Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire: journal humoristique — 25.1919

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.28149#0036
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
sénateur Labosse ! Cela n’empêche que M. Emile Fabre risque
de se metlre’à dos nos vénérables, lesquels, pour n’ètre que des
pères-conscrits, ne s’en croient pas moins des personnages au
moins aussi considérables que les généraux.

Vous verrez qu'un de ces soirs, le sénateur du Monde où Von
s'ennuie deviendra un simple membre de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres!

Cette docte Compagnie ne se plaindra pas... Quant à Pailleron,
il ne dira rien non plus, — et pour cause !

* * * Mais d’autres incidents se produisent dans la maison
de Molière et ils sont infiniment plus graves.

Les pensionnaires du Théâtre-Français sont tout bonnement
en train de se syndiquer, ils lèvent le drapeau de la révolte ;
pour un peu, ils deviendraient bolchevistes.

Et pourquoi ?

Parce qu’ils ne gagnent pas leur vie...

Il y a des pensionnairés de la Comédie-Française qui n’ont que
200 francs par mois pour tout potage, — c’est vous dire si c’est
un potage maigre!

Vous, me direz :

— Ils ont des à-côté... Souvenez-vous de Wanda de Boncza
qui ne gagnait, elle aussi, que dix louis par mois et qui a laissé
pour deux millions de bijoux.

C’est vrai pour quelques-unes de ces dames ou de ces demoi-
selles, — pas pour toutes, — mais les hommes- n’ont pas à
compter sur le casuel de l’amour (pas* tous, du moins) Et dame,
ils ne peuvent se contenter des poulets en carton que M. Emile
Fabre leur fait servir dans les pièces où l’on mange.

Les esprits sont très montés au Théâtre-Français : on pourrait
bien y jouer, un jour ou l’autre, non pas la Grève des forgerons
mais la Grève des pensionnaires...

Voyons, est-il convenable que les comédiennes ordinaires de
la République soient encouragées par l’Etat lui-mème à « faire
la noce » ? Or, c’est exciter une femme à la débauche que de la
payer 200 francs par mois quand on exige qu’elle soit bien
chaussée.

— On nous met, disait naïvemeut une charmante pension-
naire, à la portion congrue... C’est dégoûtant!

Pauvres professions libérales! Elles nourrissent de moins en
moins leur homme ou leur femme... Mais le public s’en soucie

— Comme la Seine est noire !

— Ce sont nos stocks de « tout venant •» qui partent.

—i Fichue recette ! On me charge de rapporter un milliard, et il me
manque neuf cent millions ! Dessins de L. Metivï.t.

peu : il ne croit pas à la misère des artistes, il ne connaît pas
l’envers du théâtre, l’envers de la presse, l’envers de ces noto-
riétés en toc, de ces succès en simili. Hélas ! tout ce qui brille
n’est pas or... Ce n’est même pas toujours du doublé!

* D’autres pensionnaires sont également dans le marasme...
Ce sont ceux qui jouent sur la scène du Palais-Bourbon.

Ces malheureux se lamenfent :

— Serons-nous rengagés ?

Vous croyez peut-être qu’à la Chambre, les députés discutent
entre eux de la démobilisation, de la taxe sur le luxe ou de la
reconstitution de notre flotte commerciale... Erreur! Ils ne
parlent que des prochaines élections.

Le voilà, pour eux, l’a? de la paix!

Un gouvernement qui durerait longtemps serait celui, qui dirait:

— Les élections sont renvoyées sine die.

Ce sine die ne ferait bondir personne ; jamais sursis ne serait
pareillement approuvé.

Mais, helas ! l’échéance approche... Dans quelques mois, il
faudra se lancer dans la bataille électorale et cela au moment
même où il serait si agréable de jouir des douceurs de la paix!

Nombre de députés redoutent surtout le concurrent mutilé,
décoré, couvert de brisques et de palmes, qui dira, simplement:

— Mes blessures parlent pour moi !...

Mais déjà un député de ma connaissance m'adonné un aperçu
de sa réponse :

— Moi, dira-t-il aux électeurs, je n'ai pas fui au front... je
suis resté parmi vous ou à Paris pour remplir mon devoir de
représentant. Tandis que mon honorable contradicteur se con-
tentait de combattre les Boches, moi, citoyens, j’apostillais vos
demandes de sursis, je surveillais votre ravitaillement, je vous
embusquais, je défendais vos intérêts. Mon rôle était ingrat,
difficile, sans gloire, mais c’est pour que je le joue de mon
mieux que vous m’avez élu. Ce n’est pas dans la tranchée que
vous m’avez envoyé, c’est au Palais-Bourbon ! Je ne vous ai pas
lâchement abandonnés pour aller me battie comme je l’aurais
fait si je m’étais écouté. Courageusement, je suis resté à mon
poste... Vous m’y maintiendrez, j’en suis sûr. Et si mon adver-
saire a cinq palmes, moi, je vous en promets cent dans la pro-
chaine promotion académique !

Et le parlementaire d’ajouter :

— Vous verrez, en parlant ainsi, je me ferai acclamer ®t je
serai réélu !

Entre nous, cela ne me surprendrait pas...

J’ai entendu un solliciteur qui, dans la salle des pas perdus,
à la Chambre, s’exclamait :

— Impossible de trouver mon député... Il est toujours au

front ; c’est scandaleux ! Pick-me-up.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen