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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0020
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participeraient à la défense de ces barricades : en tout cas, il
serait prudent, pour le succès de la révolution, de ne pas donner
le signal de la lutte un jour d’exposition au Bon Marcheur ou
aux Galeries Farfouillettes.

Pareille coïncidence pourrait être désastreuse pour la croisade
féministe !

* * * Où est le chameau?

Le Cochon qui sommeille.

Qu’est-ce que cette ménagerie ? Tout simplement une partie
du « programme des spectacles ».

Des cochons et des chameaux, serait-ce donc le théâtre aujour-
d'hui?

Beau prétexte à commentaires dans le styte de Caton!

Mais je lis ceci :

« Les auteurs ne font plus de bonnes pièces parce qu’ils ne
sont pas assurés d’en faire beaucoup d’argent. Comment veut-
on qu’ils méditent, veillent, se condamnent au travail et à la
gêne, quand il suffit de déshabiller autant que possible la pre-
mière Mademoiselle venue pour toucher cent mille francs de
droits d’auteur? »

De qui sont ces lignes?

De Louis Veuillot, dans les Odeurs de Paris.

En 18G6, on conspuait déjà le théâtre à petites femmes court
vêtues... Il y a donc plus d’un demi-siècle — au moins — qu’on
nous dit :

— Le théâtre d’idées est battu en brèche par le théâtre qui
nous donne des idées...

Oui, et cela n’y change rien!

Que voulez-vous, nous sommes frivoles, nous avons du vice
et les jambes de Spinelly nous tournent la tête... C’est en vain
que les moralistes chercheront à nous ramener dans le bon
chemin, qui n’est même plus celui de l’Odéon, car l’Odéon
devient un théâtre à petites femmes, lui aussi... Nous préférons
le chameau et nous aimons qu’on émoustille notre petit cochon.

Aussi bien, les moralistes eux-mêmes vont passer leur soirée

— Hé ! là ! les « Spartaciens » ! Gardez vos insignes! Je n’en suis pas,
de mon groupe, et n’ai jamais passé pour. Boche !

— Il me semble que j’entends — Enfin ! on va revoir des cartes

parler de mobilisation des vieilles pour tout de bon, des cartes inté-
classes et du service des « deux ressantes..., les cartes de pesage.
ans ”• Dessins de L. Métivet.

dans ces théâtres où la bagatelle passe pour ce qu'elle est,
c’est-à-dire la chose la plus importante de la vie. Caton va chez
les catins, Alceste trouve, devant la belle Flora, que l’humanité
n’est pas si mal faite et, somme toute, en dépit de ces défec-
tions, notre vertu vaut bien celle de nos pères.

De tout temps, des censeurs ont accusé leurs contemporains
et même leurs contemporaines de manquer de tenue... Et
après? Quels pécheurs et quelles pécheresses ont-ils convain-
cus? Et, bien qu’ils prêchent dans le désert, ont-ils jamais con-
verti un seul chameau?

Rien n’y fait... Depuis que nous avons croqué le fruit défendu,
encore que cela nous ait coûté cher, nous raffolons des pommes.
Mais nous nous en cachons moins que nos prédécesseurs.

Et c’est peut-être en cela que nous méritons quelque indul-
gence.

* * * La presse, comme le théâtre, fait preuve d’une activité
étonnante; jamais tant de feuilles nouvelles n’ont poussé, en
plein hiver, à Paris!

Qui n’a pas son journal?

C’est une véritable débauche de papier imprimé... Comment
concilier cette exubérance avec le propos que répètent tous les
journalistes :

— Nous ne pouvons plus rien dire.

Zuze un peu s’ils pouvaient dire quelque chose !

Il n’est pas un gros profiteur de guerre qui ne se mette en tête
de devenir directeur de gazette et de donner son avis sur la
Société des Nations, la peinture de Van Dongen, la reprise dès
courses ou l’incident Pierre Wolff — Max Maurey — Dalimier.

De quel droit ce bonhomme veut-il régir l’opinion publique?

Mais un multimillionnaire n’a-t-il pas tous les droits, tous les
talents, tous les mérites?

Si ces nouveaux venus dans la presse avaient quelque fran-
chise, ils baptiseraient leurs canards de titres qui rappelleraient
les origines de leurs millions. Nous aurions ainsi la Grenade,
la Teinture diode, la Boîte de singe, le Rondin, la Jambe de
bois... Après tous, ces titres en vaudraient bien d’autres et nous
saurions tout de suite d’où vient l’argent.

Mais non, ces nababs de la guerre ne veulent pas avouer...
Non contents d’être Crésus, ils veulent devenir Mécènes : ils
fondaient des canons et les voilà qui fondent des journaux; ils
fabriquaient des conserves et les voilà qui deviennent publi-
cistes conservateurs; ils vendaient du cuir et les voilà qui se
mettent à écrire...

Au fait, pourquoi n’en serait-il pas ainsi? Nous serions bien
naïfs de marquer le moindre étonnement. Et nous verrons de
plus en plus ces profiteurs de la guerre se transformer en pro-
fiteurs de la. paix. Pick-me-up.
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