LA DÉFENSE NATIONALE
— Lequel des deux est le pied de guerre ?
LE RIRE DE LA SEMAINE
J’ai un infini respect pour la Ligue patriotique des Françaises,
mais je me demande si elle a raison de croire que le patriotisme
d’une femme ne va pas plus haut que le genou...
Pour ma part, je prétends qu’une jolie jambe de Française est
patriotique à tous les échelons, même les plus élevés.
Il y a quelques mois, la L. P. F. partait en guerre, non contre
la Ligue patriotique des Allemandes, mais contre les mollets des
Parisiennes...
En un manifeste solennel, la L. P. F. disait son fait à la robe
fendue...
Il paraît que la robe fendue compromet la défense nationale,
peut-être parce qu’elle dévoile certains secrets, bien que le mys-
tère des principaux bastions soit jalousement gardé. La L. P. F.
eût évidemment blâmé Jeanne d’Arc de porter une armure
d’homme : pensez-donc, la Pucelle montrait ses jambes!
Or, voici que des ligueuses poussent un nouveau cri d’alarme...
Cette fois, il s’agit des petites filles... Oui, les petites filles portent
des jupes trop courtes, des jupes qui — proh pudor ! — ne des-
cendent même pas jusqu’aux genoux!...
Je vous avoue que moi, qui ne fais pas partie de la Ligue pa-
triotique des Françaises, je n’ai jamais été scandalisé par la vue
de deux guibolles de gamine... Non, vraiment, cela ne me
trouble pas du tout.
Faut-il tout de même que j’en aie du vice!
Les adhérentes de la L. P. F. sont, en revanche, tellement
vertueuses, qu’à la vue d’une petite fille habillée un peu court,
elles pensent immédiatement à un tas de choses...
Il y a aussi nombre de vieux messieurs — le plus souvent très
conservateurs sinon très conservés •— qui s’intéressent aux
jambes des fillettes... Dans la rue, ils ne voient que cela, — et
dans leurs rêves aussi.
Ces vieux messieurs n’ont pas les mêmes raisons que ces
vieilles dames d’attacher tant d’importance à si peu de chose...
Mais cela ne fait rien, je trouve que la vraie vertu ne doit pas
être si inquiète, si susceptible, si vite scandalisée.
Les bons Français et les bonnes Françaises ne se soucient pas
des jambes des petites filles... Ils ne pensent pas à mal, ils ne
soupçonnent même pas qu’on puisse regarder avec une arrière-
pensée libidineuse ou pudibonde (cela se ressemble) une fillette
qui, les guibolles nues, court innocemment après son cerceau...
*
* *
D’une façon générale, méfions-nous des rigoristes...
Voyez ce Raspoutine, ce père Joseph de la cour de Russie, qui
jouait auprès du tsar le rôle d’un conseiller éclairé par les lu-
mières d’en haut...
— Raspoutine? C’est un saint! disait-on à Saint-Pétersbourg.
Tu parles!...
Cet étrange personnage vient d’ètre grièvement blessé par une
femme qu’il voulait séduire en cinq secs. Raspoutine avait l’habi-
tude de promettre à ses « sujettes » le ciel pour tout de suite : il
leur suffisait de se laisser faire.
Toutes sortes d’histoires circulent maintenant sur le compte de
Raspoutine, sorte de pope à la fois mystique et sensuel qui avait
une drôle de façon de faire pénétrer les saintes vérités dans les
âmes féminines.
Un jour, le saint homme reçut la visite de cinq dames de la
cour qui venaient le prier de leur indiquer le meilleur moyen de
faire leur salut.
— C’est très simple, leur dit-il : je vais vous faire subir une
épreuve qui vous sanctifiera.
— Mon père, nous vous écoutons.
— Déshabillez-vous !
— Mais...
— Toutes nues, vous entendez, toutes nues ! C’est Dieu qui
l’exige par ma voix...
Comment ne pas obéir à l’ordre de Dieu ?
Les cinq dames se mirent donc dans le plus simple appareil.
— Maintenant, dit Raspoutine, essuyez-moi les pieds avec vos
cheveux...
Les cinq Grâces satisfirent ce caprice et aussi quelques autres...
Après quoi, un peu fatigué, Raspoutine les autorisa à se rha-
biller.
Ce n’est pas que je tienne beaucoup à ce que des femmes nues
me chatouillent la plante des pieds avec leurs cheveux, mais je
— Lequel des deux est le pied de guerre ?
LE RIRE DE LA SEMAINE
J’ai un infini respect pour la Ligue patriotique des Françaises,
mais je me demande si elle a raison de croire que le patriotisme
d’une femme ne va pas plus haut que le genou...
Pour ma part, je prétends qu’une jolie jambe de Française est
patriotique à tous les échelons, même les plus élevés.
Il y a quelques mois, la L. P. F. partait en guerre, non contre
la Ligue patriotique des Allemandes, mais contre les mollets des
Parisiennes...
En un manifeste solennel, la L. P. F. disait son fait à la robe
fendue...
Il paraît que la robe fendue compromet la défense nationale,
peut-être parce qu’elle dévoile certains secrets, bien que le mys-
tère des principaux bastions soit jalousement gardé. La L. P. F.
eût évidemment blâmé Jeanne d’Arc de porter une armure
d’homme : pensez-donc, la Pucelle montrait ses jambes!
Or, voici que des ligueuses poussent un nouveau cri d’alarme...
Cette fois, il s’agit des petites filles... Oui, les petites filles portent
des jupes trop courtes, des jupes qui — proh pudor ! — ne des-
cendent même pas jusqu’aux genoux!...
Je vous avoue que moi, qui ne fais pas partie de la Ligue pa-
triotique des Françaises, je n’ai jamais été scandalisé par la vue
de deux guibolles de gamine... Non, vraiment, cela ne me
trouble pas du tout.
Faut-il tout de même que j’en aie du vice!
Les adhérentes de la L. P. F. sont, en revanche, tellement
vertueuses, qu’à la vue d’une petite fille habillée un peu court,
elles pensent immédiatement à un tas de choses...
Il y a aussi nombre de vieux messieurs — le plus souvent très
conservateurs sinon très conservés •— qui s’intéressent aux
jambes des fillettes... Dans la rue, ils ne voient que cela, — et
dans leurs rêves aussi.
Ces vieux messieurs n’ont pas les mêmes raisons que ces
vieilles dames d’attacher tant d’importance à si peu de chose...
Mais cela ne fait rien, je trouve que la vraie vertu ne doit pas
être si inquiète, si susceptible, si vite scandalisée.
Les bons Français et les bonnes Françaises ne se soucient pas
des jambes des petites filles... Ils ne pensent pas à mal, ils ne
soupçonnent même pas qu’on puisse regarder avec une arrière-
pensée libidineuse ou pudibonde (cela se ressemble) une fillette
qui, les guibolles nues, court innocemment après son cerceau...
*
* *
D’une façon générale, méfions-nous des rigoristes...
Voyez ce Raspoutine, ce père Joseph de la cour de Russie, qui
jouait auprès du tsar le rôle d’un conseiller éclairé par les lu-
mières d’en haut...
— Raspoutine? C’est un saint! disait-on à Saint-Pétersbourg.
Tu parles!...
Cet étrange personnage vient d’ètre grièvement blessé par une
femme qu’il voulait séduire en cinq secs. Raspoutine avait l’habi-
tude de promettre à ses « sujettes » le ciel pour tout de suite : il
leur suffisait de se laisser faire.
Toutes sortes d’histoires circulent maintenant sur le compte de
Raspoutine, sorte de pope à la fois mystique et sensuel qui avait
une drôle de façon de faire pénétrer les saintes vérités dans les
âmes féminines.
Un jour, le saint homme reçut la visite de cinq dames de la
cour qui venaient le prier de leur indiquer le meilleur moyen de
faire leur salut.
— C’est très simple, leur dit-il : je vais vous faire subir une
épreuve qui vous sanctifiera.
— Mon père, nous vous écoutons.
— Déshabillez-vous !
— Mais...
— Toutes nues, vous entendez, toutes nues ! C’est Dieu qui
l’exige par ma voix...
Comment ne pas obéir à l’ordre de Dieu ?
Les cinq dames se mirent donc dans le plus simple appareil.
— Maintenant, dit Raspoutine, essuyez-moi les pieds avec vos
cheveux...
Les cinq Grâces satisfirent ce caprice et aussi quelques autres...
Après quoi, un peu fatigué, Raspoutine les autorisa à se rha-
biller.
Ce n’est pas que je tienne beaucoup à ce que des femmes nues
me chatouillent la plante des pieds avec leurs cheveux, mais je