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Le rire: journal humoristique — 25.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0035
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"N

LA SOCIÉTÉ DES NATIONS

— Je vous amène nos frères d’Allemagne et de Russie.

— Non, merci ; voyez ce qu’ils portent : ce ne sont pas des extincteurs, ce sont des lance-flammes.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Nous avons lu bien des ordres du jour héroïques, sublimes...
C’est même à l’un d’eux — celui de la Marne — que le maréchal
Joffre doit d’être académicien.

Mais le style épique n’est pas toujours de rigueur et, mainte-
nant que la guerre est finie, la littérature militaire peut bien
verser dans la l'antaisie et l’humour.

J’àime assez cet ordre du jour signé du chef de bataillon
commandant le 2e bataillon du ...e régiment de marche de
tirailleurs, glorieuse unité actuellement sur les bords du Rhin :

« Le chef de bataillon ne devrait pas être obligé de rappeler
à des Français que l’on ne festoie pas avec les Allemands ou
les Allemandes. Agir ainsi, c’est perdre le sens de la dignité
française. Aucun rapport ne doit exister entre les Français et
les Allemands les seuls rapports qui peuvent exister entre les
Français et les Allemandes doivent être des rapports sexuels
qu'il faut multiplier le plus possible. »

« ... Des rapports sexuels qu’il faut multiplier le plus possible »,
voilà qui est parler.

Le fameux général Poilloüe de Saint-Mars n’eût certes pas
mieux dit!

Le ...° régiment de marche de tirailleurs’est un régiment
d’attaque : parions qu’il ne se fait pas prier pour marcher.

Pareille façon d’occuper les bords du Rhin ne doit pas déplaire
à nombre de ces Allemandes qui, en d’autres temps, nous
versaient déjà le « petit vin blanc » d’Alfred de Musset.

Inutile de dire que tous ces braves tirailleurs font honneur à
leur commandant : ils vont à l’attaque avec une belle ardeur et
quand ils ont pris une position, ils la gardent, —- à moins qu’ils
n’en choisissent une meilleure. '

Mais supposez que, par malheur, l’un de ces poilus se voie,
tout à coup, dans l'impossibilité de prendre la position du tireur
debout, à genoux ou couché... On a beau avoir la fourragère
tricolore, il peut arriver qu’on ne soit pas en train I

Quelle humiliation! Songez donc, en pays ennemi!...

Un colonel- avait prévu, en temps de paix, ces faiblesses
fâcheuses pour l’honneur du régiment et, afin d’en atténuer
l’effet, il avait donné cette consigne à ses officiers :

— Messieurs, il peut vous arriver d’ètre pris de court au

moment où une dame, s’étant rendue, veut cependant que vous
la preniez d’assaut... C’est très désagréable pour elle, c’est très
gênant pour vous, — et pour le drapeau c’est une sale histoire.
Aussi, messieurs, je vous prie de sauvegarder la dignité de
l’armée française en disant à la personne qui,vous voit dans ce
triste état :

« — Madame, je ne suis pas Français... Je fais simplement un
stage au titre étranger dans le régiment dont je porte l’uniforme.

« Vous lui expliquerez que vous êtes Hollandais, Suédois,
Espagnol, Brésilien, enfin ce que vous voudrez. Et ainsi,
l’honneur du nom français ne sera pas atteint par une attitude
incompatib'e avec la rigidité de nos principes. »

Les officiers promirent d’user, le cas échéant, de ce stratagème
ingénieux et le colonel, rassuré, se déclara satisfait.

Mais à quelques semaines de là, sa femme lui dit, d’un petit
air ingénu :

— Dis donc, mon ami?

— Quoi donc, ma chérie?

— Il est drôlement composé, ton régiment.

— Mon régiment?

— Oui, tous tes officiers sont étrangers... Il n’y en a pas un
qui ne soit Brésilien, Espagnol, Suédois ou Hollandais. Tu
avoueras que c’est plutôt curieux!

* * * Cette histoire, — qui attente d'autant moins au prestige
de notre glorieuse armée qu’elle est complètement lausse, — ne
pourrait être transformée en pièce pour le Théâtre-Français.

En effet, au Théâtre-Français, les officiers supérieurs et a
fortiori les généraux ne peuvent pas être l’objet des plus inno-
centes plaisanteries.

Dans le Monde où l'on s'ennuie, paraît un général qui, ayant
échappé à un terrible auteur qui lit une tragédie, s’écrie :

— Il y a pn beau vers!

Ce général est comique, mais pas ridicule du tout.

Eh bien! cela ne fait rien, M. b mile Fabre l’a remplacé par un
sénateur...

— Les sénateurs, a-t-il dit, peuvent faire rire le public... Les
généraux, ce n’est plus possible!

Les généraux sauront peut-être beaucoup de gréàM. Emile Fabre
de cette marque de respect, mais que diront les sénateurs?

Il est vrai que les sénateurs ont l’habitude de servir de
joyeux fantoches à nos auteurs dramatiques. Souvenez-vous du
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