits
changeants et des désirs instables et renou-
LE
— Vous ne lui donnerez absolument que du lait.
— Mais alors... i’va m’tuer!
— Cheik Haldi, lui dit-elle, Cheik Haldi
renommé pour ta force, puisque tes coups
sont de riches pains, veux-tu de mon nom-
bril voltigeur sur mon ventre palpitant, sem-
blable à une mouche virevoltant sur un
potiron ?
Kaïo pensait, non sans raison, qu’une
image, par laquelle elle avait été autrefois
conquise, pouvait lui valoir à son tour un
amant. De fait, son espoir ne fut pas trompé
et, Haldi ayant consenti, ils s’unirent.
Mais Boufando, fils de Béni Bouftou,
apprit sa honte et il entra dans une grande
colère :
— Qu’as-tu fait? dit-il à Kaïo. Pourquoi
m’as-tu trompé? Ré-
ponds-moi ou sinon
prends garde !
Alors Kaïo, d’une
voix douce :
— De quoi te plains-
tu, sidi ? répliqua-t-
elle. Ne m’as-tu pas
trompée tour à tour
avec Koli, Lazi et
Tutti-Kanti? Je suis
moins coupable que
toi car, si j’ai touché
le cheik, je n’ai du
moins donné qu’un
coup de calife dans le
contrat... »
=' Et là se termina le
récit de Serrun’ra-
sade.
Tityre.
Dessin de P. Fai.ké.
Je crois que ça lui a coupé le sifflet !...
Dessin de J. Roussau.
LIQVOR
CORDON
ROUGE
CORDON
JAUNE
velés. Il fut volage. Tour à tour, la petite
Koli, l’aimable Lazi, les charmantes Tutti-
Kanti reçurent, si j’ose dire, ses aveux.
Kaïo, bientôt informée des infidélités de
son amant, en conçut un ressentiment in-
concevable en même temps qu’un désir de
vengeance habitait son sein outragé. Ayant,
aperçu un cheik qu’elle avait déjà remarqué
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille :
Comment, c’est parce que vous avez vu ma mère que vous ne voulez plus m’épouser
— Que voulez-vous, mon p’tit, je n’ai pas le cœur solide
mère est grosse.
j’ai peur de m’embarquer quand la
Dessin de Leroy.
POIVROT
CONTE ARABE
Et Serrun 'rasade
commença :
« 11 y avait une fois
une jeune vierge de la
tribu des Ouled-Naïl
qui portait le doux nom
de Kaïo. Comme tou-
tes les jeunes iilies de
cette race célèbre,
elle dansait et chaque
soir, devant les chefs
des villages voisins,
elle forçait son ventre
à ces mouvements
désordonnés qu’in -
venta Trafadjaet qu’il-
lustra, par la suite, la
belle Zulma.
Or, un jour, Béni
Boufando, fils de Béni Bouftou, l’ayant vue
se livrer à ses exercices coutumiers, lui tint
ce langage imagé :
— O Kaïo, ton corps d’almée — un corps
d’alinée où l’on se plairait à faire ses treize
jours — excite en moi une vertu guerrière
jusqu’alors ignorée. Ton nombril voltigeur
sur ton ventre palpitant ressemble à une
grosse mouche virevoltant sur un potiron.
Veux-tu de moi ?... En tout cas, je te le
déclare sans ambage : si tu consens à te
montrer Putiphar, je ne ferai pas le Joseph,
Kaïo !
Ayant dit, il attendit, puis, Kaïo..a»yant
consenti, ils s’unirent. . ?
Or, leur union dura ce que durent les
roses, l’espace de quelques nuits. Boufando,
fils et petit-fils d’un grand-père musulman,
d’une grand’mère juive, d’une mère espa-
gnole et d’un ami de son père indéterminé,
devait à ces origines bariolées des appétits
changeants et des désirs instables et renou-
LE
— Vous ne lui donnerez absolument que du lait.
— Mais alors... i’va m’tuer!
— Cheik Haldi, lui dit-elle, Cheik Haldi
renommé pour ta force, puisque tes coups
sont de riches pains, veux-tu de mon nom-
bril voltigeur sur mon ventre palpitant, sem-
blable à une mouche virevoltant sur un
potiron ?
Kaïo pensait, non sans raison, qu’une
image, par laquelle elle avait été autrefois
conquise, pouvait lui valoir à son tour un
amant. De fait, son espoir ne fut pas trompé
et, Haldi ayant consenti, ils s’unirent.
Mais Boufando, fils de Béni Bouftou,
apprit sa honte et il entra dans une grande
colère :
— Qu’as-tu fait? dit-il à Kaïo. Pourquoi
m’as-tu trompé? Ré-
ponds-moi ou sinon
prends garde !
Alors Kaïo, d’une
voix douce :
— De quoi te plains-
tu, sidi ? répliqua-t-
elle. Ne m’as-tu pas
trompée tour à tour
avec Koli, Lazi et
Tutti-Kanti? Je suis
moins coupable que
toi car, si j’ai touché
le cheik, je n’ai du
moins donné qu’un
coup de calife dans le
contrat... »
=' Et là se termina le
récit de Serrun’ra-
sade.
Tityre.
Dessin de P. Fai.ké.
Je crois que ça lui a coupé le sifflet !...
Dessin de J. Roussau.
LIQVOR
CORDON
ROUGE
CORDON
JAUNE