CONSERVATOIRE EUROPÉEN
Prix de tragédie et prix de comédie ou a Bosnie et Bourbosnie. »
LE RIRE DE LA SEMAINE
Scandale ! scandale !
— Il paraît, ma chère, que l’une des lauréates des derniers
concours du Conservatoire est...
— Oui, ma chère, on m’en a parlé : c’est dégoûtant.
— Vous savez qui c’est?
— Elle ?
— Non, lui.
— Un ancien sous-secrétaire d’État?
— Mieux que cela.
— Un ancien ministre ?
— Mieux que cela.
— Un ancien président?
— ... du Conseil. N’exagérons rien... : Loubet et Fallières ne
sont pas compromis.
— Mais, dites donc, cette petite a de bien belles relations !
— Quand on est du Gard, vous savez, on connaît toujours un
homme politique influent. Et ce charmant « espoir » est du Gard
comme personne : on s’en est aperçu en l’écoutant.
— L’amitié d’un grand homme...
— ... est un bienfait des vieux. Au fait, il n’est pas vieux du
tout.
A vrai dire, je ne vois aucun scandale dans cette affaire.
De tout temps, les cabotines ont été au mieux avec les puissants
du jour, lesquels sont souvent les impuissants de la nuit. Jadis
ces grands seigneurs étaient le prince de Conti, le duc d’Orléans,
le duc de Rohan, le duc de Montmorency, que sais-je? Aujour-
d’hui, ils s’appellent plus démocratiquement : Durand, Dupont,
Chose, Machin ou Tartempion; mais ils ont été, sont ou seront
ministres.
A la ville, les hommes arrivent par les femmes politiques; au
théâtre, les femmes n’arrivent que par les politiciens.
M1Ie X..., dont les succès aux derniers concours du Conserva-
toire ont fait pousser de si hauts cris, a décroché un politicien
influent de très bonne heure. Voilà son seul crime.
Ne devait-elle pas, un jour ou l’autre, en arriver là?
Quant à l’injustice dont elle a bénéficié, laissez-moi rire... Que
son protecteur redevienne président du Conseil et tous les cri-
tiques trouveront que cette petite a du génie.
*
* *
Le scandale, le vrai scandale du Conservatoire, nous l’aurons
une de ces prochaines années.
Nous apprendrons qu’un des jeunes Gitons qui suivent les
cours de comédie ou de tragédie a obtenu tous les premiers prix
parce qu’il est au mieux avec l’un ou l’autre des archiducs de la
République, peut être même avec les deux.
Alors triomphera, définitivement, l’école des acteurs qui, en
jouant, tournent le dos au public...
Le troisième sexe est traditionnellement représenté au Con-
servatoire par quelques jeunes gens au visage maquillé qui
pourraient dire avec plus de conviction qu’Agnès :
— Le petit chat est mort!
Mais si le petit chat est mort, c’est que ces jolis messieurs l’ont
tué.
Un de nos confrères raconte qu’au pesage, le jour du Grand
Prix, on se montrait avec curiosité un élégant éphèbe, qui déam-
bulait du mutuel aux tribunes vêtu d’étrange manière.
Rasé de frais, fardé, poudré, frisé au petit fer — ne me faites
pas dire au « petit frère » — ce demi-vierge montrait son cou de
cygne par l’échancrure d’une blousette féminine aux revers lar-
gement évasés.
On voit nombre de femmes, qui ne sont pas nécessairement
des émules de Mme de Rési, se promener chez elles en pyjama et
dehors en jaquette ou en veston... Mais le jeune homme en cor-
sage décolleté m’inquiète.
L’étonnant, c’est que personne ne se soit trouvé au pesage
pour infliger une leçon de pudeur à ce grotesque individu. Une
paire de claques eût agréablement sonné sur sa gentille frimousse.
Pourquoi pas un coup de pied à son derrière? Je crois même que
c’eût été plus indiqué...
Et pas de danger que, cette fois, cet Antinoüs montmartrois se
retournât 1
Prix de tragédie et prix de comédie ou a Bosnie et Bourbosnie. »
LE RIRE DE LA SEMAINE
Scandale ! scandale !
— Il paraît, ma chère, que l’une des lauréates des derniers
concours du Conservatoire est...
— Oui, ma chère, on m’en a parlé : c’est dégoûtant.
— Vous savez qui c’est?
— Elle ?
— Non, lui.
— Un ancien sous-secrétaire d’État?
— Mieux que cela.
— Un ancien ministre ?
— Mieux que cela.
— Un ancien président?
— ... du Conseil. N’exagérons rien... : Loubet et Fallières ne
sont pas compromis.
— Mais, dites donc, cette petite a de bien belles relations !
— Quand on est du Gard, vous savez, on connaît toujours un
homme politique influent. Et ce charmant « espoir » est du Gard
comme personne : on s’en est aperçu en l’écoutant.
— L’amitié d’un grand homme...
— ... est un bienfait des vieux. Au fait, il n’est pas vieux du
tout.
A vrai dire, je ne vois aucun scandale dans cette affaire.
De tout temps, les cabotines ont été au mieux avec les puissants
du jour, lesquels sont souvent les impuissants de la nuit. Jadis
ces grands seigneurs étaient le prince de Conti, le duc d’Orléans,
le duc de Rohan, le duc de Montmorency, que sais-je? Aujour-
d’hui, ils s’appellent plus démocratiquement : Durand, Dupont,
Chose, Machin ou Tartempion; mais ils ont été, sont ou seront
ministres.
A la ville, les hommes arrivent par les femmes politiques; au
théâtre, les femmes n’arrivent que par les politiciens.
M1Ie X..., dont les succès aux derniers concours du Conserva-
toire ont fait pousser de si hauts cris, a décroché un politicien
influent de très bonne heure. Voilà son seul crime.
Ne devait-elle pas, un jour ou l’autre, en arriver là?
Quant à l’injustice dont elle a bénéficié, laissez-moi rire... Que
son protecteur redevienne président du Conseil et tous les cri-
tiques trouveront que cette petite a du génie.
*
* *
Le scandale, le vrai scandale du Conservatoire, nous l’aurons
une de ces prochaines années.
Nous apprendrons qu’un des jeunes Gitons qui suivent les
cours de comédie ou de tragédie a obtenu tous les premiers prix
parce qu’il est au mieux avec l’un ou l’autre des archiducs de la
République, peut être même avec les deux.
Alors triomphera, définitivement, l’école des acteurs qui, en
jouant, tournent le dos au public...
Le troisième sexe est traditionnellement représenté au Con-
servatoire par quelques jeunes gens au visage maquillé qui
pourraient dire avec plus de conviction qu’Agnès :
— Le petit chat est mort!
Mais si le petit chat est mort, c’est que ces jolis messieurs l’ont
tué.
Un de nos confrères raconte qu’au pesage, le jour du Grand
Prix, on se montrait avec curiosité un élégant éphèbe, qui déam-
bulait du mutuel aux tribunes vêtu d’étrange manière.
Rasé de frais, fardé, poudré, frisé au petit fer — ne me faites
pas dire au « petit frère » — ce demi-vierge montrait son cou de
cygne par l’échancrure d’une blousette féminine aux revers lar-
gement évasés.
On voit nombre de femmes, qui ne sont pas nécessairement
des émules de Mme de Rési, se promener chez elles en pyjama et
dehors en jaquette ou en veston... Mais le jeune homme en cor-
sage décolleté m’inquiète.
L’étonnant, c’est que personne ne se soit trouvé au pesage
pour infliger une leçon de pudeur à ce grotesque individu. Une
paire de claques eût agréablement sonné sur sa gentille frimousse.
Pourquoi pas un coup de pied à son derrière? Je crois même que
c’eût été plus indiqué...
Et pas de danger que, cette fois, cet Antinoüs montmartrois se
retournât 1