Le rire: journal humoristique (25.1919)

SNOBISME

LE DÉFÉRÉ EST MEFIANT

— T’as vu, mon vieux : on n’ira pas en Russie, on laisse les bolche-
viks tranquilles.

— Pourvu qu’ils nous en fassent autant? Dessin de Bouet.

brisé. Finalement il s’était décidé pour une odelette qui com-
mençait ainsi :

Glisse, glisse, ma douce yole,

Sur les flots au gré des moussons,

Et qu'à la rude voix d'Eole
Répondent les claires chansons,

Les claires chansons de ma yole.

Mais midi venait de sonner au cadran de son estomac. Il se
rendit aussitôt dans une petite brasserie qui, sous le nom de
« Closerie-Déjeuners », servait à la fois de restaurant et de
cénacle à quelques artistes en lettres, en peinture et surtout
en herbe.

A une table voisine, le poète s’assit et, ayant commandé une
escalope aux épinards, écouta leur conversation. A des aperçus
philosophiques d’une incommensurable profondeur succédaient
d’impressionnantes considérations sur la hausse du blanchissage.
Tout à coup le tympan du poète fut frappé par cette phrase :

— Vous les trouvez pas assez chic... C’est pourtant ce qui se fait
de mieux, avec un œil au fond...

— J’en voudrais un avec un monocle. Dessin de J.-J. Rodssau.

— Laisse-moi donc tranquille avec ton Paul Bourget! D’abord,
c’est un juif.

— Tu veux rire?...

— Du tout! Tous les gens qui portent un nom de ville sont de
confession israélite, chacun sait ça. En veux-tu des exemples?
Tiens, dans la littérature tu as Henry Bordeaux, Michel Provins,
Elemir Bourges...

— Et à la Chambre donc, appuya un artiste-peintre, n’avons-

Attt

Dessin de Bec an.

LA PERMISSION

— Au revoir les gars! Je vous rapporterai du
bon tabac et de l’excellent papier Zig-Zag ! ! !

Dessin de MANFREniiNi.